[INFOGRAPHIE] Après une première incursion historique en territoire négatif le 18 juin dernier, l'OAT français à 10 ans est de nouveau sous les 0% depuis le 28 juin.
Être rémunéré pour s'endetter ferait rêver n'importe quel emprunteur. Depuis quelques jours, c'est la situation dans laquelle se trouve l'Etat français. Le taux de l'OAT à 10 ans est en effet passé sous les 0% le 28 juin dernier après une première et courte incursion historique le 18 juin.
Le 1er juillet, son taux s'affichait ainsi à -0,005%. Cette situation fait suite aux déclarations qui ont suivi le discours de Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne (BCE) à Sintra à la mi-juin. Ce dernier avait évoqué la relance d'une politique de quantitative easing visant à inonder les marchés de liquidités. L'objectif est de faire remonter l'inflation dans la zone euro à 2%.
Cette politique a été applaudie par plusieurs personnalités en Europe et notamment plusieurs membres du conseil des gouverneurs de la BCE comme Klass Knot, gouverneur de la banque centrale néerlandaise. « Lorsque l'inflation dévie de l'objectif pendant une période prolongée, les banques centrales ne doivent laisser subsister aucun doute sur leur engagement absolu d'atteindre son objectif sur le moyen terme... et il est incontestable que l'inflation reste trop basse », a-t-il déclaré lors d'un discours prononcé le 1er juillet à Helsinki.
Invité sur le plateau de Cnews le 12 juin dernier, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France rappelait lui aussi les objectifs de la Banque centrale : « Notre mission c’est la stabilité des prix, qui contribue au pouvoir d’achat. Notre mission est limitée, mais nous rendons des comptes là-dessus, c'est très important : nous sommes indépendants pour assurer cette mission-là. Donc tant qu'on n'est pas à cette cible d'inflation à 2%, nous devons maintenir une politique monétaire active, accommodante : cela veut dire des taux d'intérêt bas et des liquidités abondantes. Et nous pouvons maintenir ces conditions aussi longtemps que nécessaire, je vous le dis très clairement ».
Le spectre d'une crise obligataire
Si les taux bas sont une bonne nouvelle pour les particuliers, les taux d'intérêt des crédits bancaires suivant l'évolution de celui de l'OAT à 10 ans, pour les assureurs, la gestion d'actifs se complique. Dans le cadre de Solvabilité 2, le charge en capital pour les obligations souveraines est nettement moins gourmande en fonds propres que pour les placements en action, malgré les assouplissements récents accordés lors de la revoyure de la directive au début de l'année.
Les assureurs détiennent par conséquent quelque 19% de la dette française, soit 325,2Mds d'euros, selon les chiffres de la FFA publiés au mois de pars dernier. Certes, ils bénéficient de poches obligataires anciennes, plus rémunératrices, « mais elles ne sont pas illimitées », comme le rappelle Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures.
Un autre risque, moins prégnant, mais à prendre en compte, est celui d'une remontée brutale des taux. « En cas de remontée brutale, ce serait la crise obligataire. Plus on flirte avec les 0%, plus la hausse risque d'être abrupte », alerte un observateur avisé.
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