Indicateur : L'OAT plonge en territoire négatif
Pour la première fois de son histoire, l'OAT à 10 ans français est tombé en territoire négatif. De quoi compliquer la gestion quotidienne des assureurs.
Dans la foulée des annonces de Mario Draghi, le taux de l'OAT à 10 ans français a décroché pour passer en territoire négatif pour la première fois de son histoire. Depuis Sintra, au Portugal, le président de la Banque centrale européenne (BCE) a en effet évoqué la possibilité d'une nouvelle baisse des taux et d'une relance de la politique de quantitative easing qui consiste à inonder le marché de liquidités par l'achat d'actifs.
Lundi soir, l'OAT à 10 ans cotait ainsi à -0,002%, avant de remonter légèrement à 0% ce mardi 18 juin. « Nous sommes dans un scénario à la japonaise, estime Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures. Les États européens sont tellement endettés qu'emprunter à taux nul ou négatif est une option particulièrement intéressante pour eux ». L’État emprunte ainsi gratuitement en cas de taux nul.
En revanche, du côté des assureurs, ce n'est pas une excellente nouvelle. La crise boursière du dernier trimestre 2018 a dynamisé la collecte sur les fonds euros qui atteint à nouveau des sommets depuis le début de l'année 2019. « Le prolongement de cette situation pourrait sérieusement compliquer la gestion quotidienne des assureurs, et pas seulement des assureurs vie, s'inquiète un observateur. Pour l'heure, ils bénéficient, dans la grande majorité des cas, de poches obligataires anciennes mieux rémunérées, mais elles ne sont pas illimitées ».
Et ce d'autant plus que la stabilité du marché européen en général, et français en particulier, incite des pays comme la Chine à investir dans de la dette souveraine quand bien même elle ne serait pas rémunératrice, repoussant le scénario d'une remontée durable des taux.
Une action sur les taux servis en 2020 ?
Ce scénario demeure toutefois sur la table. « En cas de remontée brutale, ce serait la crise obligataire. Plus on flirte avec les 0%, plus la hausse risque d'être abrupte », alerte notre observateur.
Mais pour l'heure, la tendance du côté de la BCE semble plutôt à maintenir la situation actuelle pour les prochains mois. « Je n'imagine pas de remontée brutale, en tout cas pas immédiatement, et les assureurs vie vont devoir réagir sur la rémunération de leurs contrats en euros. Après une stabilité sur les taux moyens servis par le marché, on peut tout à fait envisager une baisse de 0,40 point de base lors des prochaines annonces. Il est difficile de rémunérer quand soi-même on ne l'est pas », anticipe le président de Facts & Figures.
Reste alors l'option de la diversification des portefeuilles d'actifs. Mais là encore, le sujet est complexe, car les contraintes imposées par Solvabilité 2 sur les actions en termes de fonds propres sont beaucoup plus fortes que pour les investissements en dette souveraine, et ce, malgré les ajustements obtenus lors de la dernière revoyure. L'enjeu des prochaines négociations sur Solvabilité 2, qui doivent aboutir en 2020, prend alors une toute autre dimension.
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