Inspeer : Rectifier le tir pour rebondir ?

La start-up lançait en 2015 une assurance collaborative qui permettait de mutualiser la franchise. Elle a complètement revu sa stratégie et surfe maintenant sur la vague du véhicule électrique, accompagnée par Generali.

L’histoire d’Inspeer est emblématique de cette capacité qu’ont les jeunes pousses de se repositionner. Lancée en 2015, Inspeer proposait une assurance collaborative qui permettait aux assurés de mutualiser les franchises en assurance dommages. Le produit n’a pas rencontré de succès commercial. Interrogé sur les raisons de cet échec, Louis de Broglie, co-fondateur d’Inspeer explique que « le produit était trop complexe car on demandait aux gens de créer leur propre réseau assurantiel. De plus, la communauté friends and family n’était pas forcément adaptée aux problèmes d’assurance ». Inspeer s’est rendu compte que le produit s’adressait aux gens à faibles revenus qui avaient des difficultés pour payer les franchises, un public pas forcément très intéressé par l’innovation et l’optimisation de leurs assurances.

Le secteur de l’assurance a suivi avec grand intérêt les débuts d’Inspeer car le produit était très innovant. « Nous avons rencontré beaucoup d’assureurs mais nous n’avons pas trouvé la manière de brancher cette solution sur des portefeuilles assurantiels existants », regrette Louis de Broglie.

Tant bien que mal, Inspeer est parvenu à convaincre la Maif de démarrer une phase test. « Les résultats terrain n’ont pas été satisfaisants, avec très peu d’adhésion de la part des assurés », admet le CEO d’Inspeer.

Dès fin 2015, Inspeer a donc abandonné l’idée de la franchise et s’est concentré sur l’aspect collaboratif de l’assurance en cherchant la bonne communauté et le bon partenaire. « En 2016, nous avons passé beaucoup de temps à discuter avec l’Autorité de contrôle. L’ACPR a mis 7 mois pour analyser notre schéma d’assurance collaborative pour finalement nous dire que l’on ne pouvait pas créer un fonds collaboratif en dehors d’une compagnie d’assurance », affirme L. de Broglie.

Cap sur le véhicule électrique

Comme les conducteurs à faibles revenus ne semblaient pas mûrs pour l’assurance collaborative, Inspeer a ciblé les propriétaires de véhicule électrique, une communauté de 100.000 conducteurs en France. La start-up a soumis le projet à dix grands assureurs. « Nous étions en co-construction du produit avec un assureur depuis plusieurs mois mais il a décidé de distribuer le produit par lui-même et de nous réduire à une portion congrue sur la chaîne de valeur. Nous avons dû trouver un autre partenaire afin de pouvoir jouer pleinement notre rôle de courtier » , reporte-t-il à demi-mot. « Pour moi, un bon partenariat est basé sur le partage de la valeur et certaines entreprises ne sont pas prêtes à partager la valeur », considère le patron d’Inspeer. Finalement, Inspeer a lancé en juillet dernier une assurance auto collaborative pour les conducteurs de véhicule électrique en partenariat avec Generali. « Les relations avec L’Equité Generali ont été très fluides et respectueuses et nous avons réussi à lancer un produit innovant en seulement six mois », se félicité L. de Broglie.

La start-up, composée aujourd’hui de 4 personnes, souhaite ouvrir le sillon du véhicule électrique dans un premier temps et lancer d’autres produits sur d’autres segments rapidement, toujours en assurance collaborative. Jusqu’à ce qu’elle découvre un marché plus porteur ?