Interview d'Elise Ginioux, Présidente de The Human Safety Net en France : « Nous sommes convaincus que l’inclusion économique est un levier clé pour l’intégration et qu’elle amène de la création de valeur pour tous »
- Quel bilan tirez-vous de 2023 et de ce début d’année 2024 ?
Concernant le programme « Familles », deux nouvelles Maisons des familles ont ouvert leurs portes à Marseille et Nantes et le Global Challenge a une nouvelle fois dépassé ses objectifs en permettant la collecte de 80 000 euros. Cela va nous permettre d’organiser des sorties à la journée pour plus de 1 500 enfants. Ces moments sont indispensables dans le développement social des enfants. En plus de leur offrir un moment de partage et de respiration en famille, ils les aident à développer le sentiment d’appartenance à la communauté en leur permettant d’avoir des loisirs comme les autres enfants.
Pour le programme « Réfugiés », nous ouvrons cinq nouveaux incubateurs à Bordeaux, Nantes, Lille, Marseille, Lyon, qui permettront d’accompagner les entrepreneurs dans la création de leur activité. Nous allons également élargir notre champ d’actions à l’insertion par l’emploi.
- Justement, quels sont les principaux freins auxquels sont confrontés les personnes réfugiées sur le marché de l’emploi ?
Les barrières sont multiples : la langue, les démarches administratives complexes et la reconnaissance difficile de leurs qualifications, qui les poussent souvent à accepter des emplois peu qualifiés.
Contrairement à certaines idées reçues sur l’asile, de nombreux réfugiés accueillis en France sont en effet hautement qualifiés : un quart d’entre eux sont par exemple diplômés de l’enseignement supérieur et près d’un sur deux étaient indépendants dans leur pays. On estime qu’une personne réfugiée met en moyenne 10 ans à retrouver son niveau de vie initial. C’est pour lutter contre ce déclassement professionnel et accélérer leur intégration au bénéfice de tous que la Fondation a décidé de s’engager.
- Quels dispositifs avez-vous mis en place pour accompagner les réfugiés vers l’employabilité ?
Nous travaillons avec quatre partenaires spécialisés sur le sujet : Each one, Kodiko, Duo for a job et Tent. Les personnes accueillies bénéficient, selon les cursus proposés de dispositifs d’accompagnement qui combinent des cours de langues, des temps collectifs et un accompagnement individuel Tent et Duo for a job sont eux centrées sur le mentorat.
Chaque personne est accompagnée par un mentor issu des équipes de Generali. Ces mentors jouent un rôle-clé en permettant aux réfugiés de se recréer un réseau social et professionnel et en facilitant leur compréhension de leur nouvel environnement culturel, social, linguistique.
Du côté des mentors, c’est également une expérience enrichissante sur le plan humain comme sur le développement de certaines compétences (capacité d’adaptation, agilité..). Nous encourageons vivement les collaborateurs Generali à s’engager dans cette voie.
Les femmes sont 55 % à être inscrites au chômage, contre 33 % des hommes réfugiés, alors même qu’elles sont en moyennes plus diplômées que ces derniers. Elles sont confrontées à des freins additionnels : des parcours d’exil encore plus compliqués avec des violences psychologiques et physiques, des enfants et des familles à charge, des biais culturels… Les dispositifs d’accompagnement (hébergement, soutien, retour à l’emploi…) sont encore peu adaptés aux femmes et cela explique qu’elles aient encore plus de difficultés à accéder à l’emploi et à l’autonomie financière.
Lors du Forum mondial sur les réfugiés 2023 organisé par l’UNHCR, THSN France a réaffirmé son objectif : porter à 40 % la part des femmes réfugiées accompagnées au sein de ses incubateurs et à 50 % pour celles accompagnées dans le cadre des programmes de soutien à l’employabilité. Pour cela, nous avons beaucoup tâtonné et ajusté pour proposer des soutiens adaptés, nouer des partenariats avec des crèches pour trouver des modes de garde, mieux nous faire connaître auprès des femmes…
Nous sommes convaincus que l’inclusion économique est un levier clé pour l’intégration et qu’elle amène de la création de valeur pour tous. Cela entre en résonance avec la façon dont Generali fait son métier d’assureur et avec nos valeurs, qui sont de tendre la main aux personnes confrontées à des difficultés et de les aider à rebondir.
Il est urgent de changer le regard et le narratif que notre société porte sur les réfugiés. Generali est engagé depuis 2017 sur ces questions et je constate que de plus en plus d’acteurs économiques ont pris conscience de l’enjeu et de l’impact positif que les réfugiés peuvent apporter dans les entreprises en termes de compétences, de motivation, de diversité. J’espère que ce mouvement continuera de prendre de l’ampleur.
Ils sont nombreux et ambitieux ! Nos objectifs d’ici à la fin de l’année sont d’atteindre un taux d’engagement de 25 % parmi nos collaborateurs et de parvenir à collecter 100 000 euros dans le cadre de notre Global challenge estival annuel qui consiste à collecter des fonds pour accompagner enfants et familles dans des moments de loisirs et vacances.
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