J. Ragas / C. Daleux : "Suisscourtage veut doubler de taille en 5 ans"
INTERVIEW – Courtier du sud-est de la France, le cabinet monégasque Suisscourtage poursuit son développement. Jérôme Ragas, directeur général et Christophe Daleux, directeur général adjoint font le point pour News Assurances Pro.
Sur quels marchés est aujourd’hui positionné Suisscourtage ?
Jérôme Ragas - Depuis ma prise de fonction il y presque 8 ans, nous avons redynamisé le cabinet en recrutant des experts sur des domaines d’activité pertinents. Suisscourtage est d’abord positionné sur la couverture des yachts et des super yachts avec près de 400 bateaux en portefeuille. Il est ensuite actif sur le marché de la construction, Monaco étant en perpétuel chantier avec de nombreux IMH. Enfin, le cabinet est positionné sur le marché de la santé et de la prévoyance collective, Suisscourtage étant spécialiste des régimes monégasques (CCSS et CCSP) et des accidents du travail en principauté. Cette dernière activité est d’ailleurs en croissance de 15 à 20% par an ces dernières années.
Christophe Daleux - Notre cabinet dispose également d’un pôle conseil en assurance-vie, notamment de droit luxembourgeois. Il s’agit de contrats avec un droit fiscal qui varie selon la nationalité de l’assuré avec une gestion spécifique. Cette activité nous permet de trouver pour nos clients une architecture de placement optimisée et une fiscalité adaptée.
Quels sont les résultats du cabinet et ses ambitions ?
JR – Suisscourtage a bouclé l’exercice 2021 avec un chiffre d’affaires de 20M d’euros, en croissance de plus de 15% sur un an. Aujourd’hui, 65% de ce chiffre d’affaires provient du risque de particuliers avec un large portefeuille de clients privés historiques. Les 35% restant, réalisés sur le risque d’entreprises (construction et collective), progressent d’années en années et nous visons à termes une répartition égale du CA entre ces deux segments.
CD – Nous exerçons principalement à Monaco mais nous sommes aussi actifs sur toutes les Alpes-Maritimes car près de 55.000 personnes viennent travailler quotidiennement en principauté. Pour ce faire, nous nous appuyons sur des entités juridiques distinctes puisque nous dépendons de la régulation de Monaco avec une autorisation spéciale délivrée à la fois par Direction de l'Expansion Économique monégasque et l’ACPR.
Sur le risque construction, avec quels types de porteurs de risques travaillez-vous ?
JR – Nous ne prenons aucun risque quant aux assureurs avec qui nous travaillons en assurance construction. Nos principaux partenaires sont aujourd’hui des compagnies comme Axa, Allianz ou encore SMA. Nous sommes également référencés comme courtier au Lloyd’s, ce qui nous permet en cas de difficultés sur le marché traditionnel de trouver d’autres solutions de couverture. J’ajoute que la principauté est située sur une zone sismique à risques ce qui nous pousse à choisir des assureurs solides, en capacité financières de faire face à ce type de sinistres.
CD – L’assurance décennale et ses exigences de provisionnement à la française sont peu pratiquées à Monaco. En principauté, le marché de la construction s’appuie plutôt sur des couvertures globale chantier « Type 50 », moins larges, mais qui fonctionnent historiquement très bien.
Comment accompagnez-vous vos clients à l’international ?
JR - Même si nous avons effectué les démarches auprès de la FCA pour avoir une habilitation pour opérer depuis le Royaume-Uni, nous sommes habitués à pratiquer le « passeporting » en Europe. Hors du vieux continent, nous opérons en LPS avec des partenaires locaux ou de grands acteurs comme Gallagher, Lockton ou WTW avec qui nous avons des partenariats en co-courtage.
Quid de votre politique de croissance externe ?
JR – Nous enregistrons un taux de croissance organique élevé depuis plusieurs exercices. Le fait d’évoluer à la fois à Monaco et en France nous permet il est vrai d’avoir davantage d’opportunités quant à de futures cibles mais nous préférons pour le moment renforcer nos équipes avec des experts dans plusieurs spécialités : en HBJO dans nos équipes parisiennes ou en HCR à Marseille par exemple.
CD – Je rappelle que notre actionnaire, le groupe Pastore, n‘a pas non plus besoin de se rapprocher d’un fonds d’investissement même s’il est souvent sollicité. Notre volonté est aujourd’hui de rester indépendant et seuls des rachats de portefeuilles pouvant renforcer nos niches feraient sens à l’avenir.
Quels sont aujourd’hui vos projets de développement ?
JR – Si l’on raisonne en termes d’expansion, nous avons déjà tenté l’expérience de nous implanter il y a quelques années au Luxembourg et en Suisse. Il était sans doute trop tôt mais nous ne nous interdisons pas d’y retourner à l’avenir via le rachat de structures qui nous ressemblent. In fine, Suisscourtage veut doubler de taille en 5 ans et atteindre les 40M d’euros de commission et les 300 salariés.
CD – Côté assurances collectives, notre première phase consistait à couvrir les entreprises monégasques, tous secteurs confondus et sans CCN. La phase suivante va consister à développer des solutions pour des secteurs qui font du sens pour Suisscourtage : salariés du bâtiment, salariés du management (syndics) ou franchises de maisons de retraites. Pour ce faire, nous nous appuyons sur notre propre centre de gestion qui traite aujourd’hui 50.000 échanges administratifs par an pour près de 10.000 bénéficiaires en santé / prévoyance.
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