Jean-Marc Simon : "Apivia Macif Mutuelle se porte bien"

INTERVIEW - Jean-Marc Simon, directeur général d’Apivia Macif Mutuelle, affirme que 2022 a été une année de croissance et de rentabilité retrouvée pour l’entité du groupe Aéma.

Comment s’est passée l’année 2022 pour Apivia Macif Mutuelle ?

Nous sommes au rendez-vous du plan stratégique Macif qui se termine fin 2023. L’année 2022 a été une année de croissance, sur la santé et la prévoyance individuelles. Cela vient conforter le dynamisme de nos réseaux et en priorité celui de la Macif. Un sociétaire Macif sur 5 est assuré par Apivia Macif Mutuelle en santé ou en prévoyance. En matière de rentabilité, nous avons rétabli nos fondamentaux techniques après une année 2021 marquée par une forte sinistralité. Après le contrechoc de la crise sanitaire et l’impact du 100% santé en 2021, nous devrions atteindre un ratio combiné plus proche de 100%, contre 104% l’an dernier.

Comment expliquez-vous cette amélioration ?

Plusieurs facteurs y ont contribué : une moindre consommation de soins, un effet tarifaire et la baisse de nos frais généraux de plus d’un point. Les synergies entre les différentes entités d’Aéma Groupe et le développement de la digitalisation de nos activités permettent d’améliorer notre productivité. Par ailleurs, l’effet de massification lié à la taille d’Aéma Groupe sur le réseau de soins et le tiers payant communs, ou encore sur les outils partagés pour lutter contre la fraude et les achats groupés, concourent à diminuer nos charges.

Comment est perçue à l’intérieur du groupe la performance d’AMM en comparaison avec les difficultés techniques et financières d’Aésio Mutuelle ?

Les points de départ et les modèles de nos deux maisons sont différents. Macif Mutualité et Apivia ont travaillé ensemble pendant 5 à 10 ans avant de créer Apivia Macif Mutuelle. Pour Aésio mutuelle, les premières années ont été consacrées au développement commercial. Il reste à structurer l’entreprise pour lui permettre de retrouver sa performance. Il faut aussi souligner que nous réalisons 90% de notre chiffre d’affaires en assurance individuelle tandis que la moitié de l’activité d’Aésio mutuelle est de l’assurance collective.

Avez-vous observé une augmentation des prestations sur le 100% santé en 2022 ?

Nous avons constaté un léger tassement. Nous pouvons en conclure que les prestations se stabilisent mais restent relativement élevées. Le panier 100% santé est utilisé par 2 adhérents sur 3 en dentaire, 1 sur 2 en audioprothèse et 1 sur 4 en optique. Du point de vue de l’adhérent, la réforme est une réussite sur le plan de l’accès aux soins et de la diminution du reste à charge, mais elle se traduit par une augmentation des prestations pour la mutuelle.

Allez-vous augmenter vos tarifs en 2023 ?

Nous avons réussi un retour à l’équilibre technique mais nous n’avons pas atteint notre cible. Nous allons poursuivre les ajustements tarifaires en 2023. Sur le marché individuel, les indexations moyennes sont de l’ordre de 5-6%. Nous allons être un peu en-dessous de cette moyenne, mais nous devons intégrer l’évolution des dépenses de santé. Nous n’avons jamais eu autant d’incertitude sur l’évolution des dépenses. C’est la première fois par exemple que l’on nous annonce un transfert de charges (dans le cadre du PLFSS) sans savoir ce qu’il y aura dedans. Par ailleurs, je pense que le secteur va subir les effets de l’inflation avec un décalage. Ainsi, dans le cadre des négociations conventionnelles en cours, les médecins et professionnels de santé vont vouloir répercuter les évolutions de l’inflation sur le tarif de leurs actes. Nous anticipons une évolution de 3 à 4% sur les dépenses de santé.

Comment se passe la commercialisation de votre nouvelle offre ?

La mise sur le marché de Macif Mutuelle Santé destinée aux sociétaires Macif est très satisfaisante. L’offre santé précédente lancée il y a 10 ans était vieillissante. La progressivité des garanties était moins visible du fait du 100% santé. La nouvelle offre est plus modulable que les précédentes, avec 12 combinaisons possibles et des niveaux de garantie avec un éventail plus large. Nous avons renforcé la possibilité de souscrire des options sur la pharmacie, les médecines douces, l’hospitalisation ambulatoire et les implants. La nouvelle offre plaît aux réseaux et répond aux besoins des sociétaires.

Quel bilan faites-vous du lancement ?

Les premiers chiffres sont encourageants. Alors que nous réalisons déjà 89.000 nouveaux contrats par an sur le réseau Macif, le niveau de production est 10% plus élevé, sur les 5 premières semaines de lancement. Au-delà de cet effet volume, nous avons un panel de souscription plus équilibré entre les différents niveaux de garantie. L’ancienne offre était davantage commercialisée en entrée de gamme.

Aésio Mutuelle a décidé l’an dernier d’arrêter la commercialisation de la complémentaire santé solidaire en raison des frais de gestion trop élevés. Apivia Macif Mutuelle va-t-elle suivre cet exemple ?

Nous avons fait le choix de continuer à gérer la complémentaire santé solidaire en 2023, parce que l’on peut le faire. Cela permet de répondre aux besoins de nos sociétaires en cas de coup dur. Cependant, notre portefeuille C2S est en diminution. Nous couvrons 80.000 bénéficiaires, deux fois moins qu’il y a deux ans.

Quelles sont vos perspectives pour 2023 ? Allez-vous renforcer la collaboration entre les différentes entités d’Aéma Groupe ?

Nous allons travailler au sein du groupe à la préparation du prochain plan stratégique. Nous avons déjà identifié en 2022 les sujets qui nous paraissent prioritaires : la fidélisation des adhérents par la prévoyance individuelle, la digitalisation des activités et l’optimisation des frais de gestion. Nous sommes dans une logique de partage avec Aésio Mutuelle et Abeille Assurances afin d’identifier les possibilités de collaboration en santé et prévoyance, y compris sur le plan de la distribution, et les synergies ont vocation à se renforcer.