Maurice "Hank" Greenberg, une des voix les plus influentes de Wall Street, s'est retrouvé mardi devant les tribunaux pour répondre de faits remontant à son règne à la tête de l'assureur américain AIG.
Agé de 91 ans, M. Greenberg est accusé par l'Etat de New York d'avoir notamment orchestré une transaction de 500 millions de dollars à l'époque où il était président d'AIG afin de dissimuler les difficultés financières du groupe aux actionnaires. Il devrait être appelé à la barre dans ce procès civil, censé durer environ quatre mois.
L'Etat de New York accuse M. Greenberg et l'ancien directeur financier d'AIG Howard Smith d'avoir augmenté artificiellement les réserves destinées à couvrir des pertes via des contrats de réassurance avec General Re, une filiale de Berkshire Hathaway, la société du milliardaire Warren Buffett.
La ligne de défense de M. Greenberg est qu'il ne pouvait être au courant de ces opérations parce qu'il dirigeait un groupe présent dans 137 pays et employant 75.000 personnes. Les poursuites avaient été lancées en 2005 par Eliot Spitzer, ancien procureur de l'Etat de New York lui-même emporté ensuite par un scandale de prostitution, mais la procédure a été retardée par de nombreux recours de M. Greenberg.
Son avocat, David Boies, affirme aussi que cette action judiciaire a des motivations politiques, ce que rejette Eric Schneiderman, l'actuel procureur général. "Personne, peu importe qu'il soit riche ou puissant, ne peut échapper à ses responsabilités en cas de malversations", a affirmé M. Schneiderman dans une déclaration.
S'il était condamné, Hank Greenberg devrait rendre quelque 25 millions de dollars de bonus versés par AIG et serait interdit d'exercer toute activité financière et de diriger une entreprise cotée. Il est à la tête actuellement de C.V Starr & Co, une société d'investissement.
Hank Greenberg a dirigé AIG d'une main de fer pendant 37 ans avant son éviction en 2005. L'année suivante, AIG avait reconnu des pratiques trompeuses et accepté de s'acquitter d'une amende de 1,64 milliard de dollars pour solder des enquêtes des autorités américaines. Cet accord sonnait comme un désaveu de l'ère Greenberg, qui a fait d'AIG un mastodonte aux activités variées allant de l'assurance à la location d'avions.
C'est cette diversification tous azimuts qui a failli faire disparaître le groupe, finalement sauvé in extremis au plus fort de la crise de 2008 par l'Etat fédéral. Depuis, AIG s'est recentré sur son métier premier: l'assurance. M. Greenberg a attaqué l'Etat fédéral sur ce sauvetage à 182 milliards de dollars. S'il a gagné au terme d'un procès conclu en juin 2015, la justice ne lui a toutefois pas accordé les dommages qu'il réclamait.
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