Confrontés à une hausse généralisée du coût des sinistres, partiellement due aux récents aléas du climat, les assureurs ont choisi de ne pas la répercuter intégralement sur les tarifs pour préserver leurs parts de marché, au risque d'inquiéter les agences de notation.
Tempêtes, inondations, orages de grêle, depuis dix-huit mois, les catastrophes naturelles se sont succédées en France à un rythme jugé inquiétant par les assureurs dommage (essentiellement automobile et habitation pour les particuliers), qui étaient déjà confrontés à une hausse de leurs coûts.
L'indemnisation des accidentés de la route, les réparations des véhicules, les prix des matières premières figuraient ainsi parmi les postes de dépense en proie à une forte inflation.
Sous pression, les assureurs ont donc rompu, début 2010, avec le cycle de baisses ou de stagnation tarifaire entamé au début des années 2000 en automobile et adopté des hausses de cotisations. Mais ces relèvements sont restés modérés, jamais supérieurs à 5% et très souvent autour de 3%, alors que le montant des indemnisations liées aux sinistres a bondi de 12% en 2009, selon la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA).
Un décalage, souligné récemment par l'agence de notation Standard and Poor's, qui s'est inquiété de ses effets sur la rentabilité des assureurs, voire sur leur solidité financière. De l'avis général, les hausses de cotisations n'ont pas permis de compenser l'escalade des coûts et l'assurance dommage n'est aujourd'hui pas rentable.
Les assureurs qui auront une politique de souscription "trop agressive", avec des tarifs trop éloignés des coûts, s'exposeront à des abaissements de notation, prévient Lotfi Elbarhdadi, l'un des directeurs au sein de l'agence Standard and Poor's.
"Malgré un certain nombre de déclarations d'intention" sur des hausses de tarifs, "on s'attend à des réactions plus concrètes que celles qu'on a déjà observé", renchérit Marc-Philippe Juilliard, directeur au sein de l'agence Fitch.
Interrogés par l'AFP, très rares sont les grands assureurs qui envisagent aujourd'hui de nouveaux relèvements de cotisations. "Tout le monde attend toujours de savoir qui va tirer le premier", reconnaît un assureur sous couvert d'anonymat.
Le marché français est extrêmement concurrentiel et le principal critère de choix d'un assureur reste le prix, ce qui proscrit toute hausse trop marquée.
Néanmoins, "aucun assureur ne peut se permettre d'avoir des résultats négatifs durant une période trop longue", fait valoir Benjamin Serra, de l'agence Moody's.
D'autant que le secteur est engagé dans une réforme réglementaire majeure qui va imposer aux assureurs de renforcer leurs fonds propres, ce que ne permettrait pas une rentabilité dégradée.
En outre, les assureurs ne peuvent plus compter sur le produit de leurs placements financiers pour contrebalancer de mauvais résultats en assurance dommage, compte tenu de la morosité des marchés.
Directeur technique et produits chez l'assureur mutualiste Macif, Pierre-Olivier Adrey ne croît pas à une fragilisation excessive des assureurs qui ne procèderaient pas à un rattrapage tarifaire. "On soupèse chacun des facteurs en se plaçant sur une dynamique de long terme", assure-t-il. "Chaque assureur est libre de déterminer le tarif commercial de diffusion du produit, mais le coût réel des sinistres sera toujours identique."
Paris, 6 juil 2010 (AFP)
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