Malakoff Humanis : Les managers se préparent au travail hybride

jeudi 10 juin 2021
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REPORTAGE – Malakoff Humanis a accueilli ses managers dans ses différents sites le 9 juin, entre l’envie de se retrouver et la nécessité d’imaginer le travail hybride de demain.

Le site parisien de Laffite de Malakoff Humanis se réveille après un confinement de plusieurs mois. Les 180 managers de ce site se revoient le 9 juin, la moitié le matin et la moitié l’après-midi, pour préparer le retour des équipes. Cela ressemble à la journée de rentrée des enseignants, avant le grand retour des élèves.

A côté de la borne de gel hydroalcoolique, deux jeunes femmes en polo orange font l’émargement et offrent un badge avec le message : « En vrai c’est bon de se retrouver ! ». Derrière, les équipes de la RH, de la logistique et de l’informatique sont au taquet pour résoudre les éventuels problèmes pratico pratiques.

Quelques effusions de joie résonnent dans l’immense hall. « Ah, bonjour Philippe, cela fait plaisir de te voir ! », s’exclame Anne-Sophie Godon, directrice des services et également responsable de l’animation du site. Ici et là, des groupes de deux ou trois personnes se saluent avec le coude, les yeux rieurs, prennent des selfies et inondent les réseaux sociaux de postes avec le hashtag #envrai.

Afin de respecter la jauge de 50% des collaborateurs sur site, les salariés de Malakoff Humanis sont divisés en deux groupes, les bleus et les rouges. A partir du 15 juin et jusqu’au 30 juin, les salariés devront aller au bureau 2 jours par semaine, dont un jour fixe pour tous les membres d’une même équipe. Quelques enseignements ont été tirés du premier déconfinement. Cette fois-ci, tous les membres d’une même équipe partagent la même couleur. A partir de juillet, l’organisation dépendra de la situation sanitaire.

L’accord d’entreprise Malakoff Humanis prévoit jusqu’à 2 jours de télétravail par semaine. Avant l’épidémie, entre 35 et 40% des collaborateurs avaient demandé à faire du télétravail, majoritairement un seul jour par semaine. Le groupe de protection sociale n’envisage pas pour l’instant d’augmenter le nombre de jours mais plutôt de changer les conditions d’éligibilité.

A 10h, les managers se retrouvent sur le hall. Anne-Sophie Godon s’adresse à la foule : « Il est important de prendre du temps pour faire le point sur ce que l’on a vécu. Vous avez été là pour organiser la transformation. Merci de la part de la direction générale (applaudissements). On a tenu la boutique tous ensemble. Il est important de réfléchir à la manière dont on va travailler demain. Qu’est-ce qu’on a envie de faire ensemble, sur site, et seul chez soi. Pendant cette période, on a appris à déléguer, à faire confiance, à travailler de manière plus agile. A nous d’essayer de tirer le meilleur parti du travail hybride ».

Anne-Sophie Godon rappelle qu’« il est important de poursuivre le rythme des transformations et pour cela, il est essentiel de revenir sur place ». Christophe Scherrer, directeur général délégué, indique : « Certains salariés ont des appréhensions, mais nous avons pris toutes les précautions qui s’imposent. Il est important de reconstruire un collectif de travail ». Le DGD était à Lyon la veille pour rencontrer les salariés d’Axéria Prévoyance. « J’ai vu plus de 40 personnes dans la journée. Cela faisait longtemps que je n’avais pas croisé autant de collaborateurs ensemble », se réjouit-il.

Après le discours, deux managers acceptent de partager leurs enjeux et inquiétudes. Parmi les inconvénients du travail à distance, il ressort la difficulté à travailler en transversalité, à interagir à 9 sur Teams, le manque de spontanéité dans les échanges informels, la réunionite et la fatigue accumulée après une période chargée, avec des réunions qui commencent à 8h et des journées qui se terminent après 21h, pour certains. « J’ai dépensé beaucoup d’énergie à former et faire monter en compétence les nouveaux collaborateurs », indique une manager qui a décidé de déménager en province pendant le confinement. « Je suis à 2 heures de mon lieu de travail, mais de toute façon, mes équipes sont dans 3 sites différents aux 4 coins de la France » explique-t-elle.

« Certains salariés ont été troublés par le full digital et ont accusé du coup du manque de contact humain », complète un autre manager. Pour fêter le retour au bureau, la première a prévu d’aller boire un verre en terrasse avec son équipe, le deuxième une marche à pied. « Ils vont se bouger. Ils en ont besoin ! », rigole-t-il.

Les managers poursuivent leurs échanges dans des groupes de travail. « Mes équipes et moi-même, nous avons beaucoup apprécié le côté hybride. Les salariés ont envie de revenir mais plus jamais full time. Par contre, nous avons fait trop de réunions et trop longues. Nous devrions pouvoir résoudre certains problèmes en 15-20 minutes au lieu d’1 heure ».

Concernant le retour sur site, il considère qu’« on a pris l’habitude de parler fort. Il y aura un temps d’adaptation ». Un autre s’inquiète des conditions techniques pour organiser des réunions avec la moitié des participants sur site et l’autre moitié à distance. « Il faudra inventer un nouveau rôle, pendant les réunions, de super time keeper. Afin de veiller au respect des temps de parole, résoudre les problèmes techniques, s’assurer de ne pas exclure ceux qui sont à distance », suggère un autre manager. « Avec Teams, nous avons appris à ne pas nous couper la parole. Il faudra réinventer de nouvelles règles pour les réunions hybrides ». « Et prendre en compte les temps de trajet de ceux qui se rendent sur site », complète un troisième. « Et veiller à bien ranger tous les documents au format dématérialisé au bon endroit », renchérit un dernier.

Parmi les bonnes nouvelles de cette période de travail à distance, une manager pointe : « Nous avons enfin réussi à souder les équipes de Saint Quentin et Paris, car tout le monde était sur le même niveau d’information. Pour moi, c’était important que les membres de mon équipe allument la caméra. Je trouve qu’on est plus présent quand il y a l’image. Alors, je leur disais 'Faites-vous belles, les filles, il y a la visio !' », témoigne une autre manager.

« Nous avons gagné en fluidité et agilité. Pour le retour sur site, ce serait dommage de revenir sur des habitudes plus laxistes et de laisser déborder les réunions », espère un quatrième participant.

En résumé, l’enjeu du retour sur site consiste à garder les avantages du travail à distance, arrêter les mauvaises habitudes du travail sur site, et maintenir intacte l’envie de travailler ensemble.

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