Marché : AIG évalue ses options pour AIA et doit revoir ses prétentions à la baisse
L'assureur américain AIG a peu de chances de récupérer les 35 mds dollars sur lesquels il comptait en vendant sa filiale AIA à l'assureur britannique Prudential, et, maintenant que cette transaction a échoué, doit étudier ses options pour en tirer le meilleur parti.
Prudential a annoncé mercredi renoncer à racheter AIA après que le groupe américain eut refusé de diminuer le prix d'achat de 35,5 milliards de dollars (29 milliards d'euros) à environ 30 milliards de dollars, suite à une révolte des actionnaires de la compagnie britannique. Ces investisseurs jugeaient ce prix d'achat, un record absolu dans le secteur de l'assurance, trop élevé et l'augmentation de capital qui aurait été nécessaire pour financer l'achat trop risquée pour Prudential.
En face, le directeur général d'AIG, Bob Benmosche, a décidé de ne pas bouger d'un iota. Il a refusé d'accepter une décote d'AIA, affirmant mardi dans une lettre aux employés du groupe qu'en raison "des progrès des derniers mois", AIG disposait de "plusieurs options" pour sa filiale.
"AIG met en place une stratégie de négociation", constate Bill Bergman, analyste de la firme de recherche Morningstar. Pour lui, l'assureur américain, nationalisé à 80% en 2008, est en meilleure position qu'en mars. Le groupe a dégagé un bénéfice net de 1,45 milliard de dollars au premier trimestre et a réussi à lever 4,5 milliards de dollars sur les marchés pour sa filiale de locations d'avions en difficulté, ILFC. Selon lui, AIG pourrait tenter de trouver de nouveaux acheteurs chez d'autres assureurs que Prudential, ou chez des groupes de capital investissement.
Il n'exclut pas non plus la possibilité de découper AIA pour en vendre des morceaux. Une hypothèse dont doute Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald, qui pense qu'"AIG risquerait, s'il n'arrive pas à tout vendre, de se retrouver avec sur les bras des unités qu'il n'a pas envie de gérer".
Pour Catherine Seifert, analyste actions chez l'agence de notation Standard and Poor's, malgré l'attitude dure du patron d'AIG, l'assureur va en tous cas devoir revoir à la baisse ses prétentions. "Il va être difficile de trouver un autre acheteur de la dimension et avec la force de frappe financière de Prudential", prédit-elle.
Pour Mme Seifert, une introduction en Bourse, qui avait déjà été envisagée pour AIA, est donc "une option valable", voire la plus probable. Mais elle se dit "très sceptique qu'une autre vente ou qu'une introduction en Bourse permette de lever autant de fonds" que la vente à Prudential.
AIG se retrouve donc en difficulté pour rembourser l'aide reçue de la Réserve fédérale au plus fort de la crise.
Au total, les autorités américaines ont débloqué 182,3 milliards de dollars d'aides à l'assureur pour lui éviter de faire faillite, y compris des lignes de crédit non utilisées.
AIG comptait sur les ventes d'AIA et Alico, la filiale d'assurance-vie cédée début mars à l'assureur américain MetLife pour 15,5 milliards de dollars, pour rembourser la totalité de sa dette à la Réserve fédérale de New York, soit quelque 50 milliards de dollars.
Même si Bob Benmosche affirmait mardi dans sa lettre aux employés disposer de plus de "flexibilité en termes de temps" qu'il y a quelques mois, le groupe se retrouve malgré tout sous pression pour céder AIA et valoriser l'entité au maximum pour pouvoir tenir ses engagements financiers envers la Fed.
L'ex-numéro un mondial de l'assureur doit parallèlement environ 45 milliards de dollars au Trésor, et n'a pas encore dévoilé la manière dont il entend les rembourser.
New York, 2 juin 2010 (AFP)
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