Mercer Marsh Benefits : La dérive médicale de 2024 était surestimée
Après la forte dynamique des dépenses de santé en 2023, Mercer Marsh Benefits constate une évolution moindre en 2024, de l’ordre de 3,4%. Largement en-deçà des prévisions alarmistes du secteur.
La campagne d’indexation tarifaire de l’année 2024 a été l’une des plus rudes. Souvenez-vous, fin 2023, la Mutualité Française annonçait des augmentations moyennes de 8,1% sur les contrats de complémentaire santé. Du jamais vu dans le secteur. Mercer Marsh Benefits, de son côté, estimait en juillet 2023 une dérive des prestations record pour 2024, de 5,15% à 6,95% sur son portefeuille collectif. Des augmentations justifiées au regard de l’évolution des dépenses en 2023 et des hypothèses pour 2024.
Pourtant, ces projections se sont révélées surévaluées. Aujourd’hui, après analyse de la consommation médicale sur les 9 premiers mois de 2024, le courtier gestionnaire Mercer Marsh Benefits constate une dérive des dépenses de santé « relativement modérée », de 3,4% en moyenne, sur son portefeuille composé majoritairement de contrats collectifs. Et ceci alors que l’inflation a atteint des niveaux records et que les « prévisions alarmistes » étaient bien supérieures.
Comment expliquer ces écarts ?
Comment expliquer ces écarts entre les projections et la dérive réelle ? Depuis l'épidémie de Covid, anticiper l'évolution des prestations de santé est devenu hasardeux. Le secteur attendait pour 2024 des transferts de la part de la Sécurité sociale ainsi que les effets des différentes conventions médicales. Les textes d'application ont mis du temps à sortir et le tarif des consultations à 30 euros n'entrera en vigueur que le 22 décembre 2024.
Par ailleurs Mercer constate « les prémices de comportements plus vertueux de la part des assurés, notamment sur le dentaire. La revalorisation des soins conservateurs pour éviter des actes plus lourds comme les prothèses ou les implants commence à porter des fruits », se réjouit Camille Mosse, directrice technique et offre de Mercer Marsh Benefits France. Le courtier a constaté une baisse de 2% sur les prothèses et les implants en 2024.
Et la directrice technique de signaler les fortes ambitions en matière de lutte contre la fraude, côté Assurance maladie et organismes complémentaires. « La lutte contre la fraude est un vecteur d'économie et pourtant, ce n'est jamais projeté dans nos scénarios », commente Camille Mosse.
« Il faudrait changer la façon dont on appréhende l'évolution des dépenses de santé. Nous constatons une dérive de 3,4% en 2024, mais cela reste une moyenne. Pour certains de nos clients, nous sommes à zéro et pour d'autres, la dérive atteint 10 ou 15%. Cela dépend du contrat. Sur des couvertures dites ticket modérateur, les désengagements de la Sécurité sociale auront un impact plus significatif que pour des contrats haut de gamme, explique Camille Mosse. Je pense qu'il faut arrêter d'avoir l'ambition d'annoncer un chiffre commun qui fasse consensus. Cela n'a pas de sens car il y a une forte variabilité d'un client à l'autre. Je pense qu'il faut segmenter les dérives ». Par ailleurs, la composition du portefeuille est également déterminante. Mercer constate une plus forte dérive chez les personnes de moins de 40 ans.
Forte hausse des remboursements de lentilles
Dans son baromètre sur la consommation santé des Français, Mercer Marsh Benefits partage d'autres enseignements. Sur l'année 2023, le courtier a enregistré une dérive médicale de 4,6%. Dans le détail, les plus fortes augmentations concernent la chambre particulière (+10%), les lentilles (+11%) ainsi que la médecine douce (+8%).
À propos des lentilles, Mercer pointe une évolution de 7,5% sur le prix des équipements. Le courtier suggère de plafonner leur prix dans le cadre du contrat responsable, comme cela a été fait sur les montures. En optique, les plafonnements du prix des montures et des verres a permis de faire baisser de 36% les remboursements des lunettes en 10 ans.
Une forte progression en pharmacie
Pour 2024, Mercer estime que l’évolution des prestations de complémentaire santé restera contenue aux alentours de 3,4%. En revanche, sur la pharmacie, les dépenses progressent fortement (+5,5%). Mercer explique cette évolution en raison de « l’apparition de nouveaux vaccins obligatoires coûteux pour les enfants ». Par ailleurs, la faculté donnée aux pharmaciens de pratiquer des vaccins et des dépistages a également favorisé l’évolution des dépenses pharmaceutiques.
En ce qui concerne l’optique, la progression des dépenses reste élevée en 2024, de l’ordre de 4,5%. Parmi les tendances préoccupantes pour les prochaines années, figure la forte progression des prestations optiques chez les enfants. Elles ont bondi de 8,6% par rapport à 2023.
Une estimation de 5,5% pour 2025
Dans son baromètre, Mercer Marsh Benefits partage également ses prévisions pour 2025. Après cette année de ralentissement, les dépenses de santé repartiront fortement en hausse. Le courtier qui anticipe une évolution de 5,5%. Dans le détail, 2,6% de l’évolution répond à la dérive organique des dépenses, « compte tenu de l’évolution des comportements de consommation ». Les impacts des décisions règlementaires connues à date auront un impact de 1,83% sur le volume des prestations. Mercer a pris en considération le remboursement des protections périodiques, les effets revalorisations des professionnels de santé prévues dans les différentes conventions médicales…
À ces deux éléments connus s’ajoute une dérive réglementaire non encore confirmée que le courtier estime à 1,07%. En effet, le volume de transferts de charge de l’Assurance maladie vers les organismes complémentaires n’est pas encore connu, suite à la censure du gouvernement. Initialement ces transferts devaient porter sur les consultations et les médicaments.
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