Michel Sirven : "La MMJ ne veut pas rentrer dans le rang"
INTERVIEW - Michel Sirven, directeur général de la MMJ (Mutuelle des métiers de la justice et de la sécurité) depuis le 1er janvier 2022, explique les raisons qui ont conduit la mutuelle à quitter AG2R La Mondiale et à chercher un nouveau groupe.
Pourquoi avez-vous décidé d’engager la sortie du groupe AG2R La Mondiale ?
Tout d’abord, laissez-moi vous dire que la mutuelle est solide, avec une marge de solvabilité forte de 265%. Quatre ans après le dernier référencement au Ministère de la Justice où la MMJ n’a pas été retenue, nous avons réussi à conserver deux tiers de nos adhérents. En 2020, nous avons enregistré l’arrivée de 2.000 nouveaux adhérents et le solde d'effectifs reste positif.
La MMJ affiche cependant un résultat net négatif de 2,3 millions d'euros en 2020 et de 2,5 millions d'euros en 2019, selon le rapport SFCR d'AG2R La Mondiale. Êtes-vous satisfait du partenariat avec AG2R La Mondiale ?
Si la MMJ est forte, il vaut mieux la rendre plus forte. Nous avons besoin d’une dynamique commerciale plus soutenue. AG2R La Mondiale nous avait promis en 2013 que l’on aurait accès à l’ensemble de ses agences. Huit ans après, nous avons uniquement accès à 4 ou 5 agences. Nos produits n’ont pas pu être exposés. Autrement dit, la MMJ n’a pas été suffisamment soutenue pour déployer sa propre offre. Nous avions de l’ambition pour le groupe mais visiblement le groupe n’avait pas la même ambition pour nous.
Souhaitez-vous quitter le groupe à cause de l’arrivée d’Intériale ?
Intériale n’est pas un sujet pour nous. Nous souhaitons partir parce que nous avons une vision différente d'AG2R La Mondiale. Le fait qu’Intériale ait remporté le référencement au ministère de la Justice n’est pas un problème car cette position n’est pas immuable. Nous sommes bien placés pour le savoir. Intériale a son histoire, et nous, la nôtre. L'arrivée de Bruno Angles à la tête d'AG2R La Mondiale n'est pas non plus la raison de notre départ.
Quelles sont les prochaines étapes pour la sortie du groupe ?
Le conseil d’administration a assez largement décidé d’organiser une assemblée générale extraordinaire prochainement pour engager la sortie de la SGAPS et du groupe AG2R La Mondiale. La date de l'AG n’a pas encore été fixée.
Quel type de groupe prudentiel souhaitez-vous rejoindre ?
Nous ne savons pas encore quel groupe nous rejoindrons. Nous allons chercher un partenaire qui renforce notre dynamique commerciale. Nous souhaitons aussi contribuer à la dynamique commerciale du groupe dans une logique de création de valeur partagée. Nous ne voulons pas rentrer dans le rang. Nous voulons une alliance où chaque acteur se respecte. Nous souhaitons aller vers de nouveaux marchés et être en capacité de proposer de nouveaux services que nous n’avons pas aujourd’hui. Enfin, nous voulons rejoindre un groupe qui respecte nos valeurs.
Avec qui êtes-vous en discussions ?
Nous avons été sollicités par de nombreuses structures sur le marché. Nous discutons avec plusieurs groupes mutualistes comme Vyv, Aésio ou Unéo. Il est encore prématuré de parler d’un groupe en particulier. Pour l’instant, on expose nos conditions, ensuite on va écouter et décider sereinement.
Faut-il voir dans le partenariat que vous avez annoncé avec Maif une piste sur l’avenir de la MMJ ?
L’absence de référencement nous a conduit à nous développer sur des marchés complémentaires comme celui des agents du ministère de l’Intérieur et des forces de sécurité privées ou encore de la fonction publique territoriale. Nous avons une offre cœur santé prévoyance et dépendance avec une cotisation unique pour une protection globale. Ensuite, nous avons des partenariats en assurance emprunteur, banque et IARD avec des tiers afin de compléter notre offre. Je pense que nous pouvons aller chercher des partenariats pertinents en dehors d’un groupe si c’est dans l’intérêt de l’adhérent. Pour répondre à votre question, le partenariat avec Maif ne présume en rien l’avenir de la MMJ.
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