SÉRIE DE TÉMOIGNAGES - Sonia* est directrice générale dans le secteur de l'assurance. Sa réputation de « tueuse » ne la dérange pas car « il y a surement un fond de vérité ». Elle n'a aucun problème avec les hommes.
« Le fait d’être une femme ne m’a pas pénalisé, mais cela ne m’a pas favorisé pour autant , soutient Sonia, qui n'est pas favorable aux quotas. Je vois passer trop de messages négatifs, trop féministes. Certaines femmes, dès qu’il leur arrive un truc, elles pensent que c’est la faute des hommes ».
Sonia était enceinte de deux mois quand on lui a proposé un poste significatif. Elle l'a tout de suite dit à son patron, qui l'a quand-même retenu sur le poste. « Même moi, à sa place, j'aurais hésité, mais je savais pertinemment que j'allais y arriver. Je n'étais pas super jeune. Rien qu'avec ce que je gagnais, je pouvais me financer une nounou à domicile et cela a bien marché ».
Quelle est la recette magique de Sonia ? À part la nounou de compétition, ultra-flexible, Sonia affirme qu'il faut responsabiliser les enfants le plus tôt possible pour les rendre autonomes, qu'ils puissent aller à l'école seuls sans faire des bêtises, s'auto-gérer... « Par exemple, un jour mon fils est allé tout seul chez le médecin à 7-8 ans. Je lui ai confié un téléphone portable très jeune et je me rends disponible si nécessaire. Il sait qu'il peut toujours me contacter. Dans 95% des cas je peux échanger avec lui par sms en réunion ».
Première de la classe
Sonia était très bonne élève, la deuxième de sa classe, avant que la première tombe malade et qu'elle n’ait plus de concurrente. Elle est « dure au mal » et n’hésite pas à aller travailler avec une jambe cassée ou à finir tard pour finir un dossier. Sonia estime que pour être à la tête d’une société il faut un certain courage managérial, savoir dire aux collaborateurs ce qui ne va pas, être exigeante sur le résultat et savoir prendre des décisions difficiles quand cela ne va pas, même si cela implique de se séparer de certains collaborateurs.
Ce haut niveau d’exigence, elle l’applique d’abord envers elle-même. « L’autorité s’exerce naturellement parce que je montre l’exemple, je ne laisse pas les collaborateurs dans le pétrin. Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi pour les aider sur un dossier difficile ». Elle pense que c'est dans la nature des femmes de vouloir en faire plus.
Pas de problèmes avec les hommes
Grande, brune, distante, Sonia impose le respect naturellement. « Je n’ai jamais été agressé ni au travail ni dans la rue, je l’ai toujours attribué à mon physique, ma grande taille, une prestance qui fait que les gens n’osent pas. Je fais peur aux gens », reconnaît-elle. Avec ses supérieurs masculins, elle aime autant que cela soit cash.
Sur sa garde rapprochée, elle a eu du mal à recruter des femmes. « Dans les écoles, il y a uniquement 25% des femmes sur les métiers du numérique, ce qui explique la pénurie des candidates, explique-t-elle. Je ne favoriserai pas une femme si elle est moins compétente ».
Dans les gènes
Une femme qui encadre des hommes c’est la chose la plus naturelle du monde pour Sonia. « Ma mère était la chef de mon père et cela marchait très bien. Nous en plaisantions à la maison. Je ne me suis jamais dit qu’une femme ne pouvait pas être dans une situation d’encadrement d’un homme », commente-t-elle.
Pour autant, certains hommes ont du mal avec le management au féminin. « Certains rechignent quand je leur demande des choses et je me doute que c’est lié au fait que je sois une femme. Quand cela m’arrive, je fais comme si de rien n’était. Je reste imperturbable. C’est sûr qu’avec certains hommes il a fallu que j’insiste plus pour obtenir des choses, parce qu’au départ ils contestent mes décisions. Alors, je répète, je fais de l’humour… Parfois on me fait sentir que je suis trop exigeante, que j’en demande trop », partage-t-elle.
Il faut que ce soit parfait
Sonia avoue devoir se faire violence pour ne pas se substituer aux autres. « Je suis impatiente et parfois je me dis, autant le faire moi-même ». Dans le passé, on lui a reproché d'être trop maternelle avec ses équipes. « On m’a déjà reproché de ne pas assez responsabiliser mes collaborateurs. Ils savaient que j’allais vérifier leur travail et corriger les erreurs. Maintenant, je prête plus d’attention à préserver leur autonomie ».
En revanche, il y a quelque chose sur laquelle Sonia n'est pas prête à céder. Elle ne supporte pas aller voir un client avec des fautes d’orthographe sur un support de présentation. Elle exige donc de revoir la copie de ses directeurs. « Les fautes d’orthographe étaient un critère discriminant dans les grandes écoles, à mon époque. Ce n’est visiblement plus le cas aujourd’hui », regrette-t-elle.
Comment est-elle arrivée au sommet ? Elle n'a pas fait de plan de carrière et les choses se sont faites naturellement. « Tant que le travail m'intéresse et que j'arrive à construire une bonne équipe, j'avance en marchant ». Au pas de général.
*Le prénom a été changé
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