Nigeria / Pétrole : Shell invoque la « force majeure » sur ses exportations de brut
La compagnie anglo-néerlandaise Shell a déclaré mardi la « force majeure » sur une partie de ses exportations de pétrole au Nigeria après plusieurs « incidents » ayant causé des fuites de ses oléoducs.
La Shell Petroleum Development Company (SPDC, coentreprise de Shell au Nigeria) a indiqué dans un communiqué que la mesure s'appliquait à compter de ce mardi à ses exportations de brut léger à partir du terminal de Bonny, dans le delta du Niger (sud), « pour la fin du mois d'août ainsi que les mois de septembre et octobre ». La clause de force majeure, courante dans les milieux pétroliers, permet à l'industriel de suspendre ses obligations contractuelles, telles que les livraisons de pétrole et de gaz, à la suite d'événements imprévus, sans encourir de pénalités.
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d'Afrique et Shell y est le premier opérateur. Le groupe explique avoir constaté, entre le 2 et le 15 août, six fuites de pétrole à partir de l'oléoduc Okordia-Rumuekpe, à Ikarama, dans l'Etat de Bayelsa, l'un des Etats pétrolifères du sud du Nigeria. Ces fuites ont toutes été provoquées par « des entailles à l'aide de scies à métaux, faites par des individus non identifiés », selon Shell.
Le groupe avait indiqué dans un communiqué lundi que deux stations de pompage avaient par conséquent dû être temporairement fermées. Le 21 août, dans le même secteur, des entailles similaires ont été détectées sur l'oléoduc d'Adibawa. « Une partie de la production a été suspendue le temps que la SPDC répare l'oléoduc », indique le groupe mardi. Shell s'était inquiété lundi de la hausse des actes de « sabotage » sur ses installations dans cette région.
« L'augmentation des cas de sabotage à Ikarama nous inquiète et nous appelons ceux à l'origine de ces incidents à cesser », avait déclaré le vice-président de Shell, Tony Attah, cité dans le communiqué. Les actes de vandalisme sont fréquentes dans le delta du Niger, une région où opèrent de nombreuses multinationales et où s'est développé un marché noir lucratif de brut volé et raffiné de façon artisanale. Des groupes armés affirmant lutter pour une plus juste répartition de la manne pétrolière ont régulièrement revendiqué des attaques d'oléoducs.
Elles sont moins fréquentes depuis une amnistie en 2009. Selon Shell, de 2006 à 2010, 75% de l'ensemble des fuites de brut dans le delta ont été causées par le sabotage et le vol. Des défenseurs de l'environnement affirment que le groupe, présent dans la région depuis plus de 50 ans, n'a pas pris suffisamment de précautions pour éviter de tels incidents. Selon un rapport de l'ONU publié début août, des décennies d'exploitation en pays Ogoni, dans le delta du Niger, ont pollué l'environnement au point que la décontamination de la région exigerait la plus vaste opération de nettoyage jamais entreprise dans le monde.
Lagos, 23 août 2011 (AFP)
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