Les 18 et 19 septembre derniers, la Martinique et la Guadeloupe étaient balayées par l'ouragan Maria. La filière de la banane des deux îles a été presque entièrement dévastée. Se pose désormais la question de l'indemnisation des dégâts.
Le secteur de l'assurance ne devrait pas être mis à contribution pour l'indemnisation de la filière banane. Et pour cause, « aucun assureur ne couvre ce risque. Tout simplement parce qu'aucun n'a reçu de demande en ce sens », nous confie un observateur. Interrogé par France Info, un exploitant de bananes guadeloupéen estime pour sa part que les assureurs se montrent réticents à couvrir ces cultures particulièrement sensibles aux vents.
Une longue procédure
Il reste alors à la filière de la banane, dévastée à 100% en Guadeloupe et 70% en Martinique, à se tourner vers les pouvoirs publics. Les exploitations touchées peuvent en effet bénéficier du fonds de secours pour l'Outre-Mer et obtenir une indemnisation pour les pertes de fonds et de récoltes. Reste que le déblocage des fonds ne peut intervenir qu'après la reconnaissance de l'état de calamité agricole par arrêté préfectoral. Ce système avait déjà été sollicité pour la filière banane en décembre 2016 après le passage de l'ouragan Matthew.
Mais la procédure peut s'avérer très longue avant la publication de l'arrêté. En 2016, l'ouragan avait touché les Antilles en septembre et l'arrêté publié en décembre. Les agriculteurs touchés disposent alors d'un délai de six semaines pour adresser leur dossier de demande d'aide. S'ajoute un délai maximum de 6 mois pour la transmission des dossiers à l'administration centrale après la notification au préfet de la décision d'intervention du fonds de secours.
Enfin, la proposition d'indemnisation via le fonds de secours ne peut excéder 30% pour les pertes de récoltes et 35% pour les pertes de fonds. Sachant que pour en bénéficier, les agriculteurs concernés doivent avoir subi un niveau de perte au moins égal à 36% du tonnage de référence et 13% du chiffre d'affaires total.
Hors du FNGRA
A noter que l'existence du fonds de secours exclus, de fait, les exploitants ultra-marins du périmètre d'intervention du Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA) géré par CCR. En revanche, la déclaration de l'état de catastrophe naturelle publiée au journal officiel du 22 septembre dernier va permettre aux 600 producteurs de bananes de Martinique et de Guadeloupe de continuer à bénéficier des aides européennes conditionnées à des quotas de production.
C'est notamment le cas pour le régime d'aide Posei dont les montants versés sont calculés selon un niveau un tonnage produit chaque année par les exploitants. L'aide n'est pas négligeable puisqu'en moyenne, une exploitation en Martinique et en Guadeloupe a touché 200.000 euros en 2016 au titre du Posei.
La filière de production bananière aux Antilles estime qu'il lui faudra au moins 9 à 10 mois pour récolter les premiers régimes de bananes et donc relancer l'activité.
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