PEPP : Un échec qui impose une refonte

mardi 17 septembre 2024
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Le siège de l'Eiopa à Francfort.

L’Eiopa dévoile des pistes de réforme pour refondre le plan épargne retraite paneuropéen (PEPP). Il faut dire que le produit peine à sortir de l’ornière.

Ce devait être comme une première étape dans l’Union des marchés de capitaux. Le plan épargne retraite paneuropéen (PEPP) devait harmoniser la retraite supplémentaire sur le continent. En théorie. Car en pratique, depuis son lancement en 2023, le compte n’y est pas selon l’Eiopa.

Si l’autorité ne livre aucun chiffre de commercialisation ou d’encours, elle relève toutefois qu’il a "connu un succès limité, tant du côté de l’offre, peu de fournisseurs proposant des PEPP, que du côté de la demande, car peu de citoyens de l’UE connaissent le PEPP et ne cherchent donc pas à y investir ».

L’enjeu est pourtant de taille. Sur les 34.000 milliards d’euros d’épargne dont disposent les Européens, 34% dorment sur des livrets ou des comptes à vue. Soit près de 12.000Mds d’euros qui pourraient servir à financer l’économie. Selon l’Eiopa, ce manque d’intérêt côté offre provient du plafonnement des frais. Ils ne doivent pas dépasser 1% du capital accumulé par an. Certains opérateurs indiquent ainsi à l’autorité qu’ils ne couvrent pas les coûts de mises en place et de gestion du PEPP. Sur ce point, l’Eiopa ne semble pas vouloir bouger d’un iota.

Problème de marché cible

À cet égard, le superviseur européen considère que banquiers et assureurs peuvent se tromper de marché cible. Le PEPP ne s’adresse pas seulement aux européens qui travaillent dans un autre État membre que le leur. Soit une population d’environ 14,8 millions de personnes. Il s’adresse à tous. Augmenter la taille du marché pourrait conduire à des économies d’échelle et permettre d’améliorer le ratio frais/coût.

Du côté des épargnants, la désaffection du public trouve d’autres ressorts. En premier lieu, il existe un manque manifeste de sensibilisation du public. Seuls 76% des Européens ont entendu parler du PEPP selon une étude Eurobaromètre pour l’Eiopa. À cela s’ajoute un contexte économique peu propice à la constitution d’une épargne. En raison principalement de la crise du pouvoir d’achat qui heurte le continent depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Enfin, certains États-membres ont peu joué le jeu. Deux n’ont toujours pas transposé le texte. D’autres ont mis en place des régimes fiscaux plus favorables à leurs dispositifs nationaux.

Se rapprocher du PER

Pour dynamiser le PEPP, l’Eiopa propose de combiner les PEPP professionnels et personnels dans un seul produit retraite. Un peu à l’image de ce que la France fait à travers les différents compartiments du PER, mais qui constituent un produit unique.

Autre point clé, celui du transfert de sommes accumulées sur d’autres produits d’épargne-retraite. Faciliter ce processus permettrait de gonfler rapidement les encours du PEPP.

En dernier lieu, l’Eiopa propose une meilleure articulation des supervisions. Les acteurs proposant des PEPP « nationaux », relèveraient de leur autorité nationale. En revanche, les produits transfrontaliers seraient placés sous la supervision directe de l’Eiopa.

Ces propositions viendront alimenter les discussions autour de l’évaluation du règlement PEPP prévu pour 2027.

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