Pour ou contre une évaluation des risques naturels au niveau de l'adresse ?
Les événements climatiques extrêmes, de plus en plus fréquents et intenses, mettent le secteur de l’assurance sous pression. Face à cette nouvelle réalité, certains assureurs européens adoptent des technologies innovantes permettant d’évaluer plus précisément les risques naturels au niveau de chaque adresse. Cette avancée technologique, déjà largement utilisée aux États-Unis, soulève cependant quelques questions.
En France, le principe de l’assurance repose traditionnellement sur la mutualisation des risques et la solidarité. Le régime CatNat en est l’illustration parfaite. Cependant, ce dispositif, bien qu’essentiel, présente des limites : il ne couvre que les événements exceptionnels et ne prend en compte qu’un nombre restreint de risques.
Une évaluation précise des risques à l’échelle de chaque adresse pourrait compléter ce modèle. Elle permettrait aux assureurs de calculer des primes plus personnalisées, reflétant davantage le risque encouru par chaque bien. Une approche qui semble néanmoins aller à l’encontre des principes de mutualisation et de solidarité.
Les craintes sont nombreuses : explosion des primes dans les zones à risques, exclusion de certains biens de l’assurance, et remise en cause du modèle de mutualisation français. Mais ces préoccupations sont-elles réellement fondées ?
Tout dépend de l’usage que les assureurs feront de ces nouvelles données. Ils pourraient choisir de s’en servir pour établir des primes individualisées, à l’image du modèle américain, ou bien les intégrer dans une approche globale de mutualisation et de prévention des risques.
En effet, ces données pourraient également permettre de calculer des niveaux de primes ajustés, destinés non seulement à couvrir les risques, mais aussi à financer des actions de prévention, telles que des diagnostics ou des aménagements, pour réduire la vulnérabilité des biens les plus exposés tout en maintenant les ratios combinés à un niveau acceptable. Une approche qui viendrait compléter le dispositif CatNat et le fonds Barnier pour les risques exclus de ce régime.
En conclusion, l’évaluation des risques climatiques au niveau de l’adresse représente une opportunité majeure pour le secteur de l’assurance. Elle permet d’affiner le calcul des risques et de développer des solutions de prévention plus efficaces.Il ne s'agit plus simplement de technologie, mais plutôt d'une question de vision, de valeurs propres à chaque compagnie d'assurance et de son positionnement marketing.
Eric Brétéché
Product Marketing Manager, Guidewire Software.
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