Au regard de certains événements survenus pendant les six premiers mois de l’année, l’entrée en vigueur de Solvabilité 2 le 1er janvier aura certainement semblé une formalité pour certaines compagnies. Car celles-ci ont dû agir sur plusieurs fronts à la fois. D’abord sur celui des catastrophes naturelles.
Inondations
Après les inondations dans le Sud-Est de la France en octobre dernier (coûts estimés entre 550 et 650 millions d’euros pour les assureurs), les crues de fin mai-début juin en France et en Allemagne ont fait de nombreux dégâts matériels et humains. En date du 7 juin, la Fédération française de l’assurance (FFA) estimait à 77000 le nombre de déclarations de sinistres enregistrés et à 150000 le nombre total de déclarations possibles. La FFA a évalué le montant des dommages entre 900 millions d’euros et 1,4 milliard d’euros et qualifié cet événement « d’une ampleur inédite, dans sa durée comme dans le nombre de communes touchées ».
Brexit
Le résultat du référendum en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a également généré son lot de réactions dans le secteur de l’assurance. La FFA a immédiatement tenu à affirmer qu’elle « veillera en particulier à la préservation du marché européen de l'assurance afin d'en assurer la stabilité et la compétitivité ; et sera attentive à défendre l’intégrité du marché intérieur, par l'application de règles communes pour les différents secteurs financiers ». Cette décision pose ainsi la question de l’avenir de Solvabilité 2, tout comme celui de la libre prestation de services. Dans un communiqué, le directeur général d’Hiscox annonçait quant à lui : « Il est possible que nous soyons contraints de déplacer notre siège européen dans un autre pays d’Europe ».
Événements à risques
Les Jeux Olympiques de Rio, qui ont lieu cet été, mobilisent également les compagnies. Allianz France (et ses filiales Mondial Assistance et Protexia) sera par exemple l’assureur officiel de la délégation française (athlètes, cadres techniques, médicaux, administratifs), ainsi que de l’ensemble de leur matériel sportif et technique. Mais les assureurs ont fait chou blanc avec l’Euro 2016, l’UEFA ayant eu massivement recours à l’auto-assurance selon l’enquête de La Tribune de l’assurance.
Réglementation
Le projet de loi Sapin 2 a donné quelques sueurs froides aux assureurs et mobilisé leurs ressources en termes de lobbying. Car de nombreuses dispositions touchent le secteur, comme par exemple la possibilité d’utiliser la technologie de la blockchain, celle de réformer le Code de la mutualité, des modifications dans l’utilisation du Perp (rachats anticipés), ou encore les modalités de transposition de la directive distribution d’assurances.
La polémique
Un nouveau type d’assurance santé, proposé par le groupe Generali sous le nom de Vitality, fait polémique. Il s’agit d’une assurance au comportement, pour l’instant disponible uniquement sur le marché allemand et qui pourrait être déployée en France l’an prochain. L’assuré voit alors ses primes d’assurance modulées au gré de son comportement (alimentation, sport, etc.), dont l’assureur a connaissance via une application et un bilan de santé effectué en pharmacie. Cette pratique a fait réagir la ministre de la Santé Marisol Touraine, qui n’en veut pas en France : « l’Open data en santé impose des règles précises et j’ai fait le choix (…) dans la loi de ne pas permettre aux assureurs d’accéder de manière simple, sans filtre à ces données de santé, parce que il n’y a pas là des enjeux d’intérêt public ». Le fait est que l’assurance au comportement existe déjà pour l’assurance auto : il s’agit du Pay How You Drive (la prime est modulée en fonction de la bonne conduite de l’assuré), déjà commercialisé par Axa (Youdrive) et Allianz.
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