Présidentielle 2022 : Yannick Jadot se méfie de la Grande Sécu
Yannick Jadot se méfie de la Grande Sécu qui, selon son équipe de campagne, conduirait à un « système de protection sociale pauvre et réservé aux pauvres ».
Le candidat écologiste à l’élection présidentielle Yannick Jadot était l’invité de l’Association de journalistes de l’information sociale (AJIS) ce mardi 1er février. Le député européen EELV a été remplacé par Guillaume Duval et Eva Sas, ses conseillers sur les questions sociales.
S’il est élu président, Yannick Jadot souhaite créer un grand ministère de la Santé, de l’Environnement et de l’Alimentation, afin d’aborder la question de la santé environnementale de façon transversale.
Dans le programme du candidat écologiste il n’y a pas de propositions pour réformer le système d’assurance maladie à deux étages. « C’est une question difficile sur laquelle nous n’avons pas tranché au niveau du programme. Simplement, on se méfie de la facilité avec laquelle on aborde aujourd’hui des questions comme la Grande Sécu qui serait la solution finale et totale pour aborder les problèmes de santé. Nous ne sommes pas fanatiques de donner toute la protection sociale à Bercy et d’étatiser la santé. Cela nous paraît utile qu’il y ait des acteurs non étatiques qui jouent un rôle », selon Guillaume Duval.
Le conseiller a donné l’exemple du 100% santé en optique pour illustrer le manque d’intérêt des Français pour des paniers de soins très encadrés avec un faible choix pour l’assuré. « Si la création de la Grande Sécu conduit à terme à réduire encore les remboursements parce que cela consiste à rembourser des soins dont les Français ne voudront pas, cela peut avoir plus d’effets pervers que d’avantages », a-t-il ajouté.
Yannick Jadot s’oppose à l’idée de « construire une protection sociale qui soit un filet de sécurité pour les pauvres et de laisser les riches se débrouiller avec des assurances privées. Une protection sociale pour les pauvres c’est justement une protection sociale pauvre. Une bonne protection sociale c’est celle qui couvre tout le monde. Si elle couvre bien les riches et les classes moyennes, elle couvrira bien les pauvres », a-t-il insisté.
Concernant les conditions d’accès à la complémentaire santé solidaire, Yannick Jadot reste imprécis : « Il y a un problème sur les complémentaires santé concernant les retraités. La généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés du privé a eu des avantages pour les actifs mais a pénalisé les retraités pour lesquels il faudra trouver des solutions », lance Guillaume Duval.
Prévention et santé environnementale
« Les maladies chroniques liées à la dégradation de l’environnement sont un des facteurs qui contribuent à l’augmentation des dépenses de santé », selon Guillaume Duval. Yannick Jadot souhaite avoir une politique très active de bonus-malus en particulier sur l’alimentation. Les aliments trop gras ou sucrés seront pénalisés tandis que les produits bio bénéficieront d’un taux réduit de TVA. Le candidat écologiste soutient que cette politique nationale de prévention conduira à une baisse des dépenses de santé.
Changer le financement des hôpitaux
« Nous souhaitons rétablir et renforcer l’hôpital public, nous souhaitons recruter 100.000 infirmières et soignants dans les hôpitaux, avec une prime de retour à l’hôpital public, notamment, et une revalorisation des salaires. Nous souhaitons financer les hôpitaux en fonction des populations et des besoins dans les territoires. Ce système devrait remplacer la tarification à l’activité », explique Eva Sas, conseillère sociale et ancienne députée EELV.
Pour lutter contre les déserts médicaux, Yannick Jadot propose un conventionnement sélectif des médecins dans les zones fortement dotées et une obligation d’installation pour les étudiants en médecine à la fin de leurs études pendant trois ans dans les déserts médicaux.
Concernant le grand âge, Yannick Jadot prévoit une réforme des droits de succession afin de financer la prise en charge de la dépendance des personnes âgées. L’impôt sur les successions sera payé en fonction des revenus, quel que soit le lien de parenté avec les donateurs, et à partir d’un seuil de 200.000 euros.
Sur ce sujet du grand âge, Yannick Jadot propose un taux d’encadrement de 8 soignants pour 10 résidents en Ehpad et de mettre un coup d’arrêt au développement des Ehpad à but lucratif pour privilégier l’offre d’Ehpad privés à but non-lucratif. Il propose par ailleurs de revaloriser l’allocation personnalisée d’autonomie à la hausse, sans en préciser le montant.
Pas de report de l'âge de départ à la retraite
Le candidat écologiste ne va pas reporter l’âge légal de départ à la retraite parce que « c’est la mesure la plus injuste car elle pénalise ceux qui ont commencé à travailler tôt », selon Guillaume Duval. Au contraire, il souhaite permettre aux personnes ayant exercé des métiers pénibles, de pouvoir partir plus tôt. « Nous avons un bon système de retraite en France et nous ferons tout pour le préserver », indique le conseiller social de Yannick Jadot.
Une des propositions de la primaire écologiste était de créer un chèque santé de 100 euros pour les jeunes entre 18 et 25 ans pour financer leurs soins. Cette proposition a été abandonnée au bénéfice du « revenu citoyen », qui sera versé automatiquement à partir de 18 ans. Il représente au minimum 50% du revenu médian, soit 918 euros pour les jeunes détachés du foyer fiscal de leurs parents (740 euros de revenu de base cumulé avec les allocations logement et la prime d’activité). Il s’agit « d’étendre et valoriser le RSA. Cette mesure aurait un coût de 15Mds d’euros par an », précise Eva Sas.
Augmentation de 10% du SMIC
Le candidat écologiste souhaite également augmenter le smic de 10% sur toute la durée du quinquennat et rendre obligatoire la renégociation des grilles de salaires au niveau des branches professionnelles, dès lors que le salaire minimum de branche est inférieur au Smic. Yannick Jadot revalorisera également le point d’indice dans la fonction publique ainsi que les salaires des métiers du médico-social. Il souhaite réduire les écarts de rémunération en rendant non-déductible d’impôt sur les sociétés les revenus supérieurs à 20 Smic.
Comme la candidate socialiste Anne Hidalgo, Yannick Jadot veut rétablir les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), supprimés dans le cadre des ordonnances Macron de 2017, pour améliorer la santé au travail dans les entreprises. Le candidat écologiste souhaite par ailleurs que la moitié des membres des conseils d’administration, de surveillance et de rémunération des grandes entreprises soient des représentants des salariés.
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