Présidentielles : Le coût des propositions des candidats sur la santé

vendredi 17 mars 2017
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Tous les candidats à l’élection présidentielle proposent des changements profonds du système de santé : encadrer le coût des soins onéreux et atteindre le reste à charge zéro sont des propositions partagées par plusieurs candidats. Mais combien coûteraient de telles mesures ?

Si la santé est au cœur des débats de la campagne électorale de l’élection présidentielle c’est un peu grâce à François Fillon. L’idée lancée par l’ancien Premier ministre lors de la primaire de la droite de modifier les remboursements de la Sécurité sociale aura ouvert la boîte de pandore et incité tous les candidats à préciser leurs propositions sur le thème de la santé.

Les contrats-type d’Emmanuel Macron

L’ancien ministre de l’Economie critique la lisibilité des contrats de complémentaire santé et propose de mettre en place des « contrats type » afin de pouvoir mieux comparer les offres entre elles. La régulation du marché et le partenariat entre l’Assurance maladie et les complémentaires santé ferait baisser le prix des assurances complémentaires, selon Emmanuel Macron. Ce qui permettrait de prendre en charge intégralement les lunettes et les prothèses auditives et dentaires d’ici 2022. Selon la Mutualité Française, le reste à charge des dépenses d’optique et auditives est de 4,4Mds d’euros. Où aller chercher cet argent ? Selon les calculs de la FNMF publiés sur le site placedelasante.fr, une baisse du prix des équipements de 15% permettrait de faire 2,7Mds d’économies. Si, en plus, l’Assurance Maladie et les complémentaires santé augmentent respectivement les remboursements de 13%, cela créerait 1,7Mds d’euros de prestations supplémentaires versées aux ménages.

Fillon enterre le tiers payant

François Fillon s’engage à supprimer le tiers payant et à rembourser intégralement les lunettes pour les enfants. Supprimer le tiers payant obligerait les Français à avancer 2,7Mds d’euros à leur médecin, selon les calculs de la FNMF, soit 41 euros par personne et par an en moyenne. Si la suppression concernait également les pharmaciens et tous les professionnels de santé, les ménages devraient avancer 10,8Mds d’euros, soit 163 euros par personne et par an, toujours selon FNMF.

D’ici à 2022, François Fillon vise un « reste à charge zéro pour les dépenses de santé les plus coûteuses pour les ménages (optique pour les adultes, prothèses dentaires, audioprothèses et dépassements d’honoraires), grâce à un nouveau partenariat entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires ». Concernant les dépassements, il propose de revenir sur le plafonnement du remboursement des contrats responsables qui, selon Fillon « a dégradé les remboursements pour les assurés ».

Le candidat de la droite envisage également de créer une « Agence de garantie de la couverture solidaire des dépenses de santé » pour veiller à l’amélioration de la prise en charge des dépenses de santé, au meilleur coût pour les assurés. Cette agence aurait pour mission de « contrôler des cotisations des complémentaires, la maîtrise de leur frais de gestion, la clarté des contrats, ainsi que la qualité et la sécurité des prestations remboursées », selon son programme. Cette agence ne serait « pas un instrument de pilotage d’État mais un instrument de gouvernance collégiale de notre système de santé », affirmait François Fillon le 21 février lors de son intervention devant la Mutualité française.

Enfin, François Fillon souhaite faciliter l’accès des seniors à une assurance complémentaire de qualité en améliorant l’aide à l’acquisition d’une couverture santé (ACS) pour les personnes âgées.

Le candidat de Les Républicains propose de modifier le financement de la Sécurité sociale. Ce serait la consommation, et pas les cotisations sociales qui financerait la Sécurité sociale. La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) augmenterait de deux points pour compenser les baisses de cotisations sur les salaires.

Sur les 100 milliards d’économies que François Fillon entend réaliser en matière de dépenses publiques, 20 milliards concernent les dépenses de santé. Pour y parvenir, François Fillon souhaite lutter contre les fraudes et les abus ainsi que les sources de « non-qualité » du système de santé : soins redondants ou inutiles, mauvaise coordination des soins, recours excessifs à l’hôpital et bureaucratie excessive.

Benoît Hamon, ou la complémentaire pour tous

Benoît Hamon prône un « droit à la santé universel », indépendamment du statut professionnel ou personnel de chacun. Concrètement, il veut modifier la répartition de l’aide à l’accès aux complémentaires santé : les 8 milliards d’euros d’aides publiques consacrées actuellement à l’ANI et aux avantages Madelin doivent, selon lui, bénéficier également les fonctionnaires, les retraités, les étudiants et les chômeurs de longue durée. Selon la FNMF, si on alignait toutes les aides sur celles des salariés, cela coûterait 137 euros par personne et par an, soit 3,4Mds d’euros de dépenses publiques supplémentaires.

Le candidat du parti socialiste n’est pas partisan d’un « reste à charge zéro » sur les lunettes, le dentaire ou l’audioprothèse. Selon Benoît Hamon, le remboursement à 100% pourrait entretenir, selon lui, « la rente des fabricants et de ceux qui facturent très cher des prothèses auditives ou dentaires et des lunettes ». En revanche, il plaide pour une plus grande transparence sur le coût des prothèses dentaires et auditives et pour le rééquilibrage des tarifs des dentistes.

Benoît Hamon n’a pas précisé son point de vue sur la question des contrats responsables ou encore sur les taxes sur les complémentaires santé. Ces sujets doivent, selon lui, faire l’objet d’une discussion avec les dirigeants des mutuelles et la sécurité sociale.

Jean-Luc Mélenchon ou la fin des mutuelles

Jean-Luc Mélenchon propose d’abolir les dépassements d’honoraires de supprimer les mutuelles et autres complémentaires santé. Le candidat de la France insoumise envisage de reformer tout le système de santé. La Sécurité sociale rembourserait à 100%, les soins prescrits y compris les appareils dentaires, optiques et auditifs. Jean-Luc Mélenchon estime le coût global d’une telle mesure à 17 milliards d’euros et avance plusieurs pistes de financement : la limitation des dépassements d’honoraires (8 milliards d’euros), la récupération des aides fiscales dont bénéficient les mutuelles et les complémentaires santé au titre des contrats responsables (3,5 milliards), l’économie correspondant à leurs frais de gestion (6,5 milliards).

Pour réduire le déficit de la Sécurité sociale, Marine Le Pen propose de lutter contre la fraude et les abus. Diverses taxes sur le capital ou sur des produits à bas coûts permettraient de financer la protection sociale. La candidate du Front national promet de supprimer l’Aide Médicale d’Etat (AME) et de la remplacer par une aide réservée uniquement aux patients au pronostic vital engagé ou en cas de risque majeur de santé publique. Selon la FNMF, l’AME pèse seulement 0,4% des dépenses de santé. Sa suppression créerait seulement 765 millions d’euros de recettes supplémentaires.

Marine Le Pen, au-revoir les contrats responsables

Des réductions des prestations sociales et la mise en place de la priorité nationale seraient, selon Marine Le Pen, nécessaires. Elle imposerait également aux étrangers un délai de carence de deux ans avant d’avoir accès au système de protection sociale français.

La candidate du Front national souhaite supprimer la reforme sur les contrats responsables, qui, selon elle, est « une véritable aubaine pour les organismes complémentaires, subventionnés par l’argent public ». Elle veut également remplacer les mutuelles étudiantes, trop chères et inefficaces, par une intervention directe de l’Assurance maladie. La candidate s’oppose à la privatisation des dépenses de soins et souhaite encadrer davantage les complémentaires santé privées et notamment leurs frais de gestion.

Tous les candidats sont d’accord pour renforcer les politiques de prévention, ce qui permettrait de tomber moins malade et donc de réduire les dépenses de santé.

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