La presse britannique s'interrogeait jeudi sur le maintien en poste des dirigeants de l'assureur Prudential après l'échec du rachat à 35,5Mds de dollars de la filiale asiatique d'AIG, et particulièrement sur celui du directeur général franco-ivoirien Tidjane Thiam.
« Thiam commence à avoir chaud », selon l'Evening Standard. « La pression s'accroît sur Thiam après un échec qui a coûté 450M de livres », remarquait le Times. « Thiam ne démissionnera pas après l'échec d'AIA » assurait de son côté le Daily Telegraph, illustrant son article par un pastiche d'une affiche de recherche de hors-la-loi au Far West. « Wanted, pour le gaspillage d'une énorme somme d'argent, 450M de livres pour être exact » pouvait-on lire sur l'affiche, au-dessus des visages des 14 membres du conseil d'administration de l'assureur.
La presse relevait en effet l'énorme coût de cette opération avortée, en frais de dédit à AIG (152,5Mde livres) et surtout frais bancaires et de couverture de change divers. « L'an dernier, Prudential a payé 503M en dividendes et cette année il paiera presque autant pour un rachat qui n'a pas eu lieu », commentait le Financial Times.
La plupart des journaux citaient les appels à la démission du plus activiste des actionnaires du groupe, Robin Geffen, de Neptune Investment Management, qui non content d'imaginer M. Thiam déjà parti, assurait « être ravi d'apprendre que Michael McLintock (patron de la branche d'investissement M&G de Prudential, ndlr) serait probablement le prochain directeur général. » Un autre actionnaire estimait dans le Financial Times que « la position de M. Thiam était intenable (...) car il est responsable des 450M de livres de coûts, une somme énorme dont quelqu'un devra bien être redevable ».
Mais la compagnie a laissé entendre toute la journée que M. Thiam ne démissionnerait pas, même s'il devait s'attendre à des réactions virulentes lors de l'assemblée générale annuelle du groupe qui se tient lundi, et qu'il avait reçu le soutien de grands actionnaires. Certains cités par la presse appelaient en effet anonymement les autres à éviter d'avoir des réactions « immatures », ou d'agir « de manière réflexe ».
Le Guardian notait cependant qu'il n'avait trouvé personne, parmi les grands investisseurs, « qui ait voulu publiquement s'opposer à des demandes croissantes de chamboulement majeur du conseil d'administration ». Après de nombreuses péripéties depuis le 1er mars, jour du lancement par Prudential du rachat d'AIA accepté par AIG, l'opération a définitivement capoté mercredi, après le refus d'AIG d'accepter un prix plus bas.
Londres, 3 juin 2010 (AFP)
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