Quentin Renard : "Le sujet des fonds d’investissement n’est pas tabou"
INTERVIEW – Quentin Renard, le président d’Audeo, fait le point sur l’activité de son groupe de courtage et sur ses perspectives de développement. Entre acquisitions ciblées et développement en région, le dirigeant revient également sur sa vision des fonds d’investissement.
Comment se présente l’exercice 2022 pour le groupe Audeo ?
Après avoir enregistré une croissance de notre activité de 24% en 2020 et de 12% en 2021, nous tablons à nouveau sur une progression à deux chiffres en 2022.
Vous venez de présenter un nouveau plan stratégique, quelles en sont les grandes lignes ?
L’objectif de notre projet stratégique Audeo 2026 est de doubler notre chiffre d’affaires en 5 ans. Pour ce faire, nous prévoyons un volet croissance externe en complément de notre croissance organique. Cela implique des acquisitions choisies, qui, en fonction de la taille de nos rachats, permettent une parfaite intégration à notre groupe en y associant les équipes et en trouvant des synergies. Nous pensons donc que des cibles réalisant entre 3 et 10M d’euros de chiffre d’affaires sont idéales, jusqu’à 15M d'euros pour des acteurs très spécialisés.
Sur notre activité courtage, nous sommes par exemple très intéressés par des spécialistes de la prévoyance. Sur la gestion, nous n’envisageons pas de croissance externe, mais nous cherchons des acteurs qui souhaiteraient nous confier cette activité. Il y a sur le marché nombre d’opérateurs qui ne souhaitent pas faire les investissements nécessaires, ou qui n’ont plus les bons outils pour continuer de performer sur ce segment et nous pouvons les aider avec nos équipes et nos outils digitaux. C’est ce qu’Hélium, notre société de gestion, a fait pour Diot-LSN en 2020, en prenant le contrôle de la société SFP.
L’entrée d’un fonds d’investissement à votre capital peut-il vous permettre de réaliser ces acquisitions ?
Le sujet n’est pas tabou et les fonds d’investissement font partie du paysage. Toutefois, nous sommes un groupe indépendant et familial et nous souhaitons le rester. Même si les valorisations du marché restent élevées, nous sommes aujourd’hui un groupe rentable, sans dette, avec une très bonne notation Banque de France, ce qui nous permet si besoin d’emprunter dans de bonnes conditions.
Quels avantages tirez-vous de la montée en puissance de la marque commune Audeo qui chapeaute Servyr, Hélium et Expert-IS ?
Le fait d’être un groupe est structurant, tant en interne que vis-à-vis de nos clients et partenaires. Nous disposons désormais d’une solidité financière et d’une solvabilité plus forte, mais nous sommes surtout plus attractifs en matière de recrutement. Notre groupe et ses différentes entités permettent ainsi des parcours variés et des perspectives d’évolution plus importantes qu’une structure seule, avec des passerelles entre chacune de nos sociétés, c’est une composante très positive. Enfin, le fait d’avoir un groupe plus structuré nous permet d’être parfaitement en pointe sur notre transformation digitale ainsi que sur les sujets réglementaires et juridiques.
L’arrivée de Howden en France, remet-elle en question vos partenariats ?
J’ai toujours respecté la dynamique commerciale et l’énergie déployée par Howden sur le marché européen, avec une très grande cohérence entre ce qu’ils annoncent et ce qu’ils réalisent. Il est certain qu’en tant que « servicing broker » historique de Howden en France, la volonté d’implantation de ce courtier sur notre territoire va réduire le volume de nos activités communes. Pour l'heure, ils s’implantent à peine dans l’Hexagone et demeurent respectueux de nos périmètres d’activité.
Vos porteurs de risques sont-ils aujourd’hui plus stricts en matière de souscription ?
Il y a de vrais enjeux de profitabilité pour les assureurs, notamment en santé / prévoyance. L'assurance collective est aujourd’hui très peu rentable, et les assureurs essaient maintenant de facturer à la marge les services et les frais. Même si l’on remarque un retour à une certaine discipline de souscription, nombre d’appels d’offres ne se font toujours pas à l’équilibre. En tant que courtier nous nous efforçons donc de travailler avec des clients fidèles qui puissent valoriser notre travail et qui acceptent le principe d’un contrat à l’équilibre, sans rechercher des « placements magiques ».
Justement, quelle est aujourd’hui votre politique de « go / no go » ?
Nous n’avions pas forcément ces dernières années de politique de « go / no go ». Désormais, nous essayons de structurer davantage nos prises de décisions pour être plus efficaces et travailler avec des clients de confiance. Nous recherchons des entreprises prêtes à investir dans la gestion des risques et la prévention, avec lesquelles nous avons une proximité culturelle. Nous sommes également bien équipés pour accompagner nos clients dans leurs programmes internationaux. Comme bon nombre de courtiers, nous ne voulons plus des clients qui ne recherchent que du prix…
Quid de votre extension en région ?
En plus de notre siège situé à Reims et de nos locaux à Paris, nous sommes également implantés dans le Nord (Lille, Villeneuve-d'Ascq et Marcq-en-Barœul). La perspective de pouvoir nous étendre nous intéresse, notamment en région lyonnaise, dans l’Ouest, ainsi que dans le Nord. Cela dépendra des projets qui se présentent à nous, mais nous ne ferons pas d’implantations ex nihilo. En gestion nous cherchons plutôt des courtiers spécialistes de la prévoyance et sur la partie courtage avec Servyr (ndlr : 40% du CA en IARD, 40% en ADP et de 20% en assurance-crédit), nous cherchons plutôt des cabinets orientés sur le middle-market, structurés autour d’une spécialité.
A titre personnel, vous êtes peu présent dans les instances syndicales. Cela peut-il changer ?
J’aime le partage entre pairs, mais il est compliqué de tout faire entrer dans une seule journée. Ma priorité ces dernières années a été mon entreprise familiale.
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