Réassurance : Pas de baisses de tarifs en vue (Apref)
INFOGRAPHIES - Selon l’Apref, les tarifs de réassurance vont continuer à croître dans les prochains mois. Si l’association n’anticipe pas de défaut dans la fourniture de capacités, elle demande cependant aux cédantes d’« arrêter de râler et de payer le bon prix ».
À l’occasion de la présentation des résultats 2022 de l’Apref, l’association des professionnels de la réassurance en France, en a profité pour rappeler que l’industrie, largement pointée du doigt ces derniers mois pour ses positions tarifaires drastiquement révisées, reste « solide et résiliente » selon Bertrand Labilloy, son vice-président. Pourtant, le marché doit encore « stabiliser ses résultats techniques et sa rentabilité dans le temps, tout en s’adaptant à un nouvel environnement de risques », ajoute ce dernier.
Avec des ratios combinés toujours trop élevés (98,8% en moyenne en sous-jacent selon Gallgher Re à fin 2022), les grands réassureurs mondiaux ont enregistré l’an dernier une baisse d’environ 100Mds d’euros de capacités disponibles pour les clients (-15%), une première depuis au moins 10 ans (voir graphique ci-dessous).
« Les investisseurs restent frileux car ils ont été échaudés ces dernières années et la faible hausse de la réassurance alternative, notamment via les ILS, n’est pas suffisante pour compenser cette baisse », ajoute Bertrand Labilloy. Ajoutez à cela une sinistralité Cat 2022 exacerbée avec 313Mds$ de pertes (dont 132Mds$ pour l’industries), un tiers du total des primes de la réassurance (125Mds$) a été mobilisé, avec un poids de plus en plus prégnant sur les périls secondaires.
« La hausse des expositions, couplée à la baisse des capitaux disponibles, s’accompagne de mesures de rattrapages tarifaires insuffisantes dans certaines zones géographiques, notamment en Europe ou au Royaume-Uni. Cela nous laisse donc penser à une poursuite des hausse tarifaires », précise Bertrand Labilloy.
Même tarif pour la réassurance en France
Du côté de l’Hexagone, le tableau est quasi-similaire. Même si le marché tricolore - qui accepte 2% du montant des primes mondiales - progresse avec un montant de primes en hausse sur l’exercice (voir infographie ci-dessous), les périls naturels sont là aussi venus percuter de plein fouet les réassureurs.
« Cette annus horribilis a eu pour conséquence le retrait de certains acteurs sur des périls comme la subsidence. Sur la grêle, dont on peut se demander à l’avenir si elle n’a pas vocation à devenir un péril primaire, 50 à 60% du montant global des sinistres (ndlr : 5,1Mds d’euros sur les 10,6Mds d’euros de climatiques) ont été pris en charge par la réassurance. La facture a été lourde ! », note le vice-président de l’Apref.
Position de force
Le marché anticipe donc pour 2023 des réajustements de tarifs et de garanties indispensables pour améliorer les résultats techniques. Il s’attend tout de même à des discussions « certes moins tendues mais toujours techniques » avec les cédantes, alors que s’ouvre ce weekend les Rendez-Vous de Septembre 2023 à Monte-Carlo.
Si les assureurs imposaient depuis nombre d’années leurs tarifs et conditions au marché, « le rapport de force est plus favorable aux réassureurs qu'il ne l'était », indique pour sa part Nicolas Boudias, le délégué général de l'Apref. Et devant les critiques lancées ces derniers mois à l’endroit des réassureurs sur leurs politiques tarifaires, ce dernier leur répond : « Arrêtez de râler et payez le bon prix ! Pour que l'on revienne, donnez-nous les bonnes informations pour que l'on puisse comprendre ce que l'on couvre, et acceptez de payer ce que l'on demande pour que l'on puisse faire face aux risques et rémunérer nos actionnaires ». Le message a le mérite d’être clair.
L’Apref indique in fine que sauf évènement majeur d’ici la fin de l’année, il n’y aura pas de défaut dans la fourniture de capacités, « mais uniquement à des termes et conditions jugés adaptés par les réassureurs ». L’association s’interroge également sur le caractère aléatoire de certains risques climatiques et anticipe un impact des récentes émeutes sur l’industrie.
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