La demande mondiale de réassurance vie ne se tarit pas, mais les réassureurs, eux, ne peuvent pas toujours y répondre, en particulier du fait des risques financiers que certains produits sous-tendent.
Moins exposée médiatiquement que la réassurance dommages, la réassurance vie n’en reste pas moins un marché porteur. Selon S&P Global Ratings, les primes brutes ont augmenté, de 64 milliards de dollars (environ 54 milliards d’euros) en 2016 à environ 73 milliards de dollars en 2017, aidées par des taux de change favorables. Même hors effets de change, l’agence de notation note que la croissance de ce marché se chiffre à environ 6% d’une année sur l’autre.La demande des cédantes demeure forte et challenge les réassureurs sur leurs capacités. « Il y a un regain d’intérêt pour les couvertures de surmortalité et plus généralement pour des couvertures plus structurées, ou calibrées plus finement, afin de répondre en même temps à plusieurs dimensions du risque (politique de souscription, gain en terme de SCR, impact comptable ou réglementaire…) », estime Arnaud Chevalier, directeur commercial et technique vie de la branche réassurance d’Aon France.
Une demande majoritairement portée par l’Amérique du Nord
La demande vient cependant majoritairement d’Amérique du Nord, qui génère environ la moitié des primes de la réassurance vie, et plus récemment d’Asie. « En France, les recours à la réassurance en quote-part diminuent de la part des compagnies traditionnelles et des IP, tandis que les mutuelles 45 continuent à céder », observe Joël Delplace, directeur adjoint de Verspieren Global Markets. Toujours en France, le marché ne s’est pas encore adapté aux transformations du business des assureurs.
Les difficultés des réassureurs se concentrent sur la couverture de l’épargne. « La véritable problématique est une aversion forte des réassureurs aux risques de marché et donc un marché étroit, qui nécessite de calibrer les structurations de manière fine, mais aussi robuste dans la durée, pour satisfaire et l’intérêt fort des cédantes et le peu d’appétence des réassureurs », constate Arnaud Chevalier.
Horizons longs et volatilité importante
La réassurance de l’épargne reste donc le point noir du marché. « La réassurance de l’épargne reste très faible. Etant donné le fait que cela représente des horizons longs avec une volatilité importante, les réassureurs montrent peu d’appétence à couvrir le risque », précise Arnaud Chevalier. Aon fait le même constat : « La réassurance de l’épargne reste très faible. Etant donné le fait que cela représente des horizons longs avec une volatilité importante, les réassureurs montrent peu d’appétence à couvrir le risque... ».
Autre problématique : la prochaine entrée en vigueur des normes IFRS 17. « Les normes IFRS 17 complexifient les achats de réassurance, les compagnies d’assurance transférant des risques pour des besoins réglementaires et ajustant leurs achats globaux en fonction des exigences du régulateur », déplore le directeur commercial et technique vie de la branche réassurance d’Aon France.
Pour autant, S&P Global Ratings prévoit une croissance stable des primes sur le segment de la réassurance vie d’environ 3% par an, et un rendement des capitaux propres d’environ 10% entre 2018 et 2020, contre 7% à 9% pour la réassurance dommages. Cette croissance devrait notamment être soutenue par les marchés émergents, en particulier l’Asie. « Le marché de la réassurance des assurances de personnes se développe notamment dans les marchés émergents qui voient croître le besoin des assurances directes de type prévoyance », remarque Pierre Lacoste, directeur réassurance de Groupama.
S&P surveille cependant que l’expansion sur les marchés émergents n’expose pas trop fortement les réassureurs aux risques liés à la limitation des données de marché et des données actuarielles sous-jacentes. Enfin, des réglementations comme le règlement général sur la protection des données (RGPD) pourraient rendre l’accès aux données plus difficile en Europe et le coût de leur stockage plus élevé.
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