Résultats 2018 : Le résultat technique des institutions de prévoyance se dégrade
INFOGRAPHIE - Le résultat technique des institutions de prévoyance tombe à -356 millions d’euros. Les produits financiers sur les fonds propres permettent de compenser en partie ce déficit mais le résultat net reste négatif pour la deuxième année consécutive.
Les institutions de prévoyance ont enregistré en 2018 un résultat technique de -356 millions d’euros. Le déficit a plus que doublé en un an, notamment à cause « du renforcement des provisions sur le risque arrêt de travail de certains acteurs et de la restructuration dans le secteur des institutions de prévoyance », explique Bertrand Boivin-Champeaux, directeur prévoyance et retraite supplémentaire du CTIP. Sans la citer, le Ctip fait référence à la mauvaise performance d’Humanis Prévoyance en 2018, qui vient noircir le tableau de l’ensemble des IP en 2018.
Grâce aux produits financiers sur les fonds propres, le résultat non technique de 160M d’euros est venu en partie compenser ce déficit. Au final, pour la deuxième année consécutive, les IP enregistrent un résultat net dans le rouge. Il était de -51M d’euros en 2017, il est de -196M d’euros en 2018. « C’est tendu mais c’est un phénomène exceptionnel qui masque une tendance de résultat à l’équilibre pour la plupart d’acteurs du secteur », relativise Bertrand Boivin-Champeaux.
Les autres indicateurs des institutions de prévoyance sont au vert, et notamment le ratio de solvabilité à 312% et les encours qui restent presque stables à 64,7 milliards d’euros, malgré l'instabilité des marchés financiers.
Le nombre de personnes protégées par une institution de prévoyance restent stables à 13 millions en prévoyance et 7,8 millions en santé. Les cotisations baissent légèrement à 13,4 milliards d’euros. En santé, elles reculent de -1,4% suite " à l’encadrement des garanties par le contrat responsable, à la pression concurrentielle et à l’attention portée par les IP sur les équilibres techniques, ce qui a conduit certains acteurs à résilier un certain nombre de contrats déficitaires", selon Bertrand Boivin-Champeaux. En prévoyance, les cotisations progressent de 0,1%, notamment sur le risque arrêt de travail et dépendance (+1,1%), à cause de la hausse des tarifs. Sur les risques décès et rentes, en revanche, l’activité se contracte de -1,6%, suite à l’amélioration de l’espérance de vie, qui à un impact à la baisse sur les tarifs. En retraite supplémentaire, l’activité a augmenté de 7,7%, suite notamment à la signature de deux nouveaux contrats qui ont rapporté 67M d’euros.
Les arrêts de travail augmentent encore
La charge de prestations s’élève à 12,4 milliards d’euros, en hausse de 0,9%. Si en santé la sinistralité a baissé de 1,5%, en prévoyance, en revanche, elle a augmenté de 4%. Les arrêts de travail et la dépendance, avec 4Mds d’€ de prestations versées, en hausse de 4,6% en un an, concentrent presque trois quarts de la sinistralité en prévoyance. Les prestations en assurance décès et rentes ont également augmenté de 2,5% à 1,8Md d’euros. « Les IP ont beaucoup de mal à répercuter la hausse des prestations sur les cotisations », a expliqué Bertrand Boivin-Champeaux, pour qui « toutes les actions de prévention sur le risque arrêt de travail vont dans le bon sens pour contenir la sinistralité ».
En complémentaire santé, les institutions de prévoyance ont reversé en moyenne 85 € sur 100 euros de cotisations encaissées hors taxe, contre 79 € pour l’ensemble des complémentaires. Le ratio combiné en santé s’élève à 101%. Sur les frais de santé, le Ctip constate une augmentation des dépenses de dentiste et optique, mais cette hausse est inférieure aux tendances de l’assurance maladie obligatoire. « Cela prouve les efforts des institutions de prévoyance pour accompagner et maîtriser les dépenses, via les réseaux de soins », affirme Bertrand Boivin-Champeaux.
Pilotage de groupe
Si les résultats des institutions de prévoyance sont relativement atones en 2018, les groupes de protection sociale (GPS) enregistrent en revanche de belles performances. Ces groupes sont pilotés par des organismes paritaires et sont composés d'institutions de prévoyance, mutuelles et parfois sociétés d'assurances. Leur chiffre d’affaires augmente de 2% à 27,8Mds d’euros. En santé, l’activité progresse de 1,5% à 11,2 milliards d’euros. En prévoyance la hausse est encore plus importante, avec +4,7% de cotisations collectées, à 7,9Mds d’euros. Les autres assurances (assurance vie, IARD…) ne représentent que 5,5Mds d'€ mais augmentent fortement de 15,3%. La retraite supplémentaire, en revanche, recule de 19,9% à 2,9Mds d’€. « L’année fiscale blanche suite à l’entrée en vigueur du prélèvement à la source a eu un impact important sur les versements volontaires, en retraite supplémentaire », indique Bertrand Boivin-Champeaux.
Si le résultat net des IP est négatif, celui des groupes de protection sociale reste largement positif, à 385 millions d’euros, contre 406M d’euros en 2017. « Ce résultat net reflète un pilotage davantage de groupe. Les institutions de prévoyance cherchent à se diversifier pour pérenniser leur activité au-delà de santé et la prévoyance », indique Bertrand Boivin-Champeaux.
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