INFOGRAPHIES - Dans son rapport sur « la situation des assureurs soumis à Solvabilité 2 », l'ACPR détaille par le menu les résultats sur les segments vie et non vie du secteur. Ils ont connu des fortunes diverses.
Exercice étrange que celui de l'assurance vie en 2023. Selon les chiffres de l'ACPR, la collecte brute tous supports atterrissait à 126,9Mds d'euros au 31 décembre dernier. Soit une hausse de 1,8% sur un an. Surtout, il s'agit du deuxième meilleur cru depuis 2011. Mais parallèlement, le secteur de l'assurance faisait face à une forte poussée des rachats. Ils progressaient de 16% par rapport à 2022. Et ce, en raison d'un premier semestre particulièrement chaotique. Entre janvier et juin 2023, les rachats en assurance vie dépassaient ceux des six premiers mois de 2022 de 24,4%.
Collecte nette négative
« La progression des rachats peut s’expliquer par la conjoncture économique, ainsi que par la concurrence des dépôts bancaires à terme pour lesquels les taux servis ont augmenté », explique l'ACPR dans son rapport. Pour autant, malgré cette fièvre racheteuse, le ratio moyen rachat/prime demeure « contenu », relève le régulateur. Il boucle l'exercice à 72% bien en-deçà des plus de 100% affichés au quatrième trimestre 2011. On comprend dès lors pourquoi le superviseur ne semblait pas s'émouvoir outre mesure de cette remontée des rachats au premier semestre 2023.
Enfin, la situation diffère selon la nature des supports. La décollecte nette sur les fonds euros se creusait un peu plus en 2023. Les rachats étaient supérieurs aux versements de 33,4Mds d'euros (+3,5Mds d'euros sur un an). Du côté des unités de compte, c'est l'inverse avec une collecte nette positive de 31,1Mds d'euros. Néanmoins, elle recule de 18% « par rapport à l'année exceptionnelle en 2022 », précise l'ACPR. Au global, la collecte nette tous supports confondus (hors épargne retraite) est négative de 2,3Mds d'euros sur l'exercice.
Le coup de frein de la réassurance
En assurance non-vie, les voyants sont au vert. Les primes progressent plus rapidement que les sinistres avec des croissances respectives de 5,9% et 3,9% entre 2022 et 2023. Les assureurs ont toutefois dû faire face à une nouvelle donne en matière de réassurance. Car si la sinistralité en affaires directes grimpe donc de 3,9%, les acceptations en réassurance marquent le pas de 5,8%.
Reste que malgré cette situation, le ratio combiné tous marchés en assurance vie s'améliore nettement. Il s'établissait à 98,1% au 31 décembre dernier. Soit un gain de 1,5 point sur un an. Mais l'ACPR attribue ce regain à une seule branche. Celle de l'assurance automobile. « Cette ligne d’activité a un poids significatif dans l’assurance non vie, or elle a vu le montant de ses primes augmenter contrairement à celui de ses sinistres entre 2022 et 2023 », pointe le régulateur.
Car dans le même temps, la sinistralité en incendies et autres dommages aux biens explosait. Les assureurs réglaient ainsi 16,9Mds d'euros de sinistres en 2023 contre 10,7Mds d'euros en 2018. Soit une croissance de 58% en 5 ans. Plusieurs éléments expliquent ce dérapage pour ces garanties qui couvrent les catastrophes naturelles, le vol, les incendies ou encore la grêle et la tempête. L'inflation vient gonfler le coût des sinistres. Le secteur faisait par ailleurs face aux émeutes à l'été 2023 pour une facture de 793M d'euros. Enfin, la facture des évènements climatiques a doublé depuis 2018. Avec 3,3Mds d'euros, 2023 était ainsi le pire exercice sur le front des cat nat depuis 1999.
Le secteur de l'assurance en France n'en demeure pas moins solide. Le taux de couverture moyen du SCR grappillait 2 points entre 2022 et 2023. Il atteignait ainsi 249%. Hors bancassureurs, il gagnait 12 points à 229% pour les organismes vie et mixtes. Et perdait 6 points à 281% pour les assureurs non vie.
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