Retraite : Un avenir prometteur pour les femmes
Le recul de l’âge de la première grossesse pourrait permettre de réduire l’écart patrimonial entre les hommes et les femmes au moment de la retraite, selon un rapport d’Allianz Research. À condition d’accroître la culture financière des femmes.
De plus en plus de femmes remettent la maternité à plus tard. De fait, l’âge de la première grossesse est en recul depuis 10 ans. En France - le pays ayant le taux de natalité le plus élevé en Europe - il est ainsi passé de 27,8 ans à 28,8 ans en 2019. En revanche cette tendance « peut avoir un effet positif sur la situation des femmes en matière de revenus et de patrimoine et contribuer ainsi à réduire à long terme les écarts de revenus et de pensions », indique le récent rapport d’Allianz Research. Pour rappel, en France, l’écart de pension - tous actifs confondus - entre les hommes et les femmes au moment de la retraite était encore de 36,7% en mars 2021, d’après les chiffres de l’OCDE.
Des femmes sur le front
L’augmentation de la participation des femmes au marché du travail se reflète sur les montants qu’elles touchent à la retraite. Au sein de l’Union européenne, le taux d’activité des femmes est passé de 69,9% en 2002 à 78,4% en 2020. Ainsi, le rapport montre qu’en France l’écart de pension de retraite entre les deux sexes en 2019 s’élevait à 31%, contre 38% en 2010. « Ces progrès sont les bienvenus, mais il est également évident que des taux d'activité plus élevés ne suffiront pas à combler l'écart. Pour cela, il faut que quelque chose d'autre change », indique le rapport.
À demi-mesure
« La part des femmes travaillant à temps partiel dans l’Union européenne a légèrement diminué ces dernières années, passant de 29,6% en 2013 à 28,4% en 2019. Selon les derniers chiffres, il n'y a pas eu d'inversion de cette tendance pendant la crise, avec 28,3% des femmes actives âgées de 25 à 59 ans travaillant à temps partiel en 2020. En France, cette part a également légèrement diminué au cours de la dernière décennie, passant de 29,7% en 2014 à 26% en 2020. Cependant, la part des hommes travaillant à temps partiel dans cette tranche d'âge est nettement plus faible, avec 6,6% dans l'Union et 6,2% en France », commente la doctoresse Michaela Grimm, auteure du rapport.
Le modèle familial classique reste encore ancré dans les mœurs. En effet, les femmes travaillant à temps partiel ou pas du tout le justifient principalement par le fait de s'occuper d'un adulte handicapé, d'enfants ou pour d'autres raisons familiales, tandis que les hommes invoquent l'absence d'un emploi à temps plein comme principale raison. « Ces différences se reflètent dans les droits à la retraite des femmes, car les travailleurs à temps partiel ou les employés dont les salaires sont inférieurs à certains seuils de revenus ne sont souvent pas inscrits dans les régimes de retraite professionnelle », précise le rapport.
Différence de culture financière
Allianz Research pointe aussi du doigt la différence de prises de risques entre les sexes, la considérant comme un « un facteur aggravant » dans l’écart de patrimoine au moment de la cessation d'activité. « L'écart en matière de pension pourrait - au moins partiellement - refléter des priorités différentes dans la vie. Il est de la plus haute importance de s'attaquer également à cet écart en matière d'investissement », indique ensuite le rapport. Alors que les hommes ont su démontrer une culture financière plus forte, il semble nécessaire d’améliorer celle du sexe opposé ainsi que de faciliter l’accès au régime de retraite complémentaire pour les femmes.
« Ce comportement se retrouve déjà à l'école, des études montrent que les filles ont moins confiance en leurs capacités mathématiques que leurs camarades masculins, même si elles ont de meilleurs résultats aux tests. Les programmes spéciaux qui s'adressent exclusivement aux femmes se sont avérés efficaces pour améliorer leurs connaissances financières. Toutefois, comme il semble qu'il ne suffise pas d'améliorer "seulement" les connaissances financières des femmes, il faut aussi renforcer leur exposition aux marchés financiers et leur confiance dans leurs connaissances financières », conclut Michaela Grimm.
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