Les partenaires sociaux de la branche de l’assurance ont organisé une concertation afin d’aborder le fort taux d’absentéisme qui sévit aussi chez les assureurs.
Les cordonniers sont-ils les plus mal chaussés en matière d’absentéisme ? La branche de l’assurance a beau être aux premières loges de la couverture des arrêts de travail dans les entreprises, elle n’est pas exemplaire en la matière. Les partenaires sociaux se sont réunis le 19 mars dernier afin d’aborder le phénomène qui risque de déstabiliser le régime prévoyance de la branche. L’idée était de discuter du sujet dans le cadre d’une concertation, afin de permettre aux participants de sortir des postures d’employeur et salarié.
Le BCAC (Bureau commun d'assurances collectives) qui assure le régime prévoyance de branche a dressé un bilan préoccupant. En 2022, l’absentéisme a battu des records au niveau interprofessionnel, comme le soulignait Axa dans son baromètre. La branche de l’assurance n’a pas été en reste, avec un taux moyen d’absentéisme compris entre 4,5 et 5%, soit le haut historique.
« Nous avons constaté une explosion des arrêts maladie en 2022, avec une forte augmentation de prises en charges par le BCAC en raison notamment de risques psycho-sociaux. Nous nous demandons s’il y a un lien entre le télétravail et les arrêts de travail. Les organisations des entreprises se sont-elles correctement adaptées au télétravail ? », s’interroge Thierry Tisserand, secrétaire général de la FBA CFDT.
Hausse de 29% des prestations
Les prestations prévoyance du BCAC ont augmenté de 29% entre 2019 et 2022. Le BCAC a versé 35M d’euros de prestations incapacité en 2022, en augmentation de 20% par rapport à 2021. A priori, la dynamique devrait se tasser en 2023 mais les chiffres ne sont pas encore stabilisés. L’absentéisme devrait rester à un niveau très élevé. En 2023, 34% des salariés de l’assurance ont été absents au moins un jour. Par ailleurs, les prestations sur le risque invalidité ont continué à croître en 2023.
Le BCAC observe des taux d’absentéisme plus élevés dans le Nord de la France et dans les grandes entreprises. Les jeunes et les seniors en fin de carrière s’arrêtent plus souvent. Les femmes et les salariés non-cadres affichent également des taux plus élevés que la moyenne. Le régime de branche a souligné également une progression des arrêts de travail chez les managers. Des tendances qui se confirment également au niveau interprofessionel.
Que faire face à ce constat ? Dans le cadre de la concertation de branche, WTW a proposé différentes options : du soutien psychologique, des actions de sensibilisation sur les risques psycho-sociaux, travailler sur l’ergonomie des postes de travail, instaurer des actions de soutien en direction des salariés aidants…
Une négociation à venir sur l'emploi des seniors
Mis à part ces actions de prévention, le diagnostic doit nourrir les négociations à venir dans la branche de l’assurance. Les partenaires sociaux ont prévu également d’organiser prochainement des concertations sur l’emploi des seniors, l’impact de l’intelligence artificielle et le travail hybride.
L’allongement des carrières professionnelles devrait amener la branche de l’assurance à proposer un accord-cadre sur l’employabilité des seniors. La CFDT demande d’instaurer des dispositifs de retraite progressive en partie abondés par l’employeur afin de permettre aux salariés de s’arrêter dans de bonnes conditions. Le diagnostic sur l’absentéisme devrait par ailleurs nourrir la négociation sur la Gestion des emplois et parcours professionnels (GEPP) à venir.
Au cours de la réunion, la question de l’incivilité a également été soulevée par les représentants des salariés. La branche de l’assurance pourrait s’inspirer de l’accord sur les incivilités en cours de renégociation au niveau de la branche des banques et de l’accord sécurité et incivilité conclu dans la branche banques populaires-caisses d’épargne. « Chez la CFTC, on porte le sujet de l’augmentation des incivilités des clients, qui doivent être un sujet de préoccupation pour l’entreprise. Il faut faire le lien avec l’absentéisme, former le salarié pour l’aider à faire face aux incivilités », déclare Virginie Le Pape, Présidente du Syndicat National de l’Assurance et de l’Assistance SN2A -CFTC.
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