Santé : Les centres low-cost et le tourisme dentaire dénoncés par les dentistes
Apparition récente de centres dentaires low cost, tourisme dentaire dans certains pays européens : la profession dentaire a mis en garde vendredi patients et pouvoirs publics contre les dangers "pour la santé publique" de choisir ces modes de soins bon marché.
Les pratiques de centres dentaires d'un type nouveau sont particulièrement dénoncées par le Conseil de l'Ordre des chirurgiens-dentistes, l'Association Dentaire Française (ADF) qui tient son congrès à Paris et la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD).
"Ces cliniques low cost ne choisissent que les soins qui sont très rentables, c'est-à-dire l'implantologie et la prothèse et négligent totalement les soins habituels (...) alors qu'elles doivent soigner tout le monde", a déclaré le président de l'Ordre Christian Couzinou lors d'une conférence de presse. Selon lui, des plaintes de patients ayant été l'objet de "surtraitements" (par exemple la pose inutile d'une couronne) ou souffrant d'infections après les soins, commencent à arriver, notamment à l'Ordre départemental du Rhône.
Ces centres dentaires -- à distinguer des centres de santé mutualistes ou municipaux --, s'adressent notamment à une clientèle défavorisée. Il s'agit de personnes le plus souvent couvertes par la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire).
Ces centres, actuellement au nombre d'une dizaine, sont situés à Paris, Lyon, dans les banlieues de ces deux villes, et à Marseille. Ils appartiennent à des sociétés de statut associatif, ayant pour nom Addentis et Dentexia.
"Nous avons commencé par les clients CMU mais nous avons maintenant des cliniques dans les beaux quartiers", a affirmé à l'AFP Dominique Goedert, adjoint au directeur de Dentexia. "Nos prix sont deux à trois fois moins élevés que ceux des praticiens libéraux", a-t-il précisé, expliquant que ces cliniques peuvent se permettre ces tarifs en raison d'une organisation du travail et d'un modèle économique différents.
Il a dit que les dentistes salariés dans ces centres, souvent des femmes mères de famille, sont payés 5.000 euros par mois, pour 35 heures sur quatre jours.
Les praticiens sont déchargés de leurs tâches administratives et soignent en permanence avec la même assistante. Les soins concernent plusieurs dents si besoin et peuvent durer parfois plus de deux heures. Des chirurgiens-dentistes ayant travaillé dans ces centres commencent à témoigner. "Ils sont un peu outrés de la façon dont on les fait travailler", car ils doivent suivre les consignes d'un commercial qui leur donne des objectifs quantitatifs, a affirmé M. Couzinou.
Ces cliniques, autorisées par les Agences régionales de santé (ARS), sont susceptibles de subir des contrôles qualité de l'assurance maladie. L'Ordre a réclamé l'été dernier au ministère de la Santé une enquête de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) sur ces centres, sans réponse jusqu'ici, selon lui.
L'Ordre est moins préoccupé par le tourisme dentaire dans d'autres pays européens, Hongrie notamment, qui ne représente que le chiffre d'affaires de 40 praticiens français (sur 40.000). Mais il a mis en garde contre les risques de complications à la suite de ces soins prodigués sur une courte période, sans tenir compte du temps de cicatrisation.
Avec AFP
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