Santé : Les contraintes financières se font de plus en plus pesantes sur les hôpitaux publics selon Dexia
Subventions d'Etat gelées, crédits bancaires inaccessibles, les contraintes financières sont de plus en plus fortes sur les hôpitaux publics qui sont contraints de freiner leurs investissements, selon une note de conjoncture de Dexia Crédit Local (DCL) publiée mercredi.
La note, qui utilise notamment les données des comptes de tous les établissements publics de santé en 2010, centralisés par la Direction générale des finances publiques (DGFiP) et qui trace des perspectives pour 2011 et 2012, montre pour 2010 un "effet de ciseaux" avec un net ralentissement de la progression des produits (+2,8% contre 3,3% en 2009) à 67,3 milliards d'euros tandis que les charges ont accéléré (+3% contre 2,5%) à 63,4 milliards.
Les produits proviennent principalement (pour 73%) de l'argent versé par l'assurance maladie. Or ces produits n'ont progressé que de 2,3% contre 3,6% en 2009.
Les charges de personnel qui représentent 73% de l'ensemble des charges, ont progressé de 2,5% contre 1,8% en 2009. Cette croissance modérée des charges de personnel montrent, selon la note, des efforts de maîtrise des charges salariales, surtout dans les gros établissements. "Sachant que la progression tendancielle de leurs charges est évaluée à 3,3%", les hôpitaux ont dû faire 400 millions d'économies en 2011. En 2012, cet effort "serait porté à 700 millions", selon la note de DCL.
Face à la raréfaction du financement, les hôpitaux doivent disposer d'une bonne capacité d'autofinancement (Caf) pour continuer à investir. La Caf globale s'est maintenue en 2010 à 3,9 milliards.
Au cours d'une conférence de presse, Jean-Luc Guitard, directeur France de DCL a confirmé que sa banque, en phase de démantèlement, n'accordait plus de crédits aux hôpitaux depuis le début 2012 après avoir été leur financeur traditionnel, comme pour les collectivités locales.
Si d'autres banques ont un moment remplacé Dexia, elles se détournent aussi des hôpitaux, emprunteurs de long terme, notamment en raison des nouvelles règles prudentielles de Bâle III qui font que "cela coûte plus cher de financer long".
Si les investissements hospitaliers étaient autofinancés jusqu'en 2002, le recours à l'emprunt a explosé jusqu'en 2009. Mais en 2010 le taux de couverture des investissements par l'endettement s'est replié à 36% contre 43% l'année précédente. L'endettement était passé de 350 millions en 2002 à presque 3 milliards en 2009, mais est redescendu à 2,4 milliards. Désormais, selon M. Guitard, il "faudra financer les travaux avant de les lancer", contrairement aux pratiques anciennes.