Près d'un opticien sur cinq propose à ses clients un arrangement frauduleux pour limiter leur reste à charge, révèle mardi une enquête de l'UFC-Que choisir, qui s'interroge sur leurs "liaisons dangereuses" avec les complémentaires santé.
L'étude a été menée auprès de 1.188 opticiens, soit 10,4% des magasins d'optique français, par des enquêteurs bénévoles de l'association, entre les 9 et 23 novembre 2013. L'enquêteur ou "client mystère", disant vouloir s'équiper de verres simples, était chargé d'opter pour une monture d'un montant minimal de 140 euros. Dans le même temps, sans rien solliciter, il devait communiquer à l'opticien la prise en charge maximum de sa complémentaire santé: 90 euros pour la monture et 390 euros pour les verres. Puis faire valoir que le reste à charge de la monture (soit 50 euros minimum) était trop élevé pour lui.
La première solution proposée par les opticiens est de s'orienter vers des montures moins chères (28% des cas). Par ailleurs, 16% des vendeurs ont consenti une remise exceptionnelle et 13% ont proposé un paiement en plusieurs mensualités.
Mais près d'un magasin sur cinq (18%) suggère, de manière spontanée, "une fraude à la complémentaire santé", explique l'UFC-Que Choisir: celle-ci consiste à modifier la facture en majorant artificiellement le prix des verres (pour parvenir au maximum de 390 euros) et en réduisant celui de la monture, à 90 euros.
L'enquête montre que les opticiens indépendants sont plus enclins à la fraude que les grandes enseignes. L'association y voit "un effet de taille": les indépendants vendant moins de paires de lunettes, sont plus tentés par ces pratiques pour conclure une vente.
Si des enseignes paraissent plus "vertueuses" en maintenant la fraude à moins de 10% des cas (Optical Center et Les opticiens mutualistes), d'autres en revanche affichent des taux très élevés, supérieurs à 15% (Optic 2000 ou GrandOptical).
Ces pratiques frauduleuses se traduisent par un surcroît de prestations à payer de la part des complémentaires santé et, par conséquent, par une augmentation des cotisations versées à ces complémentaires. Au total, le coût est évalué par l'UFC Que Choisir à 142M d'euros par an pour le consommateur.
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