Scor/Covéa : Ce que contient le dossier transmis au tribunal
L'affaire Scor/Covéa se poursuit sur le terrain judiciaire depuis que le réassureur a engagé des poursuites contre Thierry Derez et le groupe mutualiste. Ce mercredi, Scor détaille les pièces versées au dossier pour appuyer sa démarche.
« Projet parfum », nom de code « Eole », l'affaire mettant aux prises Covéa, Thierry Derez et Scor prend les allures d'un scénario de film d'espionnage sur fond de guerre froide. Dans une série de documents publiés ce mercredi, le réassureur français détaille en effet les éléments qui l'ont conduit à intenter des actions judiciaires contre le PDG de Covéa et la Sgam regroupant notamment Maaf, MMA et GMF.
Thierry Derez est ainsi convoqué le 24 juin prochain devant la 13e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris « en qualité de prévenu » pour avoir divulgué « des informations et un document strictement confidentiels au préjudice de la société Scor SE », indique la citation à comparaître.
Echanges de mails
Il lui est reproché d'avoir utilisé des informations dévoilées au comité stratégique de Scor le 25 juillet 2018 sur un éventuel rapprochement avec Partner Re, baptisé « Projet parfum ». Pour appuyer ses accusations, le groupe dirigé par Denis Kessler, verse toute une série de mails au dossier transmis à la justice et notamment des échanges entre Covéa et Crédit Suisse. Dans l'un d'eux, envoyé le 27 juillet 2018, Julien Lamm, managing director en charge de l'opération chez Crédit Suisse affirme que Thierry Derez l'a mandaté pour préparer un argumentaire afin de « tuer » le projet de fusion entre « Eole » (nom de code de Scor) et Partner Re.
3 jours plus tard, le 30 juillet, le même Julien Lamm indique dans un mail que Thierry Derez s'interroge sur la marche à suivre pour proposer une offre concurrente de Covéa au "projet parfum". Doit-il présenter une offre concrète au conseil d'administration ? Doit-il simplement évoquer la possibilité d'une offre alternative présentée par Covéa ou critiquer le projet avec Partner Re, puis préparer une offre ?
La question est tranchée le même jour. « Je viens d'avoir un appel avec Covéa qui souhaite avoir une offre de financement prête pour la fin du mois d'août », écrit Julien Lamm. Date à laquelle le « projet parfum » devait être examiné par le conseil d'administration de Scor.
Le 31 juillet, le managing director de Crédit Suisse affirme que Covéa envisageait une acquisition de Scor en 2019, mais que le projet de rapprochement avec Partner Re a contraint le groupe a accéléré le processus. « Ce courriel confirme, sans la moindre ambiguïté, que c'est bien en raison du projet éventuel discuté confidentiellement lors du comité stratégique du conseil d'administration de Scor du 25 juillet 2018 que Covéa demande à ses conseils financiers d'accélérer la prise de contrôle de Scor initialement prévu pour 2019 », argumente le réassureur.
Ce dernier produit d'ailleurs un mail envoyé par l'assistante de Thierry Derez, Catherine Galot, a Barclays, également sollicité sur le projet d'offre de Covéa, dans lequel il est transmis, en pièce jointe, le compte-rendu du comité stratégique de Scor du 25 juillet 2018 évoquant le « projet parfum ».
Selon le réassureur, ces échanges de mails viennent caractériser le délit d'abus de confiance pour lequel il intente une action pénale contre Thierry Derez. Scor demande que le PDG de Covéa soit condamné à lui verser 300.000 euros au titre du préjudice moral. Il demande 600.000 euros à l'encontre de Covéa et Covéa Coopérations.
Le conseil d'administration de Covéa doit se réunir ce mercredi 30 janvier et « réserve tous ses droits dans le cadre de la protection de ses intérêts face à des accusations graves, infondées et attentatoires à sa réputation », indique un communiqué.
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