Semaine de 4 jours : Les salariés de l'assurance veulent l'expérimenter

mardi 2 avril 2024
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Selon une enquête de la Fédération CFE-CGC Assurance, les salariés de l'assurance souhaitent expérimenter la semaine de 4 jours. Malakoff Humanis et Axa ont commencé.

La Fédération CFE-CGC de l'assurance a mené une enquête auprès de 4.000 salariés du secteur sur la qualité de vie au travail et le travail hybride. Face à l’augmentation de l’absentéisme dans la branche et aux problèmes de recrutement du secteur, la CFE-CGC incite les entreprises à se saisir de la semaine de 4 jours. Pour l’organisation syndicale, ce serait un moyen d'améliorer la motivation des salariés, dans un contexte d’augmentation des démissions. Le CFE-CGC est convaincue que le télétravail a augmenté la productivité dans les entreprises et demande un bilan sur le sujet. Par ailleurs, le syndicat anticipe les conséquences de l’intelligence artificielle qui va transformer profondément certains métiers.

La CFE-CGC avait déjà lancé une enquête sur la semaine de 4 jours en janvier 2023. Le 27 mars dernier, le Premier ministre Gabriel Attal annonçait une expérimentation dans tous les ministères sur ce type d’organisation.

Certains l'ont mis en place, d'autres l'expérimentent

Dans le secteur de l’assurance, Mutuelles du Soleil et Tutélaire l’ont mis en place. Malakoff Humanis expérimente actuellement la semaine de 4 jours. Mais uniquement pour des salariés dont le métier n’est pas compatible avec le télétravail. Le site d’Axa Wealth Services à Mérignac l’a également testé pendant quatre mois, avant de revenir en arrière. Chez Matmut, la CFE-CGC souhaite également inscrire la semaine de quatre jours dans le cadre de l’accord télétravail en cours de renégociation. Le syndicat suggère de mettre en œuvre cette organisation pour le personnel des petites agences qui n’a pas aujourd’hui le droit de faire du télétravail, dans un souci d’équité professionnelle.

Au niveau de la branche assurance, la CFE-CGC souhaite inscrire la semaine de quatre jours dans le cadre de la prochaine concertation paritaire sur l’organisation du travail.

D’accord pour tester

Le sujet intéresse les salariés de l’assurance. 62% des répondants du sondage de la CFE-CGC seraient favorables à la mise en place de la semaine de quatre jours sans aucune contrainte, que ce soit sur le nombre de jours de RTT ou de télétravail. 31% y sont favorables, mais en ayant la possibilité de l’expérimenter avant de prendre une décision définitive. Uniquement 3% pensent que cette organisation devrait être réservée aux jeunes parents, aux aidants familiaux et aux collaborateurs proches de la retraite. Enfin, 10% des salariés n’en veulent pas et 7% ne savent pas.

Quelles contreparties ?

Faut-il réduire la charge de travail ou renoncer à certains avantages en contrepartie de la semaine de 4 jours ? La CFE-CGC ne souhaite pas avoir « une position dogmatique » et assimiler la semaine de 4 jours à une semaine de 32 heures. « Nous souhaitons réfléchir à un nouveau contrat social en essayant de conserver le maximum d’acquis sociaux, tout en sachant qu’on ne peut pas tout avoir ni revenir en arrière en matière de télétravail », signale Francky Vincent, président de la CFE-CGC Assurance.

Sur les modalités de mise en œuvre, 65% des salariés se disent prêts à faire des journées de travail plus longues. 30% des salariés accepteraient de diminuer le nombre de jours de RTT. Un quart se dit favorable à instaurer des jours fixes de travail. En revanche, uniquement 14% des salariés veulent une réduction/suppression de jours de télétravail. Réduire le temps de travail hebdomadaire avec une réduction de salaire ne rencontre que 8% de soutiens.

Quels risques et bénéfices ?

Interrogés sur les bénéfices attendus, 73% des salariés espèrent diminuer le stress et augmenter le bien-être et 67% envisagent de faire plus de sport ou de sorties culturelles. 45% des répondants ont également identifié des bienfaits sur la réduction des temps de trajet et des coûts associés. 28% ont indiqué que la semaine de quatre jours leur permettrait de passer plus de temps avec leurs enfants et réduire les frais de garde. 20% envisagent de se consacrer à un projet professionnel ou une activité professionnelle secondaire (associative ou politique). Et 20% en profiteraient pour s’occuper d’un proche en situation de fragilité.

Enfin sur les inconvénients de cette organisation, la CFE-CGC pointe des journées de travail trop longues. L’organisation syndicale indique la nécessité d’accompagner la mise en place de la semaine de quatre jours d’une révision sur la manière de travailler. Instaurer le principe du volontariat et mener un essai préalable avant la mise en place définitive apparaissent également comme des points importants.

Attention aux risques du télétravail

L'enquête de la CFE-CGC porte également sur le télétravail, qui est devenu la norme dans le secteur de l’assurance. Uniquement 2% des salariés aimerait revenir entièrement en présentiel ou réduire le nombre de jours. 28% des répondants aimeraient même augmenter le nombre de jours de travail à distance ! Leur regard est plutôt positif. Six salariés sur dix affirment que le télétravail a favorisé leur efficacité professionnelle. Il a permis de réduire les temps de trajet et d’améliorer la conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle.

Cependant, trois ans après la crise sanitaire qui a mis tout le secteur en télétravail, la CFE-CGC soulève quelques points de vigilanceL Le syndicat évoque la nécessité de s’intéresser aux « conditions de télétravail » qui vont au-delà des conditions matérielles. Un quart des salariés constatent « une diminution du partage d’expérience » en entreprise. 18% d’entre eux font état d’une détérioration des relations avec les collègues. 14% reconnaissent avoir des difficultés concernant le temps et le rythme de travail. 14% également éprouvent une dégradation de leur santé mentale. Et 11% de leur santé physique.

Pour améliorer cette situation, le syndicat des cadres propose de « diminuer le nombre et la durée des réunions ». Et suggère de systématiser « une politique de droit à la déconnexion ». 73% des salariés demandent également plus d’autonomie dans le travail et certains dénoncent une certaine forme de « flicage managérial ».

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