Serge Brichet : "Malgré la fin de la MFP, la finalité reste la même"
INTERVIEW – Serge Brichet, président de la Mutualité Fonction Publique (MFP), revient sur les raisons du rapprochement avec la Fédération nationale de la mutualité Française (FNMF).
Le 12 juillet, les délégués de la MFP ont voté le rapprochement avec la Mutualité Française. Cela implique à terme la disparition de l’institution que vous présidez. Pourquoi ce rapprochement ?
Nous avons proposé ce rapprochement à la FNMF il y a plusieurs mois. L’idée est simple : faire plus et mieux ensemble afin de défendre les agents publics en réunissant au sein d’une seule fédération toutes les mutuelles de la fonction publique, dont certaines sont adhérentes à la FNMF mais pas membres de la MFP. L’objectif est de continuer à porter les sujets au sein de la FNMF, ce qui permettra de leur donner une audience plus forte auprès des pouvoirs publics.
Combien de mutuelles de la fonction publique compte la FNMF ?
Quelques mutuelles de la fonction publique n’appartiennent pas à la MFP, comme, par exemple, la MNH, Unéo, MGP, Intériale, … Par ailleurs, les 18 mutuelles de la MFP sont « naturellement » également membres de la FNMF. Ce n’est donc pas très cohérent de rester chacun de son côté, notamment dans le contexte actuel de réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires.
Quelles sont les conséquences opérationnelles de ce rapprochement ?
Nous allons transférer à la FNMF les activités de la MFP et le personnel lié à ces activités, soit une quinzaine de personnes. La seule activité que la MFP ne transférera pas à la FNMF est le conventionnement hospitalier dont bénéficient une dizaine de mutuelles.
La Mutualité Française ne souhaite pas reprendre cette activité. Nous avons pris l’engagement de trouver un point de chute à cette mission vers un autre organisme assureur du secteur et d’y transférer les salariés concernés.
La MGEN pourrait-elle reprendre cette activité ?
Ce n’est pas à exclure, mais ce n’est pas encore décidé. La MGEN porte déjà via la MFP cette dynamique de conventionnement, qui permet de limiter le reste à charge des adhérents. C’est une activité qui mérite d’être repensée au niveau de son contenu. Mis à part le tarif de la chambre particulière, il y a d’autres sujets à explorer comme les hospitalisations en ambulatoire ou l’accompagnement de l’adhérent en aval et en amont de l’hospitalisation. Le conventionnement hospitalier est un partenariat gagnant-gagnant participant, pour les adhérents, à la maitrise des tarifs et assurant aux professionnels de santé une certaine forme de solvabilisation.
Que vont devenir les salariés de la MFP ?
Le rapprochement ne doit emporter aucune conséquence sociale négative, comme je l’évoquais ci-avant. Mais il se peut que certains d’entre eux veuillent prendre, à cette occasion, une autre orientation professionnelle. Dans ce cas, ils seront accompagnés.
Comment seront représentées les mutuelles de la fonction publique au sein de la FNMF ?
Nous avons prévu de créer au sein de la FNMF un Conseil des mutuelles de la fonction publique. Son objectif sera de suivre tous les sujets liés à la protection sociale complémentaire des agents publics, de la promouvoir et de la défendre. Cela nécessitera une adaptation des statuts de la FNMF.
Quel est le budget de la MFP ? Pour les mutuelles, la cotisation à la MFP va-t-elle disparaître ?
La MFP a un budget de fonctionnement d’un peu plus de 3 millions d’euros par an et les mutuelles, pour la plupart, paient une cotisation équivalente à 1,06 euros par membre participant. Il n’y aura plus demain de cotisation MFP et le rapprochement doit se faire selon un principe de neutralité budgétaire. Autrement dit, l’arrivée de la MFP à la FNMF ne doit pas entraîner une hausse de cotisation pour les adhérents de la FNMF.
Quel est le calendrier du rapprochement ?
Nous nous sommes donnés comme échéance le 30 juin 2024 pour rendre effectif ce rapprochement. Le 12 juillet, l’assemblée générale de la MFP doit valider le principe du rapprochement. La FNMF fera la même chose le 6 septembre prochain, lors de sa propre assemblée générale à Marseille, en amont du Congrès de la Mutualité.
Vous présidez la MFP depuis 2014. Pas de regret de « fermer la boutique » ?
J’observe que mon engagement mutualiste m’a souvent conduit à rapprocher des structures, partant du principe que la finalité d’une cause est plus importante que l’institution qui la porte. Ce rapprochement relève de la même volonté. Dès lors la nostalgie, si elle existe, doit légitimement se « diluer » derrière cette démarche, que je souhaite profondément utile pour les agents publics et les mutuelles qui les protègent.
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