Sgamification, qui ne se ressemble pas s’assemble

mercredi 17 janvier 2018
Image de Sgamification, qui ne se ressemble pas s’assemble

Les acteurs non lucratifs de la protection sociale se partagent entre les adeptes du groupe prudentiel et les partisans d’un partenariat moins engageant au sein d’une UGM (Union de groupe mutualiste). Deux tendances se dessinent.

Obligés par Solvabilité II, de nombreux acteurs ont créé leur Sgam (Société de groupe d’assurance mutuelle) en 2017, à l’image de Macif, Malakoff Médéric ou encore Matmut. Du côté des institutions de prévoyance, Agrica et AG2R La Mondiale ont créé une Sgaps (Société de groupe assurantiel de protection sociale). Dans le secteur mutualiste, la naissance du groupe Vyv réunissant MGEN, Harmonie Mutuelle et Istya au sein d’une Union mutualiste de groupe (UMG) a également amorcé une tendance de concentration.

Malgré ces alliances symboliques, « je constate un coup d’arrêt sur le nombre de groupes prudentiels en 2017, après des années d’engouement pour ce type de regroupements », indique Marie-Laure Dreyfuss, associée d’Actuaris, responsable du pôle gouvernance. Les échecs des Sgam de Sferen ou entre Malakoff Médéric et La Mutuelle Générale ont refroidi d’autres acteurs tentés par des associations alléchantes. En cause, une obligation explicite dans les statuts de création d’une Sgam qui stipule que celle-ci doit avoir une « influence dominante » sur ses membres. « Beaucoup d’acteurs souhaitent se rapprocher pour faire du développement mais ne sont pas prêts à se soumettre à l’influence dominante de leur tête de groupe », explique Marie-Laure Dreyfuss.

L’UGM, l’avant-chambre du groupe prudentiel ?

Pour pouvoir travailler ensemble sans faire des concessions sur leur gouvernance, d’autres acteurs ont opté pour l’Union de groupe mutualiste (UGM). Klésia, Humanis, Vyv se sont dotés d’une UGM. « Il faudra voir si l’UGM est un premier pas pour bien se connaître avant de rejoindre le groupe prudentiel ou bien si c’est une structure qui permet aux membres de rester indépendants tout en bénéficiant de certaines synergies », analyse Marie-Laure Dreyfuss.

Une structure à trois têtes

Une autre interrogation pour 2018 est l’avenir des groupes prudentiels en cascade. Par exemple, AG2R La Mondiale est issu d’une Sgaps qui est affiliée à la Sgam AG2R La Mondiale aux côtés de La Mondiale. Le groupe a annoncé son projet de rapprochement avec Matmut, démontrant ainsi que toutes les formes d’alliance sont envisageables. La structure prudentielle à deux étages risque donc de devoir en accueillir un troisième « L’ACPR semblait très réticente à la création de ces groupes en cascade mais le droit français est très complexe et ce n’est pas possible de fusionner deux entités régies par le code de la Sécurité sociale et le code des assurances ».

Les contraintes règlementaires poussent les petits et moyens acteurs à se rassembler. D’autres exigences de type technologique, comme la transformation numérique, pèsent lourd dans la décision d’intégrer une structure plus grande. De l’autre côté de la balance, il y a le coût financier non-négligeable d’un regroupement et « un héritage mutualiste difficilement compatible avec l’esprit du groupe prudentiel, encore assez vivace dans certains esprits », indique la consultante.

Pour créer un nouveau groupe comme Vyv ou Aesio les mutuelles fondatrices ont également puisé dans leurs ressources humaines pour équiper la tête de groupe. « Nous avions paupérisé les mutuelles pour faire remonter des effectifs à la sommitale. Afin de ne pas doubler les effectifs, il fallait fusionner nos trois mutuelles », déclarait Alain Tison, président d’Apréva, lors de l’annonce du rapprochement d’Aesio avec Macif. Enfin, certains acteurs comme Maif ou CCMO Mutuelle souhaitent pour l’instant rester indépendants et maîtres de leur destin. « Auparavant, la recherche de la taille faisait sens. Aujourd’hui, cette recherche de la puissance et de la taille n’est pas la plus adaptée pour faire face aux défis que nous devons affronter, en termes d’innovation et d’agilité », affirme Pascal Demurger, directeur général de Maif.

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