Stéphane Coste, serviteur volontaire de Jean-Marc Raby

mardi 1 août 2017
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PORTRAIT - Le directeur de cabinet du directeur général de la Macif est l'un de ses plus proches collaborateurs et l'un de ses admirateurs. Stéphane Coste partage avec Jean-Marc Raby l'amour pour la littérature et pour les objets anciens et affirme qu'il y a une part de servitude volontaire dans son travail.

Le bureau de Stéphane Coste est trop encombré de dossiers pour nous permettre d'y jeter un coup d'oeil. Le directeur de cabinet de Jean-Marc Raby se confond en excuses et nous conduit dans une salle de réunion bien rangée. Costume gris, barbe bien taillée, lunettes carrées, Stéphane Coste se dit être « un pur produit des sciences sociales ». Il fait des études en histoire, en science politique en passant par la sociologie des organisations, puis il obtient un DEA à Dauphine.

Cet originaire de Strasbourg rêvait d'être architecte quand il était petit, mais il finit par faire carrière dans la banque, d'abord à la Caisse d'Epargne pendant six ans et ensuite au Crédit coopératif pendant huit ans. Pendant ces années, il alterne différents postes stratégiques et opérationnels, jusqu'à devenir directeur de cabinet du directeur général du Crédit coopératif. « François Dorémus cherchait un directeur de cabinet, m'a repéré et m'a proposé le job. C'était une très belle opportunité que j'ai saisie et dont je le remercie encore aujourd'hui. Nous sommes devenus très amis depuis qu'il est à la retraite », affirme-t-il, reconnaissant.

Selon Stéphane Coste, pour que la relation entre le DG et le dircab marche, « il faut qu'il y ait de la complicité, que les personnalités s'accordent, que l'on n'ait pas besoin de se dire des choses pour se comprendre mais on n'est pas des amis pour autant ».

Ce « sociétaire de la Macif depuis toujours » connaissait la maison car la Macif était partenaire du Crédit Coopératif sur certains sujets. Au moment où François Dorémus part à la retraite, Stéphane Coste s’apprête à changer de poste au sein de la banque, et cela correspond au moment où Jean-Marc Raby réfléchit à une nouvelle organisation et cherche un directeur de cabinet. Les deux hommes se connaissaient dans un cadre institutionnel : « Il savait que j'étais dircab et on avait eu des dossiers en commun, mais c'était un pari tant pour l'un comme pour l'autre ».

En avril 2015, Stéphane Coste quitte donc la banque pour rejoindre l'assurance et le projet de Jean-Marc Raby. « J'ai de l'admiration pour son parcours. Il connaît extrêmement bien les métiers de l'assurance. Il a un parcours très cohérent qui lui donne une légitimité très forte en interne et en externe. Par ailleurs, il est très charismatique et quelqu'un qui est resté très accessible », commente-t-il à propos de son chef.

Stéphane Coste est très matinal, au point de se lever tous les jours aux aurores. De 5h30 à 6h30, il s'accorde une heure qui est très importante pour son équilibre personnel. « J'ai une heure sacrée pour moi pendant laquelle je ne travaille pas, je lis, tout en prenant mon petit déjeuner », dévoile-t-il à voix basse. Il a une petite préférence pour la littérature française du XXème siècle, plus spécifiquement « de Mallarmé jusqu'aux années 1950 », avec quelques auteurs fétiches qu'il connaît sur le bout des doigts : « Une fois que vous connaissez l'oeuvre de quelqu'un, vous vous intéressez à sa correspondance, aux articles qu'il a publiés... Je collectionne les revues littéraires de la première moitié du vingtième siècle... ça fait un peu vieillot de dire ça, mais voilà », assume-t-il. Son auteur préféré ? Il prend deux secondes avant de répondre : « Valery Larbaud », dit-il en soupirant, avec une pointe d'émotion dans la voix.

Il affirme avoir eu « des discussions littéraires avec de grands patrons de l'assurance dont Jean-Marc Raby » et d'autres qu'il nous demande « de ne pas dénoncer dans ce papier ». Pour Stéphane Coste, la littérature « c'est une manière d'être dans un monde qui n'est pas tout à fait réel, dans un monde tel qu'il pourrait être ». La discussion dévient profonde. Il chuchote : « ça m'arrive d'écrire moi-même, mais pas pour publier, je n'ai pas cette prétention pour l'instant... » Silence... « J'aime bien écrire à la main, sur des cahiers, j'écris, j'envoie des lettres à mes amis, des cartes, je prends des notes... », murmure-t-il.

Comme si la littérature ne lui suffisait pas, Stéphane Coste affirme dévorer également des ouvrages de sciences politiques au sens large : de la sociologie, de l'économie, de la gestion... Il est en plus en train de suivre des études au Centre des hautes études en assurances (CHEA).

Des sciences sociales, il en a épousé la méthode. « Je suis bien conscient que l'histoire ne commence pas avec moi-même, c'est le cas personnellement comme professionnellement. L'histoire de la Macif a presque 60 ans. Quand on est sur des transformations, il faut faire le diagnostic de l'existant en regardant ce qui reste utile et ne transformer que ce qui sert les objectifs des sociétaires », dit-il.

Pour Stéphane Coste, « un directeur de cabinet ne doit pas avoir d'amour propre ». Silence. « C'est-à-dire que je suis le directeur de cabinet et je ne suis pas le directeur général. Il ne faut pas qu'il y ait de confusion possible. Je ne remplace pas le directeur général, je le représente au mieux ». Il affirme être « autonome » et décider d'un certain nombre de choses, « mais surtout, par rapport au niveau de conformité au projet de l'entreprise et aux décisions du directeur général ».

« Un directeur de cabinet doit être en première ligne dans le processus décisionnel et dans la protection du dirigeant », explique-t-il. « Il doit libérer en fait le directeur général d'un certain nombre de contraintes du quotidien pour qu'il puisse se concentrer sur les décisions importantes pour l'entreprise et sur la vision stratégique. Finalement, le directeur de cabinet devient utile s'il se met en première ligne pour porter des projets du directeur général et en allant... je ne veux pas dire à la bataille... mais... en allant négocier le consensus autour des objectifs fixés », défend-il.

Fin négociateur

Pour obtenir ce précieux consensus, il sait qu'« il ne faut pas être autoritaire ». Il est plutôt partisan de réorienter ses interlocuteurs, « les inviter à négocier leur point de vue, les convaincre »... « In fine, la décision revient au directeur général, mais il faut l'adapter, la présenter, la communiquer pour qu'elle soit la plus appropriée possible". Cependant, parfois ça lui arrive « d'apporter les mauvaises nouvelles, ça fait partie du job ».

L'aspect du poste qui lui plait le plus c'est son caractère irrégulier. « Il y a toujours un lot quotidien de surprises à gérer du fait des interactions multiples », s'amuse-t-il. Stéphane Coste est dévoué à sa fonction et ça ne le dérange pas de rester disponible en permanence. « Il y a une part de servitude volontaire. Le premier niveau d'exigence est celui que je me fixe moi-même. La séparation entre le privé et le professionnel a un peu moins de sens dans un job comme ça. Je suis très connecté, très vigilant, je surveille en permanence un certain nombre de dossiers », dit-il sans état d'âme.

Par la suite, il souhaiterait avoir des responsabilités opérationnelles, afin de retourner dans une alternance régulière entre du stratégique et de l'opérationnel. « L'opérationnel est très satisfaisant parce que les résultats sont plus rapides à obtenir, plus lisibles, tandis que les objectifs stratégiques sont liés à un processus décisionnel très itératif et ne sont mesurables qu'à long terme », estime-t-il.

Pendant ses vacances, Stéphane Coste se fera un plaisir d'accueillir ses amis en Aubrac afin de leur préparer de petits plats. « J'aime, avec beaucoup de modestie, essayer de m'inspirer des plats que j'ai dégustés dans de bons restaurants. » En effet, la cuisine est une de ses passions. Encore une ! Il n'est pas rare qu'il demande à rencontrer le chef, en fin de service. « Ma meilleure expérience c'est Michel Bras, c'est à 20Km de chez moi, en Aubrac ». Sa spécialité ? « Le gargouillou, son plat emblématique qui contient jusqu'à 65 végétaux différents. J'y suis allé deux fois dans ma vie et c'était extraordinaire ».

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