Stéphane Dessirier : "La transférabilité externe pénalisera les épargnants"
Invité de l'Association nationale des journalistes de l'assurance (Anja), Stéphane Dessirier, directeur général du MACSF fait le point sur la riche actualité du groupe et du secteur. Il fustige notamment la transférabilité externe prévue dans le cadre de la PPL Husson-Montgolfier.
La proposition de loi sur la protection des épargnants portée par Jean-François Husson et Albéric de Montgolfier a passé l'étape du Sénat. Et elle continue d'inquiéter les assureurs. « La transférabilité externe des contrats d'assurance vie va pénaliser la communauté des épargnants, estime Stéphane Dessirier, directeur général de MACSF. Tout simplement parce que chez les assureurs qui accueilleraient ces épargnants opportunistes, la PPE serait diluée, mettant à mal le principe de mutualisation de cette richesse constituée par les épargnants ». Les perspectives ne sont guère plus réjouissantes pour les assureurs qui verraient des flots d'épargnants les quitter. « Nous avons subi un choc obligataire en 2022. Les rachats, s'ils étaient massifs, conduiraient à la vente d'obligations en moins-value », poursuit le dirigeant, qui n'oublie pas l'écueil du financement de l'économie soulevé par France Assureurs.
Et quand bien même cette disposition ne concernerait que les contrats de plus de 8 ans, le directeur général de MACSF rappelle qu'ils pèsent 70% des encours. Au regard du volume que cela représente, « vous aurez forcément des assurés qui rachèteront pour profiter de contrats mieux rémunérés », juge Stéphane Dessirier.
Transparence plutôt que fin des commissions
Le DG se montre également très critique vis-à-vis de la RIS. Ce document consultatif, défendu par la commissaire européenne Mairead McGuinness, prévoit de supprimer les commissions des intermédiaires d'assurance au profit d'honoraires. « Le commissionnement permet à tous les assurés de bénéficier de conseils. Je ne suis pas certain que les plus petits épargnants soient prêts à payer des honoraires pour bénéficier de conseils. En outre, il faut bien prendre en compte le fait qu'en France, quelque 100.000 professionnels sont rémunérés à la commission. Ce type de mesure risque d'avoir des effets néfastes très forts ».
Le patron de l'assureur mutualiste estime que la meilleure réponse est celle de la transparence. Quitte à pousser encore plus loin l'accord de place initié sous l'impulsion du ministère de l'Economie. « Pour des acteurs comme nous qui ne distribuons que via notre réseau salarié, nous pourrions afficher les coûts de distribution », imagine-t-il.
Activité en croissance
Ce rendez-vous avec la presse fut par ailleurs l'occasion pour Stéphane Dessirier de dévoiler quelques éléments sur l'activité de l'exercice 2022. Le groupe affiche un chiffre d'affaires proche de 2,3Mds d'euros en croissance par rapport aux 2,2Mds d'euros de 2021. Cette année, la croissance est largement tirée par l'activité non vie qui frôle les 900M d'euros (contre 711M d'euros en 2021). En assurance vie, la collecte atterrit à 1,4Md d'euros, contre 1,477Md d'euros un an plus tôt. « L'année 2021 fut atypique. Elle bénéficiait d'un effet rattrapage par rapport à 2020. Durant la crise, beaucoup de nos épargnants avaient procédé à des rachats et les versements étaient peu nombreux, explique le dirigeant. Nous pouvons donc considérer que 2022 reste une bonne année en vie".
D'autant plus qu'elle été portée par le bonne dynamique sur les plans épargne-retraite. « Nous avions mis 20 ans pour commercialiser 35.000 contrats Madelin. En deux ans, nous sommes déjà à 60.000 PER », précise Stéphane Dessirier. La mutuelle d'assurance voit par ailleurs son portefeuille de sociétaires grimper de 2 à 3% sur un an. Au final, son résultat net atteindrait 260M d'euros. En légère baisse par rapport à 2021 (265M d'euros). « La sinistralité cat a obéré une partie des résultats. La facture de l'épisode de grêle se situe par exemple entre 15M d'euros et 20M d'euros pour le groupe. Ce qui est particulièrement onéreux ».
Hausses tarifaires en dessous de l'inflation
S'agissant de ses orientations tarifaires, la MACSF reste toutefois en dessous de l'inflation, comme voulu par Bruno Le Maire. Elle affiche ainsi +5% en MRH, +4% en auto, entre +2% et +3% en santé. Pas de hausse en prévoyance.
Les objectifs de CCR Re
Enfin, Stéphane Dessirier est revenu sur la prise de participation du consortium formé avec SMABTP au capital de CCR Re. Le plan prévoit d'atteindre 2,5 milliards d'euros d'activité d'ici 5 ans. « Cela se fera potentiellement par des acquisitions, mais avant tout par la croissance organique », avance le directeur général de MACSF. Le réassureur devra en outre changer de nom. L'accord laisse deux ans aux futurs nouveaux propriétaires.
Orpea, dans lequel MACSF a également pris une participation pourrait, aussi, changer de nom. En attendant, cet investissement « était une nécessité impérieuse pour sauver cette entreprise. Ce n'est pas un investissement pour lequel nous attendons de rentabilité. Elle sera proche de 0 durant les 5 prochaines années », conclut le dirigeant.
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