Thierry Martel : 2018, une « année moyenne » pour Groupama

lundi 11 février 2019
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Thierry Martel, directeur général de Groupama, dresse un premier bilan sur le résultat 2018 de Groupama et sur le démarrage d’Orange Bank et livre son point de vue sur la FFA, le salaire des élus mutualistes et l’assurance agricole.

Année 2018 « moyenne »

Thierry Martel, directeur général de Groupama était l’invité de l’Association nationale de journalistes de l’assurance (ANJA) le 11 février. Sans dévoiler le résultat de Groupama du dernier exercice, il a qualifié de « moyenne » l’année 2018. « Nous avons enregistré un bon premier semestre d’un point de vue technique, suivi d’un deuxième semestre moins favorable, avec des gros sinistres". Malgré ce bilan contrasté, " le résultat net sera assez élevé grâce aux plus-values immobilières, suite à la session de l’immeuble Window à la Défense », affirme Thierry Martel.

A propos de Groupama Gan, après une année déficitaire, l’équilibre sera de retour en 2018. Le plan de redressement technique suit son cours, avec « des ajustements de portefeuille pour redresser les marges », selon Thierry Martel.

Orange Bank, démarrage difficile

Le directeur général de Groupama a également commenté le démarrage laborieux d’Orange Bank, société dont Groupama détient 35% du capital. Groupama compte aujourd’hui environ 500.000 clients bancaires, dont uniquement 200.000 sont actifs. Orange, de son côté, compte environ 225.000 comptes bancaires actifs. Dans un premier temps, Orange Bank avait fait le pari du 100% digital, avec de faibles résultats. « Depuis que le réseau Orange propose la banque de manière systématique, la production est répartie de manière très dynamique. On s’aperçoit que près des deux tiers des comptes  bancaires ouverts via Orange le sont grâce à une relation avec l’agence », indique Thierry Martel. Plusieurs raisons expliquent ce démarrage compliqué. « Il est toujours difficile d’amener le réseau à s’approprier un nouveau métier. Puis, nous avons changé l’IT suite à l’arrivée d’Orange, ce qui a créé des perturbations en termes de qualité de service. Maintenant que les intégrations ont été faites, on retrouve notre rythme de croisière. Depuis le début de l’année, l’activité crédit est en hausse de 25% par rapport à l’année dernière », admet Thierry Martel.

Le directeur général de Groupama indique qu’Orange Bank proposera courant 2019 une nouvelle offre bancaire à destination d’une clientèle plus établie, avec la possibilité d’avoir des conjoints, des cartes avec des options… une offre qui sera commercialisée courant 2019 dans le réseaux d’agences Groupama.

La sur-complémentaire santé se développe

En assurance de personnes, Groupama a de fortes ambitions en assurance retraite et assurance emprunteur. Par ailleurs, en santé, passée la première vague de la généralisation de la complémentaire santé, « nous constatons que l’assurance santé individuelle repart parce que les gens s’aperçoivent qu’ils sont moins bien couverts qu’avant, y compris pour des gens qui sont couverts par l’ANI », indique Thierry Martel. Groupama et le Crédit Agricole continuent à utiliser Agrica comme fournisseur commun en matière d’assurance santé collective, dans le cadre d’une stratégie affinitaire.

La résiliation à tout moment, pas de bouleversement

Thierry Martel a également réagi à la résiliation infra-annuelle des contrats santé, une nouvelle mesure proposée par le gouvernement et qui pourrait entrer en vigueur courant 2020. « La résiliation infra-annuelle, en assurance automobile, a déplacé les dates de résiliation dans l’année, mais cela n’a pas augmenté les volumes. Le taux de résiliation a même baissé suite aux améliorations de la qualité de service. Cela a augmenté les coûts administratifs, bien sûr, mais cela n’a pas bouleversé les choses », minimise Thierry Martel.

Le DG de Groupama a cependant pointé du doigt des effets d’aubaine dont il faut se méfier. « Nous avons connu cela chez nos réseaux : des gens qui augmentent leur niveau de garanties juste avant de se faire refaire les dents et qui reviennent à un niveau plus bas juste après », affirme-t-il.

Le salaire des présidents

Thierry Martel a également réagi à la polémique suscitée par le salaire d’Alain Montarant, président du groupe Macif. « Le principe d’un élu mutualiste est fondé sur le bénévolat. Qu’il soit défrayé et compensé du temps et de l’effort que cela demande, c’est normal. Pour autant, là où le système devient dangereux c’est quand la rémunération en tant qu’élu mutualiste devient prédominante ou indispensable dans l’équilibre du budget personnel », considère Thierry Martel.

La présidence de la FFA

La Fédération française de l’assurance doit élire son président cet été. Est-ce que Thierry Martel soutiendra la candidature de Bernard Spitz ? « Ce ne sera pas une décision individuelle, mais une décision au niveau des familles. Je suis quelqu’un de très discipliné. On débattra et on prendra une décision ensemble », répond-il. Le directeur général de Groupama explique que d’ici fin février les sociétés adhérentes à la FFA décideront si Bernard Spitz sera reconduit ou bien si un processus de recrutement est lancé pour le remplacer.

La nécessaire réforme de l’assurance agricole

Groupama critique depuis des années le système de l’assurance récolte, très subventionnée par les pouvoirs publics, mais insuffisamment mutualisé. La France s’inscrit dans le cadre du dispositif européen, qui est assez contraignant, notamment sur les niveaux de franchise. « Les agriculteurs trouvent que les seuils d’intervention de l’assurance récolte sont trop élevés », affirme Thierry Martel. Faire baisser le niveau des franchises de 25% à 20%, aurait un surcoût d’entre 500 millions et un milliard d’euros, selon le DG de Groupama. Tout dépend du niveau de surfaces assurées. « Des assouplissements ont été prévus au niveau européen, ce que l’on appelle les règles omnibus, qui permettent de baisser les seuils d’intervention et les franchises, mais pour l’instant la France hésite et tergiverse sur la transposition en droit Français », commente Thierry Martel.

Les assureurs peinent à généraliser l’assurance pour parvenir à un bon niveau de mutualisation. « La quantité de surfaces assurées progresse peu et la tendance est à faire de l’anti-sélection, c’est à dire que s’assurent prioritairement ceux qui ont des sinistres », poursuit-il. Thierry Martel pointe également la recrudescence des risques climatiques, qui sont plus fréquents et avec des intensités moyennes. « Les modèles rétrospectifs ne sont pas complètement efficaces pour prédire l’avenir », dit-il. La typologie de sinistre a changé, ce qui a amené Groupama à modifier les modèles de réassurance.

« Nous pensons qu’il faut augmenter les surfaces et mieux mutualiser le risque entre les acteurs, de manière à baisser la volatilité, avoir une meilleure connaissance des risques, mieux partager les données », demande-t-il. Groupama soutiendrait un système « plus flexibles qui permettrait d’avoir des franchises plus basses, avec des subventions plus élevées et plus sûres », indique Thierry Martel, qui discute sur le sujet avec l’Etat depuis des années. La FNSEA, largement majoritaire lors des dernières élections aux chambres d’agriculture, souhaite aller plus loin et plus vite sur le sujet. « Le résultat de ces élections peut faire avancer le sujet », indique Thierry Martel. « Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, ancien ministre de l’agriculture, connaît bien le sujet, mais semble avoir d’autres priorités », observe le DG de Groupama, pour qui le sujet est très politique et s’inscrit dans une politique agricole globale.

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