Thierry Martel (Groupama) : "Nous préparons un nouveau cycle de travail sur 3 ans"

mardi 19 mars 2024
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Devant les journalistes de l’ANJA, Thierry Martel, directeur général de Groupama, a fait le point sur l’activité du groupe mutualiste. Entre assurance agricole, et couverture des collectivités, le dirigeant est revenu sur le nouveau plan à trois ans sur lequel il travaille.

Invité de l’ANJA (Association nationale des journalistes de l’assurance), Thierry Martel, directeur général de Groupama, a fait un large tour d’horizon des sujets qui occupent le groupe mutualiste. D'abord interrogé sur la crise que traversent les agriculteurs ces dernières semaines, le dirigeant explique avoir de « la sympathie pour un sujet compliqué. Même si nous ne sommes pas militants, nous soutenons toutes les causes agricoles », explique-t-il. Et ce dernier de rappeler que l’assurance agricole ne représente qu’« une petite partie de notre activité, environ 1,5Md d’euros sur les 16Mds d’euros de chiffre d’affaire du groupe ».

Encore des obstacles sur le pool

Sur la branche récolte, où Groupama a enregistré fin 2023 un volume total de primes record de 345M d’euros, Thierry Martel a également rappelé que le groupe mutualiste avait été moteur dans la réforme mise en place début 2023. « C’est un bon outil mais qui est améliorable, notamment sur des questions de trésorerie. S’il apporte des réponses efficaces durant les mauvaises années, il reste des faiblesses dans la gestion des flux. La première année, l’agriculteur doit ainsi faire l’avance de 100% de sa cotisation et ne reçoit sa subvention (à 70%) que beaucoup plus tard. Ce sont des règles européennes qui imposent cela. Ensuite, au moment du sinistre, les procédures administratives assez lourdes font qu’il y a un décalage de trésorerie entre le moment du sinistre constaté et l’indemnisation. Là encore, ce sont des décisions à la main des pouvoirs publiques ».

Toujours à propos de la réforme de l’assurance récolte, le DG mutualiste s’est également dit « très confiant » quant à l’aboutissement du pool de co-réassurance actuellement en phase de constitution et dans lequel participe Groupama. « Même si notre objectif est d’être prêts pour les prochains renouvellements, nous ne sommes pas sûrs d’avoir pu lever tous les obstacles, notamment d’ordre concurrentiel, d’ici là », ajoute-t-il.

Difficultés liées aux appels d'offres

Le dirigeant s’est ensuite longuement penché sur les risques liés aux communes et collectivités. « En dommages, nous avions 470M d’euros de primes collectées sur le marché en 2017, il n’en reste plus que 385 aujourd’hui. Le marché à perdu 20% de ces primes ces 5 dernières années », pointe le patron de Groupama. Ce dernier de rappeler ainsi la difficulté liée aux appels d’offres (comme l’expliquait en détails début mars dans nos colonnes Delphine Létendart, la directrice assurances de Groupama). Le dirigeant pointe également une réassurance plus serrée.

Alors que le rapport Chrétien / Dagès sur l’assurabilité des collectivités doit être rendu le 3 avril prochain, le dirigeant précise : « il n’y a aujourd’hui plus de marché et il faut le recréer. Plusieurs options sont sur la table mais l’idée d’un nouveau GAREAT n’emballe personne. Nous attendons que Bercy face des contrepropositions », ajoute-t-il.

Plus volontariste

Avec de nombreuses problématiques (évènements climatiques, inflation, taux d’intérêts, value for money, intelligence artificielle) sur la table, Groupama opère également un virage opérationnel. « Le président Dagès a laissé un groupe sain mais dans des conditions de marché qui se resserrent et où tout le monde tire ses marges », lance ensuite Thierry Martel. Le dirigeant explique ainsi avoir augmenté ses tarifs en 2023 tout en restant en phase avec le marché et indique travailler actuellement sur un nouveau plan pour lui permettre de faire des économies. « Nous devons être plus volontaristes dans nos frais généraux et notre ambition de les maîtriser », lance le directeur général. « Nous préparons ainsi de nouveaux principes inspirationnels à horizon 2030 et un nouveau cycle de travail plus opérationnel sur 3 ans ».

Ce plan, qui devrait être annoncé en juin prochain, doit par exemple permettre d’aligner l’ensemble des caisses régionales du groupe aux standards les plus performants, avec un paramétrage plus collectif des outils et une rationalisation des bonnes pratiques, le tout pouvant être aidé par l’intelligence artificielle.

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