Unsaf : Les audioprothésistes appellent à avancer le 100% santé
Le syndicat d’audioprothésistes Unsaf souhaite modifier les règles du 100% santé en audio. Avancer le calendrier à cet été, relever les planchers de prise en charge, garantir le tiers payant chez tous les professionnels de santé, l’Unsaf formule ses propositions.
L’Unsaf, un des trois syndicats d’audioprothésistes, saisit l’occasion du Ségur de la Santé pour demander une révision des règles du 100% santé.
Les audioprothésistes ont vu leur activité divisée par 10 suite au confinement. « Avec les pédicures-podologues, nous sommes parmi les professionnels de santé qui n’ont pas bénéficié d’aide de l’Assurance Maladie suite à la baisse d’activité. Nous ne leur coûtons pas cher mais nous ne sommes pas aidés. Certains de nos collègues risquent de devoir mettre un terme à leur activité s’ils ne sont pas aidés », déclare Luis Godinho, président de l’Unsaf.
Pour éviter les fermetures de cabinets, le syndicat souhaite « retrouver un niveau d’activité nécessaire ». Pour ce faire, il propose d’accélérer et d’adapter le dispositif du 100% santé. « Le gouvernement doit suggérer aux complémentaires d’avancer le calendrier du 100% santé sur la part complémentaire, initialement prévu au 1er janvier 2021. Comme nous n’avons pas d’aide de l’Assurance maladie, je propose de porter le remboursement des complémentaires à 710 euros dès juillet ou août. Cela permettrait d’éviter les effets d’attentisme », réclame Luis Godinho. Le syndicaliste considère que c’est une question de santé publique, compte tenu du nombre important de personnes âgées qui n’ont pas pu être appareillées depuis deux mois. Il évoque également les économies réalisées par les complémentaires pendant le confinement.
Les deux autres syndicats d'audioprothésistes (Synam et Synea) ne soutiennent pas cette accélération du calendrier. Ils considèrent que prendre une décision pareille début juin pour une mise en oeuvre début juillet, est trop précipité.
Augmenter les planchers de remboursement
En plus, l’Unsaf propose que le remboursement de l’assurance maladie complémentaire soit le même pour tous les équipements, indépendamment de la classe. Aujourd’hui, les équipements de classe 1 concernés par le 100% santé bénéficient d’un remboursement supérieur de la part des complémentaires. L’Assurance Maladie, de son côté, rembourse 350 euros sur tous les équipements en 2020 et 400 euros à partir de 2021. « Aujourd’hui, les patients sont remboursés 950 euros sur le panier 100%, tandis que pour les autres types d’aides auditives, ils ne bénéficient que de 450 euros. Cela trahit la promesse du 100% santé. Si je veux du 100%, je suis bien remboursé tandis que si je veux mieux, je suis mal remboursé. C’est inaudible », estime Luis Godinho.
En troisième lieu, l’Unsaf appelle à relever le plancher de remboursement des patients de moins de 20 ans. Ce plancher est aujourd’hui de 1.700 euros et le syndicat souhaite le porter à 2.000 euros.
Le tiers payant dans tous les cabinets
Par ailleurs, le syndicat demande que le tiers payant généralisé simplifié soit disponible chez tous les audioprothésistes. Aujourd’hui, seuls les patients qui passent par un réseau de soins peuvent bénéficier de la dispense d’avance de frais. « Jusqu’à quand va-t-on tolérer qu’une personne de 80 ans soit envoyée à l’autre bout de la ville, alors qu’elle a un cabinet d’audioprothèse dans sa rue, pour pouvoir bénéficier du tiers payant ? Le secteur de l’audition ne peut plus faire partie des stratégies de différenciation des complémentaires », dénonce Luis Godinho.
En plus, le syndicat souhaite que les médecins généralistes puissent continuer à prescrire des aides auditives pour des patients appareillés pour la première fois. En effet, les médecins généralistes devaient cesser de prescrire à partir du 1er janvier 2020. Ils devaient également suivre une formation continue qui n’a pas été mise en place. L’interdiction de prescrire a donc été repoussée au 1er septembre 2020. L’Unsaf demande un nouveau report jusqu’à fin 2021. « Il faut que les généralistes puissent continuer à prescrire car les ORL sont surchargés après deux mois de fermeture suite au confinement », explique Luis Godinho.
Des règles de bonnes pratiques
Enfin, Luis Godinho demande aux acteurs de la profession (professionnels de santé, organismes complémentaires, assurance maladie) d’adopter des règles de bonnes pratiques pour éviter des pratiques commerciales abusives. Il cite l’exemple d’un smartphone offert pour l’achat d’une prothèse auditive comme une dérive à éviter.
L’Unsaf a également commenté l’avis de la Cnil sur la transmission aux complémentaires des actes détaillés. « C’est un sujet important en optique. Chez nous, nous avons 8 codes regroupés, pas de codes affinés. Nous sommes un secteur extrêmement régulé. Il est fréquent que les organismes complémentaires demandent des documents supplémentaires, comme les audiométries de nos patients. C’est au moins discutable d’un point de vue du secret médical. Dans les faits, l’offre d'aides auditives à prix libre est une offre à prix encadré puisque si le prix médian des aides auditives de classe 2 dépasse 1.600 euros, on va nous imposer des prix limites de vente. De toute façon, nous ne représentons que 10 à 15% des dépenses par rapport à d’autres acteurs comme l’optique ou le dentaire », relativise Luis Godinho.
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