Vandalisme d’œuvres d’art : Assureurs et experts préoccupés
Devant la multiplication des actes de vandalisme sur des œuvres d’art ces dernières semaines, assureurs et experts s’inquiètent des possibles conséquences sur les tarifs des contrats, ainsi que sur les mesures de prévention et de protection.
Depuis plusieurs semaines, les actes de vandalisme sur des œuvres d’art exposées dans des collections permanentes se multiplient partout dans le monde. Du jet de purée sur "Les Meules" de Monet en passant par la sauce tomate aspergée sur les "Tournesols" de Van Gogh ou des mains collées sur "La Jeune Fille à la Perle" de Johannes Vermeer, deux autres tableaux de Goya ont été visés ces derniers jours en Espagne.
Menées par des activistes écologistes, ces actions coup de poing inquiètent en plus haut lieu, au point que Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, a récemment appelé les musées français à se montrer davantage vigilants. « Jusqu’il y a peu, les actes de vandalisme étaient assez rares sur les œuvres d’art. Nous connaissions le « petit vandalisme » pour lequel les auteurs, difficilement identifiables, souhaitaient généralement laisser leur trace. Il peut également y avoir des détériorations de personnes opposées à une œuvre ou à un artiste comme cela a été le cas à plusieurs reprises pour Anish Kapoor par exemple, explique Michel Honoré, directeur technique national vol, fine art et factory chez Sedgwick France. Depuis peu, un nouveau type d’activisme est apparu avec des militants qui se servent des œuvres d’art comme symbole médiatique ».
Pas de dommages
« Si une œuvre est aujourd’hui victime d’une attaque, il est difficile de savoir si cela aura une incidence sur sa valorisation, notamment s’il n’y a pas de dommage. Si la plupart des objets visés sont aujourd’hui protégés (notamment les tableaux de valeur, quasiment tous mis sous verre), il n’est pas interdit de penser qu’une action activiste sur une œuvre puisse participer à son histoire, et faire ensuite monter sa cote », indique pour sa part Philippe Bouchet, responsable d’Arte Generali France.
Néanmoins, face à l’inquiétude grandissante de multiplication de nouvelles actions de ce type sur d’autres œuvres, la question des assurances se pose, qu’il s’agisse de collections privées, de galeries, d’antiquaires, de maisons de ventes ou d’institutions muséales publiques. « En termes d’assurance, les garanties contre le vandalisme ne sont pas rares et font souvent l’objet d’annexes ou de dernières lignes. Ces récentes attaques doivent interroger propriétaires et exposants et les pousser à refaire un point sur l’écriture des contrats. Il ne faut pas oublier que pour certaines œuvres ou certains lieux d’exposition, l’État est son propre assureur », poursuit Michel Honoré. La plupart des œuvres couvertes font aujourd’hui l’objet d’une garantie tous risques, qui peut là aussi couvrir les conséquences de dégradations volontaires. En cas de dommage, l’assureur pourrait alors intervenir à deux niveaux : la prise en charge des frais de restauration de l’objet ainsi que l’indemnisation d’une éventuelle dépréciation de l’œuvre après restauration.Tarifs et prévention
Surtout, face à la multiplication de ces attaques, la question de la protection de ces objets semble devoir être revue. « Il est de la responsabilité des lieux exposant des œuvres à du public et des sociétés de gardiennage de renforcer la surveillance et la prévention face à ce type d’actions, indique Michel Honoré avant de s’interroger. De même, la questions des systèmes de protection des œuvres est en jeu. Mais faut-il vraiment protéger toutes les œuvres avec des système souvent très coûteux... ». « Si d’autres actions de ce type venaient à se multiplier, avec le risque que d’autres œuvres très emblématiques soient visées, cela pourrait avoir un double effet : le renforcement des contrôles de sécurité lors des expositions et une incidence sur les tarifs d’assurance, en fonction de la nature des objets à couvrir », prévient pour sa part Philippe Bouchet. Aujourd’hui, le montant moyen des primes du marché de l’assurance des œuvres d’art peut aller de 0,2 à 0,5% de la valeur de l’objet, avec des capitaux couverts généralement plafonnés.
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