100% santé : Le faible taux de recours en optique interroge
La Sécurité sociale, la Cnam, la Mutualité Française et France Assos Santé reviennent sur le faible taux de recours au 100% santé en optique.
Franck von Lennep, directeur de la Sécurité sociale, dresse un premier bilan sur le 100% santé en optique et dentaire, dans le cadre d’une table ronde de l’association de journalistes de l’information sociale (Ajis). 2020 a été une année atypique sur le plan du recours aux soins de ville. Cependant, des premières tendances se dégagent. Sur l’optique, la part des verres vendus dans le panier 100% santé est de 14% sur l’année 2020. Sur les montures, le recours au 100% santé est de l’ordre de 12-13%, soit des chiffres proches de ceux partagés lors du comité de suivi de septembre dernier. « Ces chiffres prouvent que la réforme a trouvé sa place, même si on peut en attendre un peu plus », indique Franck von Lennep.
Sur le dentaire, fin 2020, environ 53% des soins prothétiques se font dans le panier 100% santé, sans reste à charge pour le patient (en nombre d’actes), en hausse par rapport à fin 2019. Par ailleurs, environ 21% des actes prothétiques se font dans le panier à reste à charge modéré. « En dentaire, nous avons atteint l’objectif de la réforme qui était d’améliorer l’accès aux soins dentaires », selon Franck von Lennep.
Sur l’audioprothèse, le 100% santé est entré en vigueur le 1er janvier 2021 et il est encore tôt pour avoir des tendances. En 2020, avant l’entrée en vigueur de la réforme, 11,5% des aides auditives vendues en France étaient de classe 1, contre 13% fin 2019. « Il est possible qu’à fin 2020, il y ait eu un report de la consommation des assurés, qui ont préféré attendre l’entrée en vigueur de la réforme », indique Franck von Lennep. Le marché des aides auditives a augmenté de 4% en 2020, selon la DSS.
La réforme séduit les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire
« Le 100% santé ne vise pas spécifiquement les assurés précaires, mais 64% des ventes du panier sans reste à charge en optique et 14% en dentaire se font au profit d’un bénéficiaire de la complémentaire santé solidaire », indique pour sa part Julie Pougheon, directrice de l’offre de soins de la Cnam.
Vigilance sur l’optique
Comment expliquer cette différence de taux de recours en dentaire et en optique ? Est-ce que l’offre 100% santé est suffisamment mise en avant par les opticiens ? « Une partie des opticiens peut être tentée d’orienter le public de la complémentaire santé solidaire vers l’offre 100% santé, considérée comme bas de gamme, alors que nous sommes convaincus que c’est une offre extrêmement qualitative. La cible du 100% santé n’est pas l’offre du pauvre, elle doit être ouverte à tout le monde. Il faut que l’adhérent puisse avoir la liberté de choix », indique Albert Lautman, directeur général de la Mutualité Française. « Chez les opticiens mutualistes, le taux de recours au 100% santé s’élève à 20%. Quand on met en avant l’offre, elle trouve son public, au-delà des bénéficiaires de la CSS ».
Marianick Lambert, membre de France Assos Santé, partage les remontées négatives de la part des assurés sur la présentation de l’offre en optique. « On laisse le patient faire son choix et à la fin, il voit apparaître dans le devis l’offre du 100% santé dont on ne lui a jamais parlé. Pire encore, nous avons des remontées de pratiques de dénigrement sur l’offre 100% santé qui est toujours assimilée à une offre bas de gamme ».
Opticiens et dentistes jouent-ils le jeu ?
Le taux de recours en dentaire est en ligne avec les estimations de la Cnam au moment de la négociation conventionnelle, ce qui conduit cette dernière à dire que les dentistes jouent le jeu de la réforme. Le ministère de l’Économie et des finances, via la DGCCRF, mène actuellement des enquêtes au sein des magasins d’optique et d’appareils auditifs, pour vérifier que les professionnels respectent les règles en matière de présentation systématique de l’offre et d’équipements disponibles à la vente. « L’objectif de ces contrôles de la DGCCRF auprès de plusieurs centaines d’opérateurs n’est pas d’aboutir immédiatement à une sanction, c’est de mettre en place des pratiques proactives, d’obtenir que de bonnes pratiques se mettent en place. Par ailleurs, nous allons mettre en place des enquêtes auprès des patients. L’objectif est de permettre le libre choix du patient et pour cela il faut qu’il soit bien informé », indique Franck von Lennep.
Concernant les prix limites de vente, la Cnam a des résultats satisfaisants. Au dernier trimestre 2020, sur les ventes dans le panier 100% santé, dans 0,1% des actes dentaires, 1% des actes auditifs et 0,2% des verres et lunettes sans reste à charge, les professionnels n’ont pas respecté les prix limites de vente, selon la Cnam. « Cela reste marginal et ces chiffres ont baissé tout au long de l’année 2020. On considère donc qu’il y a un bon respect des prix limites de vente par les professionnels ».
L’Assurance Maladie a prévu de faire une campagne d’information grand public sur le 100% santé, lorsque l’épidémie de Covid 19 sera maîtrisée.
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