Agnès Firmin-Le Bodo : "87% de la France est un désert médical"
Agnès Firmin-Le Bodo, ministre chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, réitère l’opposition du gouvernement à la régulation sur l’installation des médecins.
Quatre mois après son arrivée au gouvernement, Agnès Firmin-Le Bodo a été reçue par l’Association des journalistes de l’information Sociale (AJIS). L’occasion pour l’ancienne députée de préciser les missions de son ministère créé de toutes pièces. Elle s’occupe spécifiquement de la problématique de l’accès aux soins et les déserts médicaux. Agnès Firmin-Le Bodo a également été mandatée par Emmanuel Macron pour lancer les débats autour de la fin de vie.
Depuis sa nomination, cette pharmacienne de profession a sillonné la France pour essayer de trouver des réponses aux difficultés que rencontrent les Français pour obtenir une consultation avec un médecin. « 87% de la France est un désert médical. L’organisation des soins à Paris et dans la Nièvre n’est pas la même. L’objectif est d’aller voir dans les territoires, écouter beaucoup et construire avec les professionnels de santé une boîte à outils qui sera mise à disposition des territoires », indique Agnès Firmin-Le Bodo.
Favoriser la voie règlementaire
Les sept ordres des professions de santé réunis au sein du Comité de liaison des institutions ordinales (Clio) ont signé une charte commune le 13 octobre dernier afin d’avancer sur l’exercice coordonné. Pour la ministre, l’enjeu est de dégager du temps médical grâce aux assistants médicaux. Mais aussi par la délégation des tâches à d’autres professionnels de santé. Elle a évoqué l’expérimentation qui doit permettre aux infirmières de signer les certificats de décès, selon une mesure prévue dans le PLFSS. Avec la majorité relative à l’Assemblée nationale, la ministre compte favoriser la voie règlementaire autant que possible. « Tout ne relève pas du législatif, notamment sur les propositions du Clio. Beaucoup pourrait relever du règlementaire », déclare-t-elle.
La ministre participe également aux réunions du Comité national de la Réfondation (CNR) Santé. Environ 300 réunions sont prévues partout en France et dont l’objectif est de trouver des solutions locales d’accès aux soins qui puissent ensuite être répliquées ailleurs.
Faut-il réguler l'installation des médecins ?
Lors de ces réunions, élus et citoyens interpellent souvent la ministre concernant la liberté d’installation des médecins. « Nous sommes contre toute forme de régulation et de coercition parce que ce n’est pas le bon moment. Nous n’avons pas assez de médecins. Ce n’est pas en régulant des médecins que nous n’avons pas qu’on va y arriver. Les personnes qui portent ces mesures étaient au pouvoir il y a 12 ans. Les pays européens et le monde est un désert médical et les pays qui ont pris des mesures coercitives s’aperçoivent que cela ne marche pas », déclare la ministre.
Agnès Firmin Le Bodo a également évoqué les nouvelles aspirations des médecins pour concilier vie professionnelle et vie privée. « A la sortie de la crise sanitaire, nous avons un rapport différent au travail. Il faut 2,8 voire 3 médecins pour remplacer un médecin qui part à la retraite aujourd’hui. On sait que la situation va être très compliquée pendant les 8 à 10 prochaines années », explique-t-elle.
A propos des négociations avec les médecins libéraux dans le cadre de la prochaine convention médicale, la ministre a paraphrasé Thomas Fatôme, directeur de la Cnam : « Dans une logique de droits et de devoirs, nous avons une obligation partagée d’apporter des réponses. Par exemple, il est inacceptable que 657.000 de nos concitoyens en affection de longue durée n’aient pas de médecin traitant », déclare-t-elle.
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