Une commission parlementaire américaine a officiellement sommé la banque centrale (Fed) de lui transmettre des documents sur le sauvetage controversé de l'assureur AIG en septembre 2008, a annoncé mercredi le président de cette commission, Ed Towns.
Les documents en question sont les communications au sein de la Banque de réserve fédérale de New York, la branche régionale de la Fed à l'époque dirigée par l'actuel secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, et "les fiches techniques, y compris les brouillons, relatifs aux paiements d'AIG aux acheteurs de CDS".
Les CDS (Credit Default Swaps) sont des produits d'assurances permettant de se couvrir contre un défaut de paiement d'un tiers, un marché sur lequel AIG a été particulièrement actif, et qui a été en grande partie responsable de sa chute.
"Des questions subsistent concernant les partenaires d'AIG sur les Credit Default Swaps et la raison pour laquelle ces partenaires ont été intégralement remboursés, alors que le mieux qu'ils auraient pu espérer dans un processus de redressement judiciaire était peut-être 30 ou 40% de leur mise", a expliqué dans un communiqué M. Towns, le président de la commission de contrôle et de réforme de l'Etat à la Chambre des représentants.
Ces partenaires, acheteurs de CDS, ont bénéficié du sauvetage d'AIG à l'aide de fonds publics, en plein pic de la crise financière. Ce sont principalement les banques américaines Goldman Sachs, Morgan Stanley et Bank of America, la française Société Générale, la britannique Barclays, et l'allemande Deutsche Bank.
AIG, qui a reçu 121 milliards de dollars au total, doit encore 60 milliards de dollars à l'Etat américain. La procédure prévoit que le pouvoir exécutif, soumis à une telle sommation, puisse invoquer son "privilège" pour ne pas y répondre. Les pouvoirs exécutif et législatif entrent alors dans un processus de conciliation, qui s'il n'aboutit pas, peut déclencher une procédure judiciaire.
Interrogée par l'AFP, la Fed de New York s'est dit prête à fournir certaines informations. "Nous collaborerons avec la commission pour apporter les informations pertinentes comme il se doit", a indiqué une porte-parole.
Le département du Trésor s'est en revanche refusé à tout commentaire. Passé le pic de la crise financière qui a imposé aux autorités américaines d'intervenir en urgence pour sauver les institutions financières qui pouvaient l'être, le Congrès s'est montré particulièrement critique sur le sauvetage d'AIG.
La Commission de contrôle et de réforme de l'Etat cherche par ailleurs à entendre M. Geithner une nouvelle fois. Elle l'accuse d'avoir poussé AIG à dissimuler des informations à la commission des opérations de Bourse américaine (SEC), de manière à ne pas révéler à quels clients irait une partie des fonds publics.
AFP - WASHINGTON, 13 jan 2010
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