Alain Grégoire est président de l'UMIH pour la région Auvergne Rhône-Alpes. Il est également coordinateur UMIH France du groupe de travail sur la perte d'exploitation. A la veille des annonces du gouvernement sur les mesures de soutien au secteur du tourisme, il évoque les attentes des restaurateurs, cafetiers et hôteliers vis-à-vis du secteur de l'assurance.
Qu'attendez-vous du secteur de l'assurance après deux mois de crise ?
Nous avons la chance d'avoir des entreprises d'assurance qui réalisent des résultats prodigieux année après année. C'est une bonne chose. Mais ce que nous attendons des assureurs c'est qu'ils participent à l'effort de solidarité à l'égard des restaurateurs, des cafés ou encore de l'hôtellerie. Dès le 22 mars, lorsque Madame Lustman a communiqué, nous avons rapidement compris la position du secteur de l'assurance. Elle annonçait que la fédération veillerait à ce que les assureurs respectent les engagements des contrats et travaillerait pour limiter les effets d'une prochaine pandémie. Mais les entreprises du CHR ont besoin de moyens pour redémarrer tout de suite. Hors sur nos 85.000 adhérents, 98% ont reçu une réponse négative pour l'indemnisation des pertes d'exploitation. C'est pour cela que nous avons monté un groupe de travail sur ce point précis.
Quels ont été les travaux de ce groupe ?
Nous avons audité les contrats dommages aux entreprises des 15 plus gros assureurs en part de marché. Nous nous sommes appuyés sur des experts pour vérifier les termes des contrats. Et lorsque l'on regarde les contrats un par un, on se rend compte que l'exclusion de la perte d'exploitation sans dommages en cas de fermeture administrative n'est pas si claire que ça chez certains poids lourds. Puis, nous avons évalué le montant des pertes d'exploitation en nous basant sur l'analyse de 25.000 entreprises du CHRD*. En extrapolant au 36.000 bars/cafés, 2.000 discothèques, 115.000 restaurants et 17.000 hôtels de France, nous sommes arrivés au chiffre de 10Mds d'euros de pertes.
Les assureurs affirment pourtant ne pas être en mesure d'assumer la prise en charge de la perte d'exploitation. Que leur répondez-vous ?
Je rappellerai d'abord que le patron de Generali nous avait dit que les contrats étaient clairs chez lui et excluaient la perte d'exploitation en cas de fermeture administrative. Puis, il est revenu sur ses propos pour évoquer quelques centaines de contrats couvrant ce sinistre. J'ai l'impression que les assureurs nous racontent un peu ce qu'ils veulent. Nous avons épluché les rapports financiers des compagnies et je peux vous affirmer que s'agissant de la perte d'exploitation, ce n'est pas une question de pouvoir, mais de vouloir. On ne veut pas être pris pour des pigeons !
Comment les entreprises du CHRD sont-elles impactées par cette crise ?
Les entreprises de nos secteurs sont très durement touchées par cette crise. Il faut savoir qu'en moyenne, la trésorerie d'une entreprise du CHRD est de 28 jours. Fin avril, nous avons constaté 5% de faillite. Les derniers chiffres à notre disposition avoisinent désormais les 10%. Et concrètement, si rien n'est fait pour couvrir les pertes d'exploitation, nos projections prévoient 20% de faillites. Cela représente environ un demi-million de salariés qui perdraient leur emploi.
*Cafés, Hôtels, Restaurants, Discothèques
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