INTERVIEW – Amélie Watelet, DRH d’Axa France, dévoile les grandes lignes de son nouvel accord de télétravail. L’assureur souhaite assouplir l’accès au télétravail et passer de 2 à 3 jours par semaine.
Quels sont selon vous les principaux impacts de la crise sanitaire sur les ressources humaines des entreprises ?
Nous avons basculé d’un marché d’offre d’emplois vers un marché de candidats. Dans le contexte actuel, c’est à l’entreprise d’être attractive, notamment grâce à ses valeurs. Chez Axa France, les gens demeurent fidèles et notre taux de turn-over reste stable autour de 2,9% pour le personnel administratif, y compris sur les métiers très tendus comme le digital et la data. Nous avons prévu 6.000 recrutements dont 3.000 jeunes en 2022.
Les critères des candidats pour vous rejoindre ont-ils changé ?
Il y a une nouvelle dynamique sur le marché de l’emploi qui n’existait pas ces dernières années. Les candidats comme nos collaborateurs sont à la recherche de sens. Les collaborateurs restent notamment dans une entreprise pour la contribution de celle-ci dans la société. Au travers de notre soutien à des associations avec Axa Atout Cœur, Axa France s’engage et permet à ses salariés de s’engager. Plus récemment, nous avons accentué nos engagements en matière d’environnement. Par exemple, nous avons développé la Climate Academy, une formation sur les enjeux climatiques qui a été suivie à ce jour par 75% des salariés d’Axa France. Ces engagements sociétaux et environnementaux contribuent à mieux retenir et recruter des collaborateurs de talent.
Au niveau de l’équilibre de vie, les aspirations des collaborateurs ont-elles évolué ?
Nous répondons aux nouvelles aspirations avec le mode d’organisation hybride, une plus grande flexibilité et un pacte renouvelé autour de la dimension managériale. Nous sommes convaincus qu’on peut conjuguer performance et flexibilité dans la confiance.
Après cette cinquième vague, comment accompagnez-vous vos collaborateurs ?
Au plus fort du pic de la cinquième vague, nous avions autorisé 4 jours de télétravail et un cinquième jour optionnel. Aujourd’hui, nous sommes encore sur un dispositif exceptionnel de 3 jours de télétravail possibles et deux jours obligatoires, ce que nous pérennisons dans le nouvel accord que nous venons de signer. Ce nouvel accord télétravail offre plus de flexibilité à nos collaborateurs. Ils sont demandeurs de télétravail mais souhaitent également se réunir pour cultiver la dynamique collective. Je souhaite que le nouvel accord puisse s’appliquer pour accompagner le retour au bureau après cette cinquième vague.
Quelles seront les nouveautés du nouvel accord ?
L’accord en vigueur qui est actuellement suspendu prévoyait deux jours de télétravail par semaine et deux demi-journées par mois. Tous les collaborateurs devaient venir au bureau de façon obligatoire le mardi ou le jeudi. Dans le cadre du nouvel accord qui sera en vigueur à compter du 1er avril 2022 nous proposons un troisième jour de télétravail par semaine et supprimons les jours de présence obligatoire. Nous avons voulu également ouvrir l’accès au télétravail à toutes nos populations : nouvelles recrues, CDD et alternants et cadres de direction.
Nous souhaitons également introduire des dispositifs particuliers pour accompagner nos collaborateurs à certains moments clé de la vie, tout en préservant le principe de réversibilité du télétravail et une bonne dynamique d’équipe. En résumé, le nouvel accord doit permettre d’élargir l’accès au télétravail, plus de flexibilité dans la sélection des jours et une ouverture à un troisième jour de télétravail, qui répond à une aspiration forte des collaborateurs comme des managers.
Comment allez-vous préserver cette dynamique d’équipe ?
Nous croyons au meilleur des deux mondes. Aujourd’hui, 84% de nos salariés disposent d’un avenant pour faire du télétravail. Nous avions déjà adopté une culture du télétravail et un mode d’organisation agile au travers de l’utilisation de nos espaces de travail. La crise a accéléré la montée en puissance du mode hybride et cette cinquième vague a confirmé que les gens ne veulent pas être à 100% en télétravail mais souhaitent un bon équilibre entre le bureau et la maison.
Avez-vous revu vos pratiques en tant que direction des ressources humaines ?
Nous avons mis en place un accompagnement matériel et managérial autour des bonnes pratiques. Cela contribue à la satisfaction des collaborateurs, selon notre dernière enquête. Nous avons également revu le dispositif d’on-boarding, qui est désormais conçu en mode hybride. Cela permet de nous assurer d’un bon atterrissage.
En l’absence de jours de présence obligatoire, comment allez-vous maintenir une bonne dynamique d’équipe ?
Chaque équipe va trouver sa bonne organisation. Le manager sera chargé de mettre en musique le mode de travail hybride, et de définir éventuellement des jours de présence communs avec son équipe, qui ne seront pas nécessairement le mardi ou le jeudi.
Allez-vous réduire votre surface immobilière ?
Nous avons un programme immobilier pluri-annuel qui se décline dans toutes nos implantations en France. L’objectif est de moderniser et ajuster progressivement nos espaces de travail au mode de travail hybride. Dans chaque site, la direction revoit la conception des espaces de travail Par ailleurs, on est en train de développer des solutions technologiques pour accompagner le smart working. Par exemple, nous mettons en place une application qui permet de gérer la réservation de son espace de travail. Cette organisation de l’espace permet d’anticiper les venues sur site et est une manière de fluidifier l’articulation entre la maison et le bureau.
Comment souhaitez-vous favoriser l’envie des collaborateurs de revenir au bureau ?
Je souhaite renforcer l’expérience collaborateur en entreprise. Ce que l’on offre à nos collaborateurs c’est au cœur du succès du smart working. A titre d’illustration, nous offrons le café à tous les collaborateurs pour les accueillir quand ils viennent au bureau. Les collaborateurs sont bien installés et contents de venir au bureau. L’expérience collaborateur c’est à la fois à la maison et au bureau.
À voir aussi
Clément Michaud : "En assurances collectives, nous pouvons aller plus loin"
Semaine en quatre jours : La Matmut interroge son réseau
SPVie : "Nous nous sommes refinancés à hauteur de 50M d'euros"
Télétravail : Covéa pérennise quelques expérimentations