Assurance dommages : L’inexorable progression des bancassureurs

jeudi 22 décembre 2022
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INFOGRAPHIES - Avec 17% de parts de marché, les bancassureurs progressent sur tous les fronts de l’assurance dommages. Pourtant, ils proposent des tarifs moyens plus élevés que le marché, selon le baromètre 2022 de Facts & Figures.

Les bancassureurs ont encore frappé fort en 2021. Ils ont 17% des parts sur le marché de l’assurance dommages, contre 15,9% un an auparavant. Facts & Figures évalue à 3,6 milliards d’euros, la contribution de la bancassurance dommages aux grandes banques à réseau en France.

Cyrille Chartier Kastler estime que leur potentiel de développement à horizon 5 à 10 ans est deux fois plus élevé. En assurance habitation, ils pourraient atteindre 45% de parts de marché, contre 26% aujourd’hui. En assurance automobile, ils devraient concentrer 35% de l'activité, contre 17% aujourd’hui. Enfin, ils sont susceptibles de peser un quart du marché des multirisques professionnels des entreprises à terme contre uniquement 5% aujourd’hui, d’après les prévisions du cabinet Facts & Figures.

Sur le marché des particuliers, leur croissance organique est de deux chiffres : 13,7% pour Crédit Agricole ; 10,6% pour le Crédit Mutuel, 16,2% pour BPCE et 13,9% pour Société Générale. Sur ce segment des particuliers, les bancassureurs concentrent 21,1% des affaires nouvelles.

Un segment des pros très convoité

Le segment dommages de professionnels et entreprises attire toutes les convoitises. A fortiori, il représente 14,6% des parts du marché de l’assurance dommages mais il concentre à lui seul presque 30% du résultat technique. Le montant élevé des primes, le fort niveau de rentabilité et de commissionnement sur ce segment explique la gronde des agents généraux face à la voracité des bancassureurs.

Les bancassureurs ne couvraient que 5% du marché des pros en 2021 mais les récents accords avec des assureurs (Crédit Mutuel et Allianz) pourraient accélérer leur développement sur ce segment. Les banques se développement notamment sur l’assurance multirisque standard, mais ils sont moins présentes auprès des entreprises ayant un profil de risque plus spécifique.

En assurance automobile, la dynamique de croissance des assureurs dommages est supérieure à 10%, contre 4,7% pour la moyenne du marché. Ainsi, BPCE a enregistré un chiffre d’affaires en progression de 19,6%, Société Générale, une évolution de 16,8%, Crédit Agricole Assurances, de 12,1% et Crédit Mutuel, de 10,3%. La croissance des bancassureurs s’est faite au détriment des mutuelles et, en moindre mesure, des compagnies traditionnelles. Paradoxalement, les mutuelles sans intermédiaire perdent des parts de marché alors qu’elles ont fait le choix de la modération tarifaire, explique Cyrille Chartier-Kastler.

Un positionnement tarifaire paradoxal

Facts & Figures a analysé le niveau d’agressivité tarifaire des différents réseau par rapport à la moyenne du marché. Les assurtech (Leocare et Lovys) offrent des tarifs 15% inférieurs à la moyenne du marché dans 31% des cas. Leur tarif est 29% plus bas que la moyenne du marché. Paradoxalement, les bancassureurs ont une politique tarifaire moins agressive que les mutuelles sans intermédiaire ou les agents généraux. Ils ne proposent des tarifs inférieurs au marché que dans 21% des cas et avec un tarif 18% moins cher par rapport au marché. « Les bancassureurs présentent un tarif moyen 4% supérieur au marché. En revanche, ils ont une politique tarifaire très sélective et très segmenté, ce qui explique leur bon niveau de résultat technique », décrypte Cyrille Chartier-Kastler.

En MRH, la place des bancassureurs est prépondérante. Ils affichent une dynamique de croissance imparable : 11,4% pour Crédit Mutuel, 15,1% pour Crédit Agricole, 17,9% pour BNP Paribas Cardif et 22,0% pour BPCE. Vice-versa, les parts de marché d’Axa et Covéa s’érodent, en raison de leur recherche de rentabilité. Pourtant, dans 46% des situations, le tarif des bancassureurs est en moyenne 35% plus élevé que le marché. Leur positionnement tarifaire moyen est 20% supérieur au marché, en moyenne, soit le plus élevé du secteur. Les mutuelles sans intermédiaire, elles, proposent un tarif 3% moins cher que que la moyenne, tandis que les agents généraux vendent leurs produits MRH 10% plus chers que le marché.

Enfin, sur les risques divers (assistance, protection juridique…), les bancassureurs concentrent à eux seuls 27,5% du résultat technique des risques divers, pour 20,2% du chiffre d’affaires.

Une hausse de tarifs inévitable

Concernant les tendances tarifaires, Facts & Figures se montre pessimiste pour les années à venir. En 2023, tous les contrats vont connaître une majoration forfaitaire de 10 euros au titre du risque climatique. Les acteurs de l’assurance dommages vont appliquer des indexations tarifaires de 3% en raison de la dérive des coûts (inflation, matériaux). Ajoutez à cela entre 3 et 5% d’augmentation au titre des biens exposés aux risques climatiques, toujours selon les prévisions du cabinet de conseil.

Sur les années suivantes, les hausses pourront atteindre 6 à 8% en raison de la dérive des coûts de toute la chaîne de valeur. Cyrille Chartier Kastler pointe la hausse des prix des pièces détachées qui contiennent des éléments électroniques de plus en plus chers. Les assureurs devront également répercuter les augmentations de salaire de leurs salariés, de 4% en moyenne, qui viendront impacter leur niveau de frais généraux. Enfin, les effets de l’inflation galopante que l’on connaît vont se répercuter sur les tarifs des contrats.

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