Assurance/Réassurance : Une frontière de plus en plus poreuse

mercredi 5 septembre 2018
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A l'image du rapprochement, avorté, entre Scor et Covéa, l'année 2018 a été marquée par des regroupements entre acteurs qui avaient jusque-là une relation de client à fournisseur.

En France, les mariages intercodes se multiplient : Aesio/Macif, Matmut/AG2R La Mondiale. Au niveau mondial, ce sont assureurs et réassureurs qui tendent à se regrouper. « La frontière entre réassureurs et assureurs est de plus en plus ténue », constate Marc-Philippe Juilliard, directeur chez S&P Global Ratings.

Les réassureurs avaient déjà orienté une partie de leur stratégie de diversification vers le marché primaire de l'assurance. Avec sa filiale Ergo, Munich Re s'est ainsi installé dans le paysage de l'assurance primaire, notamment sur les risques industriels. Swiss Re ou encore Hannover Re via sa maison-mère Talanx « La pression sur la rentabilité à contraint les réassureurs à la diversifier leurs activités », poursuit Marc-Philippe Juilliard. Même

C'est maintenant au tour des assureurs de s'intéresser aux réassureurs. A ce titre l'année 2018 a été particulièrement riche en annonces. Le mouvement le plus important est à mettre au crédit du groupe Axa qui a annoncé l'acquisition du groupe XL au mois de mars dernier pour 15Mds de dollars. Si la communication a été largement axée sur le renforcement de l'assureur français sur le segment du dommages aux entreprises, le rachat de XL lui permet de se développer en réassurance. Au premier trimestre 2018, XL a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de plus de 2Mds de dollars sur ce segment d'activité.

"Axa revient sur sa stratégie qui l'avait conduit à se porter sur l'assurance de personnes et la gestion d'actifs et à céder ses activités de réassurance impulsée avant la crise financière", analyse Claude Tendil, président de l'Association des Rendez-vous de Septembre.

Plus tôt dans l'année, c'est AIG qui annonçait le rachat de Validus pour 5,6Mds de dollars, après avoir cédé une partie de son portefeuille à Berkshire.

« L'assurance du particulier à un plus grand risque de commodisation que les risques d'entreprise. La distribution très capillaire pourrait évoluer dans les prochaines années avec les changements de comportement de consommation des assurés », explique Taos Fudji senior analyst chez S&P Global Ratings. Autrement dit, le basculement de la propriété vers l'usage réduirait le marché de l'assurance du particulier pour se porter sur l'assurance d'entreprise pour couvrir des flottes automobiles par exemple.

Faire face à la pression à venir sur les marges

La pression sur les marges sur le marché du particulier impose donc au secteur de l'assurance de se réorienter vers les entreprises et plus particulièrement les grands comptes et les grands risques. Les grands réassureurs ont une connaissance très fine des grands risques. « Sur les grands risques, la différence entre l'assurance et la réassurance est fine. Aujourd'hui, les assureurs ont besoin d'élargir leur champ d'action et reviennent à des opérations mixtes », selon Claude Tendil.

Pour un groupe comme Covéa, s'allier avec un réassureur aux lignes de métiers globalisées représente un atout dans le cadre d'un développement hors des frontières de l'Hexagone. « Cela lui permet d'observer la rentabilité des activités dans les différentes zones géographiques », estime Taos Fudji.

Enfin, avoir un réassureur dans le groupe permet de peser dans les négociations par le mécanisme des rétrocessions vers un autre réassureur sur certains risques. C'est la cas du groupe Allianz dont la politique de réassurance est centralisée et pilotée par un réassureur maison.

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