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Assurance vie : Des épargnants inquiets d'un projet d'arrêté gouvernemental

jeudi 19 décembre 2019
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L'Association française d'épargne et de retraite (Afer), l'une des principales associations d'épargnants en France, a fait part mercredi de son inquiétude vis-à-vis d'un projet gouvernemental visant l'assurance vie et susceptible de modifier les règles de calcul des ratios prudentiels des sociétés d'assurances.

Cette réaction intervient au moment où le gouvernement s'apprête à publier un arrêté très technique qui, in fine, permettrait aux compagnies d'assurance vie d'intégrer la provision pour participation aux bénéfices (PPB) dans le calcul de leur ratio de solvabilité, un indicateur crucial mesurant la capacité d'un établissement de résister à d'éventuels chocs.

"L'Afer estime en effet qu'en l'état le projet d'arrêté sur l'intégration de la provision pour participation aux bénéfices (PPB) aux fonds propres des assureurs soulève plusieurs interrogations", a fait savoir mercredi soir l'association dans un communiqué.

En pratique, les compagnies d'assurance vie réalisent des bénéfices en plaçant l'épargne de leurs clients sur les marchés. Elles peuvent toutefois décider de placer temporairement en réserve une partie de ces bénéfices pour faire face à d'éventuels coups durs à l'avenir, ceci afin de garantir aux assurés une certaine stabilité de la rémunération de leur contrat dans le temps et ainsi éviter les effets d'à-coup.

Dans le jargon de l'assurance, ces réserves sont désignées sous l'appellation "provision pour participation aux bénéfices".

Or dans un environnement de taux très bas, voire négatifs, les assureurs sont de plus en plus sous-pression pour rémunérer leurs clients et voient leurs ratios de solvabilité se dégrader.

À titre d'exemple, Crédit Mutuel Arkéa a ainsi été contraint début octobre de recapitaliser sa filiale d'assurance-vie et de prévoyance Suravenir à hauteur de quelque 500 millions d'euros.

Ce qui explique que le secteur de l'assurance a activement milité ces dernières semaine auprès des pouvoirs publics pour que cette PPB puisse être intégrée au calcul des ratios de solvabilité.

Mais les associations voient d'un mauvais oeil cette mesure, qui risque de conduire les compagnies d'assurance à gonfler leurs provisions et, mécaniquement, réduire la rémunération versée aux épargnants.

"La PPB n'appartient pas aux assureurs", a ainsi rétorqué mercredi l'Afer. "Elle appartient aux assurés qui, en quelque sorte, prêteraient ainsi une partie de leur épargne aux compagnies pour renforcer leurs fonds propres et comptablement leur solvabilité", poursuit l'association, émettant par ailleurs "des doutes sur la légalité d'un projet de nature rétroactive".

"Les épargnants en assurance vie dans des fonds cantonnés, à l'image celui de de l'Afer, n'ont pas signé pour que leurs bénéfices, devant être distribués, alimentent les fonds propres des compagnies. Les accords contractuels au sein des associations souscriptrices doivent aussi être respectés", martèle l'association.

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