Bien qu'attendus en hausse en début d'année, les rendements des contrats d'assurance-vie en euros (à capital garanti) pourraient de nouveau s'afficher en baisse en 2012, flirtant désormais avec le taux du Livret A dans un contexte déjà difficile pour l'épargne de long terme.
Depuis le début de l'année, les taux des obligations d'Etat françaises, dont les assureurs sont de grands consommateurs, ont connu une baisse sans précédent, passant de 3,10% environ fin 2011 à 2,10% actuellement pour les titres à dix ans.
Un phénomène qui touche d'autant plus les assureurs qu'ils ont choisi de se désengager massivement de plusieurs pays de la zone euro, notamment l'Espagne ou l'Italie, où les taux étaient assez élevés, pour se recentrer sur la France et rassurer ainsi les marchés et les épargnants.
Dans ce contexte, la baisse des rendements, qui était en moyenne de 3% en 2011, est « anticipée par les uns et les autres », a résumé, fin juillet, le directeur général de CNP Assurances, Antoine Lissowski.
Pour sa part, CNP a indiqué qu'il serait en mesure de proposer, pour 2012, un rendement moyen identique à celui servi en 2011, soit 2,70%.
Même pour les contrats de huit ans ou plus, qui ne sont plus soumis qu'aux prélèvements sociaux, le rendement réel serait donc équivalent à 2,28%, soit quasiment celui du Livret A (2,25%), qui est lui totalement défiscalisé.
« Si des compagnies s'aventurent à annoncer aujourd'hui des taux en baisse, elles prennent sans doute le risque de voir fuir des clients », analyse Gérard Bekerman, président de l'Afer, l'une des principales associations d'épargnants.
A l'opposé, très rares sont ceux qui osent encore faire la promotion de taux garantis, en partie du fait de la réforme de ces taux fin 2010 mais aussi faute de visibilité.
Seuls ING Direct et Generali, traditionnellement parmi les mieux-disants du marché, proposent des rendements garantis de 3,37% et 3,375% respectivement jusqu'à fin 2013. Dans les deux cas, ils sont sensiblement inférieurs aux taux servis en 2011, soit 3,72% (il s'agit en fait du même contrat Generali qu'ING Direct commercialise sous nom).
« On ne sait pas trop quels pourront être les taux définitifs sur 2012, mais on sait qu'ils ne seront pas supérieurs » à ceux de 2011, reconnaît Julien Schahl, responsable des produits d'investissement chez ING Direct France.
Pour autant, ING Direct revendique une stratégie consistant « à continuer de communiquer sur l'assurance-vie » quand la promotion faite autour de ces produits par les assureurs « s'est largement amoindrie », selon M. Schahl.
Ces sombres perspectives s'inscrivent dans un climat déjà morose pour l'assurance-vie, qui a connu une décollecte nette (retraits supérieurs aux versements) lors de 10 des 11 derniers mois, du jamais vu.
Pour Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts & Figures, les assureurs devraient doper leurs taux en puisant dans la PPE (provision pour participation aux excédents), cette réserve qui permet justement de lisser les rendements.
Même s'il a revu à la baisse ses prévisions, il estime que « le marché pourrait servir du 3,10% ou du 3,15% », contre 3% en 2011, grâce à l'utilisation de la PPE.
« De toute façon c'est de l'argent qui appartient aux assurés, pas aux assureurs », affirme-t-il. Pour lui, « cette impulsion fait d'autant plus de sens qu'il est évident que les taux (des obligations) vont remonter en 2013 ».
« Nous nous devons d'être bons sans artifice », fait valoir M. Bekerman, l'Afer ne disposant pas de PPE à la différence de la plupart des assureurs. Il assure néanmoins « qu'il est préférable de briller sur la sécurité du capital par les temps qui courent ».
Paris, 8 août 2012 (AFP)
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